La filière équine est la seconde filière agricole la plus touchée par les accidents du travail tant en termes de gravité que de coûts induits. De nombreux professionnels peuvent être concernés : éleveurs, centres équestres, moniteurs d'équitation, haras... « Les séquelles physiques ou les coûts financiers induits pour les entreprises peuvent être très importants », rappelle Caroline Garcon, médecin chef de service en santé et sécurité au travail à la MSA Ardèche Drôme Loire. Entre 2014 et 2016, la caisse a enregistré 91 accidents du travail proprement dits en lien avec la manipulation de chevaux, toutes filières équines confondues. Le plan santé sécurité au travail de la MSA intègre trois domaines distincts : la santé physique et mentale des cavaliers ; l'accidentologie et la connaissance du comportement des chevaux ; la formation et la gestion de la chute en structures scolaires.

Gagner en sécurité

« Les agriculteurs connaissent tous la MSA et notre service mais c'est plus difficile sur la filière équine, rajoute Caroline Garcon. Notre objectif est de réduire la fréquence des accidents et leur gravité. Pour cela, il faut savoir détecter les signaux lancés par le cheval et connaître son comportement car les accidents les plus spectaculaires se produisent avec le corps du cheval à pied, en non sur de la conduite en selle. » Dans cet objectif, une dizaine de professionnels de la filière équine ont participé à une journée de formation proposée par la MSA Ardèche-Drôme-Loire, fin novembre aux Écuries La Syrah à Saint-Péray (07). Animée par Cécile Roussel, comportementaliste équin diplômée de l'université de Rennes et labellisée SFECC, cette journée était centrée sur la relation entre l'homme et le cheval. L'objectif était d'apporter aux professionnels suffisamment de connaissances sur le comportement des chevaux, la maîtrise des règles d'apprentissage et leur manipulation en toute circonstance. Une étape indispensable afin de gagner en temps et en performance mais aussi en sécurité dans leurs activités.

Vigilance et pistes de travail

Les accidents arrivent souvent dans le cadre de petites et simples manipulations avec les animaux : contention, soins, conduite à pied... Pour Camille Roux, responsable de l'Ecurie des Selles à Bourg-lès-Valence (26) et présente à cette formation, une chute à cheval lui a causé une triple fracture tibia-péroné. « Je crois que nous y sommes tous passés », relativise-t-elle.
Chaque participant a pu échanger sur ses expériences, les comportements de leurs chevaux, se donner des conseils ou des avis pour les animaux les plus difficiles à dresser.
De nombreux apports théoriques en éthologie équine ont été exposés, sur les besoins fondamentaux des chevaux, leurs capacités sensorielles et cognitives, en matière de bien-être et mal-être, de savoir-faire et savoir-être pour entretenir une relation de confiance partagée, d'apprentissage sécurisé... « Le cheval est une proie avec un instinct de fuite très marqué, il sera réactif en une fraction de seconde », a rappelé Cécile Roussel.
Des ateliers pratiques ont permis de revoir ou découvrir divers outils d'apprentissage. La gestion des comportements indésirables a été également abordée. Caroline Garcon, quant à elle, voit encore plus loin pour réduire la part de risques : « J'aimerais mettre en place en 2020 des formations sur le débourrage des chevaux en partenariat avec les chambres d'agriculture. Un débourrage bien fait, c'est un cheval sympa tout au long de sa vie ! Nous n'avons que des retours positifs sur ce type de formation ». 
A. L.

Repères  
579 entreprises réunies dans la filière équine en Ardèche, Drôme et Loire : 368 élevages d’équidés, 145 centres d’enseignements sports et d’activités de loisirs et 85 entreprises dont l’activité est liée au sport.
70 % des tâches effectuées par les professionnels de cette filière concernent la manipulation des chevaux (conduite de l’animal à pieds et en selle, contention, soins...).