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Fertilisation

Azote et bore : savoir évaluer les besoins du tournesol

Comme en témoigne la dernière enquête « Pratiques culturales tournesol » de Terres Inovia réalisée en 2019, les apports d'azote et/ou de bore ne sont pas toujours réalisés à l'optimum pour répondre aux besoins du tournesol. Les conseils de Terres Inovia pour 2020.
Azote et bore : savoir évaluer les besoins du tournesol

Selon une enquête menée par Terres Inovia en 2019, 23 % des tournesols de la région Auvergne-Rhône-Alpes n'ont pas reçu d'azote en 2019. Les impasses, lorsqu'elles sont mentionnées, sont rarement justifiées et, vu le contexte de l'année, elles seront à éviter dans la plupart des cas en 2020. En ce qui concerne le bore, les apports sont plus fréquemment réalisés en Rhône-Alpes qu'en Auvergne où pourtant de nombreuses parcelles sont en situation de risque vis-à-vis d'une carence. Ainsi, sur la région Rhône-Alpes, 65 % des parcelles bénéficient d'un apport de bore alors que seulement 49 % d'entre elles sont situées en terres séchantes ou moyennement profondes. Terres Inovia rappelle les enjeux et les conseils techniques pour raisonner les apports d'azote et de bore sur tournesol.

Azote : l'ajustement des apports au besoin de la culture est un enjeu majeur

Avec des besoins inférieurs à ceux d'autres grandes cultures (hors légumineuses), le tournesol s'est construit une réputation de culture peu gourmande en azote. Il est cependant important de rappeler que ses besoins sont proportionnels au rendement et s'élèvent à 4,5 kg d'azote à absorber par quintal de graines produites. Si dans une majorité des situations, les fournitures du sol contribuent de façon importante à satisfaire ces besoins, il est toutefois nécessaire de raisonner la dose à apporter. Une dose d'apport excessive peut contribuer à provoquer une croissance exubérante avant la floraison, conduisant à une consommation d'eau excessive et inutile, et donc à un épuisement prématuré de la réserve utile en eau du sol préjudiciable à l'élaboration du rendement. Si la fourniture est insuffisante, la productivité mais aussi la marge du tournesol seront pénalisées, et cela pourra contribuer à un appauvrissement du sol à l'échelle du système.

Éviter les impasses d'azote en 2020

Cette année, les reliquats d'azote dans les sols aux semis du tournesol, auront vraisemblablement des niveaux moyens à faibles. En effet, même si les températures douces et l'humidité du sol ont dû favoriser la minéralisation, la pluviométrie hivernale abondante et souvent supérieure à la moyenne (source de fortes lixiviations), sans oublier les très bons rendements en céréales à paille en 2019 sont à l'origine de ces niveaux de reliquats.
Dans ce contexte particulier, il sera nécessaire d'adapter à chaque situation la dose d'azote minéral à apporter au tournesol. Pour la grande majorité des parcelles de tournesol de la région, la dose d'azote conseillée se situera entre 30 et 60 kg N/ ha. La méthode Héliotest (détaillée sur www.terresinovia.fr) pourra être mise en œuvre pour estimer la dose d'azote à apporter dans le contexte de l'année. Cette méthode repose sur l'observation ou non d'une différence visuelle entre une bande de la parcelle fertilisée au semis et le reste de la parcelle. Elle demande donc d'être anticipée au moment du semis.

Privilégiez l'apport d'azote en végétation

L'apport en végétation est préférable à un apport au semis, car les besoins maximaux de la culture se situent entre le stade 10 feuilles et début floraison.
Un apport sous forme solide, en privilégiant la forme ammonitrate et par temps sec avant le stade 14 feuilles, est recommandé pour éviter un risque de brûlure. En cas d'apport d'urée en végétation, un binage dans la foulée est fortement conseillé pour limiter les pertes par volatilisation de l'azote. cliquer ici pour connaître les doses optimales.
En effet, celle-ci peut être très élevée en cas de séquence chaude, sèche et ventée après l'apport, alors que le tournesol est encore peu couvrant.

Dans les cas graves, des crevasses transversales peuvent conduire au cisaillement de la tige et à la chute du capitule.

Bore : une intervention peu onéreuse pour un élément indispensable au tournesol

Dans le Sud de la France, les conditions très chaudes, dès le mois de juin, perturbent souvent l'assimilation du bore et provoquent l'apparition de carences avec des conséquences parfois lourdes : jusqu'à 10 q/ha et 5 points d'huile en moins ! Cet oligoélément est en effet essentiel pour le tournesol qui en absorbe plus de 400 g/ha dont 80 % entre les stades « 5 paires de feuilles » et « bouton floral ». Dans un contexte global de réchauffement, les conditions favorisant les carences sont plus fréquentes, et un apport de cet oligoélément est donc d'autant plus nécessaire !

Recommandations pour 2020

Un apport systématique est recommandé en préventif dans de nombreuses situations du Sud de la France : sols superficiels ou peu profonds (coteaux, boulbène, argilo-calcaires, limons peu profonds, sols filtrants ou sableux...) ; rotations courtes (avec tournesol 1 an sur
2 ou 3) ; mauvais enracinement (sol tassé, travail du sol dans de mauvaises conditions...) ; carence en bore déjà observée par le passé. A noter, un apport de bore après l'apparition des symptômes est inutile, car les effets de la carence sont alors irrémédiables.

Apporter le bore de préférence en végétation car il est mieux valorisé qu'au semis en incorporation.

Apporter 300 à 500 g/ha (en fonction du produit utilisé) de bore sous forme liquide, seul ou couplé avec le fongicide s'il y a lieu, lorsque le tournesol atteint une taille comprise entre 55 et 60 cm au stade limite, passage tracteur. Veiller à apporter au moins 200 l/ha de bouillie. Si toutefois un apport au sol est choisi, apporter 1,2 kg/ha sous forme solide, incorporé à la fumure classique. Incorporé ou pas avant le semis, il peut être réalisé à l'occasion du désherbage. 

Claire Martin-Monjaret – Terres Inovia Contact régional : Alexis Verniau ([email protected])
Pour en savoir plus : Consultez sur www.terresinovia.fr / tournesol les articles : « Privilégier une fertilisation azotée en végétation plutôt qu'au semis du tournesol » et « Fertilisation du tournesol : carence en bore, intervenir préventivement en cas de risque ».