Avec la sécheresse, « on peut s'attendre à des dégâts de sangliers... »

Du fait du confinement, la fédération départementale des chasseurs (FDC) de la Drôme n'a pu tenir son assemblée générale (AG) le 25 avril. Est-elle reportée ? Quels messages y auriez-vous fait passer ?
Rémi Gandy : « Nous l'avons tenue à travers un conseil d'administration, possibilité que nous offrait la fédération nationale des chasseurs (FNC). Une chance, la pandémie nous a laissé le temps de faire nos quatre réunions de secteurs, préparatoires à l'AG. Si elle avait eu lieu, j'aurai délivré plusieurs messages, à l'AG. Notamment de gestion écologiquement responsable du grand gibier, de vigilance sur le sanglier pour un prélèvement permettant une chasse sympathique (???) mais aussi de moindres dégâts aux cultures et moins de collisions avec des véhicules. Sur le Plan loup, même s'il ne nous concerne pas, j'aurais dit que nous continuons nos travaux, en particulier notre enquête auprès des chasseurs, et à sortir des chiffres. Enfin, par dessus tout, j'aurais mis l'accent sur la sécurité à la chasse et la cohabitation que nous prônons. »
Quels impacts a le confinement sur l'activité de la FDC ?
R. G. : « La FDC est fermée, les salariés sont confinés à leur domicile mais joignables par mail et téléphone. Des réunions, manifestations et opérations techniques ont été annulées. Les comptages (estimation des populations de gibiers) ont été commencés mais interrompus. Et des protections contre les dégâts de sangliers aux cultures ne peuvent être mises en place. On avance pas à pas en bonne intelligence avec les services de l'État et le monde agricole. On essaie d'être vraiment vigilants sur les problématiques de faune sauvage et d'y répondre en interpellant les services préfectoraux. On a la chance d'avoir une préfecture qui a autorisé les louvetiers à tirer les sangliers déprédateurs de cultures ; ce n'est pas le cas de tous les départements. »
La pose de clôtures et les tirs de corvidés pour protéger les cultures, l'agrainage pour tenir loin les sangliers sont-ils autorisés ?
R. G. : « Non. Mais nous examinons avec la DDT la possibilité de mesures dérogatoires (conformes au décret de confinement) (je l'aurais mis en bas de note) pour la pose de clôtures et, si besoin, associer des chasseurs à la régulation d'espèces susceptibles d'occasionner des dégâts (ESOD) aux cultures tels que les corvidés. L'agrainage dissuasif des sangliers n'a pas été autorisé dans la Drôme comme en bien d'autres départements. On peut le regretter sur certains secteurs car il maintient les sangliers en haut des massifs. Pour les maïs, tournesols, en particulier semences, nous sommes très vigilants et restons en liaison avec des représentants de la profession agricole. Avec le climat très sec dans les zones forestières, on peut s'attendre à des dégâts de sangliers mais aussi de blaireaux, corbeaux... En cette période de l'année, seuls les louvetiers peuvent intervenir. La chasse doit rouvrir en juin pour les tirs individuels de sangliers en cas de dégâts. Une procédure a été lancée avec la DDT. L'arrêté réglementaire de l'exercice de la chasse 2019-2020 devrait être repris en l'adaptant aux dates(1) de cette année.
Pour ce qui est des estimations de dégâts aux cultures, nous nous conformons au choix de la FNC de ne pas aller sur le terrain et les traitons à distance. Nous demandons des éléments de preuve (photos) aux agriculteurs et leur faisons confiance. Nous attendons le déconfinement : tant que nous n'avons pas les textes, nous ne bougeons pas. »
Quid des autres incidences du confinement sur la FDC, les ACCA (2) ?
R. G. : « L'actuel schéma départemental de gestion cynégétique (SDGC) se termine à la fin de l'année (2014-2020). Une prolongation de six mois maximum est possible si l'élaboration du nouveau SDGC ne peut être menée à son terme avant l'expiration de celui en cours. Le conseil d'administration de la FDC a donc décidé de le prolonger jusqu'au 30 juin 2021. Autre conséquence du confinement, les formations et examens de permis de chasser sont actuellement suspendus. Nous sommes prêts à les redémarrer mais du retard sera pris. La FNC étudie des modalités avec le ministère de l'Environnement.
Pour les finances des ACCA, des problèmes se posent comme le coût des indemnisations des dégâts puisqu'elles les payent en partie. Et on peut s'attendre à davantage de dégâts. En plus, les repas et bals de chasse, ball-traps constituent habituellement d'importantes entrées d'argent pour les ACCA. Or, cette année, leur tenue est annulée ou incertaine. S'ajoutent le coût des droits de chasser dans des forêts domaniales (location), pour certaines d'entre elles, et des difficultés à "recruter" des adhérents extérieurs à leur territoire. Enfin, avec le confinement (je l'ai déplacé ici), je signale que beaucoup de travaux d'entretien de chemins auxquels participent les ACCA ne pourront avoir lieu. Par exemple, les grosses opérations de nettoyage le long du Rhône, de l'Isère, du Roubion, du Lez... »
Propos recueillis par Annie Laurie
(1) Dates d'ouverture et de fermeture pour les différentes espèces chassées.
(2) Acca : association communale de chasse agrée.