Avec les soigneurs du Safari de Peaugres

À Peaugres en Ardèche, une équipe d'une vingtaine de soigneurs – 27 cet été dont 8 femmes - deux vétérinaires, dont la directrice, se consacrent à l'élevage de 120 espèces d'animaux sauvages dont certaines en péril. Ici on n'élève pas les animaux uniquement pour attirer le public. Néanmoins, l'équipe du parc animalier doit composer entre ses objectifs de préservation de la faune en péril et les attentes des visiteurs. De plus, tout est mis en œuvre pour assurer la sécurité des animaux et des humains qui viennent à leur rencontre, ainsi que celle des soigneurs.
« La sécurité est notre principale préoccupation. Nous faisons en permanence de la sensibilisation sur ce thème ; nous ne devons pas avoir trop confiance en nos habitudes, un accident est vite arrivé », explique Damien Busset, le responsable animalier, qui se trouve à l'interface entre les soigneurs et les autres services du parc. Une procédure d'alerte est connue de tous. Au cas où un animal qui serait mortel sortirait de son enclos... des protocoles d'urgence, la possibilité de réaliser des tirs anesthésiants sont prévus... l'équipe s'entraîne. Pour ces raisons et pour la coordination du travail, Damien Busset est, la plus grande partie de la journée, suspendu à son talkie walkie ou son portable. « Chaque matin, je lis les rapports établis la veille au soir par les soigneurs, et je fais le tour notamment pour rencontrer les trois qui sont dans le secteur parc voitures et qui se trouvent plus isolés sur de grands espaces, je fais le tri des informations, vais voir les animaux si cela me semble nécessaire et préviens le vétérinaire si besoin. Notre travail est vraiment collectif. Pour moi la difficulté est de recueillir l'information au plus vite ». Les soins, mais aussi le calcul des rations alimentaires sont entrepris en coordination avec le vétérinaire. Il a fallu par exemple faire des recherches pour ajuster la ration du dernier arrivé, un fourmilier géant. Matin et soir, un mélange au mixer (pomme, banane, tourbe, miel, eau) est accompagné de suppléments qui changent au fil de la semaine.
Nettoyage et nourrissage
Damien Busset a grandi dans une station de soins pour animaux en Suisse. Après des études de biologie et une école de soigneur, il a travaillé dans plusieurs zoos, puis intégré le Safari de Peaugres en 2013. Il est primordial pour lui de participer aux EEP (cf encadré). « Nous sommes un des zoos en Europe à mieux reproduire les guépards. On investit du temps dans l'observation et la détection des chaleurs des félins. Il faut passer outre beaucoup de contraintes biologiques pour que le guépard se reproduise en captivité. C'est aussi le cas avec les rhinocéros blancs ». La coordination du travail des soigneurs est de sa responsabilité. « Chacun d'eux connaît plusieurs secteurs du parc, pour éviter la monotonie et donc le danger. Ils doivent ne pas craindre les intempéries et ce métier se solde surtout par du nettoyage – 80 % du temps –, le nourrissage et de petites réparations. Certains effectuent de l'entraînement médical avec les éléphants ou les otaries. On ne joue pas avec les animaux. Et s'il reste du temps, il s'agit de pratiquer de l'enrichissement du comportement, nécessaire pour des animaux en captivité qui n'ont plus à faire d'efforts pour se reproduire, se nourrir, etc . Nous sommes les yeux du responsable animalier et du vétérinaire », souligne Yohann l'un des soigneurs du parc. Il compte parmi les trois soigneurs à intervenir dans les serres où évoluent les reptiles notamment. « Cet après-midi, j'ai effectué le nourrissage à la grenouillerie et au terrarium, ce matin j'étais avec les lémuriens. En ramassant les gamelles, on voit si tout va bien et puis on prépare les rations de fruits et l'on nettoie ».
Dans ce secteur, le soigneur est plus autonome que dans les autres, il organise les nettoyages et nourrissages en intercalant les passages auprès des reptiles nourris plus rarement, d'une fois la semaine à toutes les 4 ou 6 semaines selon les espèces. Yohann se montre à l'aise dans cet univers, il travaille au parc animalier depuis bientôt 4 ans. Toutefois, il ne cache pas avoir un faible pour une autre activité : l'entraînement médical des otaries et des rhinocéros. Un apprentissage afin qu'ils sachent présenter certaines parties du corps pour recevoir des anesthésies en cas de besoin. Rien à voir avec des exercices de cirque, commente Damien Busset.
Louisette Gouverne
80 ha à pied, en bus ou en voiture
Le plus grand parc animalier de Rhône-Alpes permet de voyager au contact de la faune de 4 continents. L’équipe du Safari de Peaugres s’ingénie à transmettre aux 300 000 visiteurs à l’année des valeurs comme la protection de l’environnement, une certaine vision de la vie animale, le respect des êtres et du milieu… La directrice s’affirme la garante de la ligne directrice du parc : « continuer d’en faire un lieu de transfert d’informations et de sensibilisation au monde vivant ». Le parc (chiffre d’affaires de 6,9 millions d’euros en 2015) appartient au groupe Thoiry qui possède bien sûr le parc de Thoiry dans les Yvelines, mais aussi deux autres parcs dont le Bestiaire vivant du Château médiéval du Colombier dans l’Aveyron et plus récemment le Zoo Santo Ináçio au Portugal. La société de capital-investissement Ekkio Capital (tourisme-loisirs) a pris le contrôle de Groupe Thoiry en juillet 2015 par reclassement de titres de la famille fondatrice La Panouse.