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Démarche territoriale

Baronnies : un projet pour une assiette plus locale

Les chambres d'agriculture de la Drôme et des Hautes-Alpes et le Parc naturel régional (PNR) des Baronnies provençales se sont engagés dans un projet alimentaire territorial. Un PAT visant à rapprocher production et consommation locales.
Baronnies : un projet  pour une assiette plus locale

«Les Baronnies dans votre assiette », qu'est-ce donc ? C'est un projet alimentaire territorial (PAT) dans lequel s'investissent les chambres d'agriculture de la Drôme et des Hautes-Alpes ainsi que le Parc naturel régional (PNR) des Baronnies. Ils ont répondu à un appel à projets (le quatrième) lancé en septembre 2016 par le ministère de l'Agriculture. Les résultats ont été annoncés lors du Salon international de l'agriculture 2017 à Paris : sur les 423 projets présentés, 47 ont été retenus dont celui des Baronnies.

Nina Croizet.
Les PAT s'inscrivent dans le cadre de la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt (du 13 octobre 2014). Ces projets poursuivent un enjeu d'ancrage territorial de l'alimentation. Ils répondent à des objectifs de restructuration de filières agricoles territorialisées, de consommation alimentaire locale et de sécurité alimentaire. Elaborés à l'initiative des acteurs d'un territoire et de façon concertée, ils s'appuient sur un diagnostic partagé faisant un état des lieux de la production agricole locale et du besoin alimentaire exprimé au niveau d'un bassin de vie ou de consommation. Et ce, en termes de consommation individuelle comme de restauration collective.

Le premier PAT de la Drôme

Premier PAT soutenu par le ministère de l'Agriculture à se mettre en place dans notre département, ce projet est porté par la chambre d'agriculture de la Drôme. Celle-ci, souligne Nina Croizet, chargée de mission alimentation et tourisme en son sein, « est impliquée depuis longtemps en faveur du développement d'une alimentation de qualité, rémunératrice pour les producteurs et respectueuse de l'environnement. Elle accompagne des agriculteurs dans la diversification de leurs activités ou à la commercialisation en circuit court, apporte un appui aux collectivités pour la création de marchés de producteurs... Elle s'est donc naturellement engagée dans cette aventure. » Quant au Parc des Baronnies, « les circuits courts et l'alimentation, l'agritourisme, les liens avec les consommateurs sont des sujets qu'il traite depuis une dizaine d'années déjà, rappelle Nina Croizet. Cet appel à projet a permis de ré-enclencher une dynamique de travail sur ce thème. Nous avons réfléchi à trois - le Parc et les deux chambres d'agriculture - sur la manière d'amener, de façon pédagogique, les consommateurs à changer de comportement. »

Deux thématiques d'action

De cette réflexion sont ressorties deux thématiques d'action : comment responsabiliser les consommateurs et augmenter la part des produits locaux dans les assiettes. Pour les mettre en œuvre, deux types de moyens ont été envisagés : un programme éducatif tout public et, parallèlement, un travail avec le commerce traditionnel présent dans le PNR des Baronnies provençales. Le premier se met en place, notamment avec un volet pédagogique dans les écoles primaires et collèges actuellement en cours de rédaction. « Nous espérons qu'il sera prêt pour la prochaine rentrée scolaire », indique Nina Croizet. S'ajoute un projet d'« éductours » à destination de plusieurs publics, à commencer par le personnel des offices de tourisme ainsi que les professionnels de l'hébergement et de la restauration, « qui sont des prescripteurs, précise Nina Croizet. Le projet vise, d'une part, les consommateurs locaux et, d'autre part, les touristes ».
Une autre thématique est envisagée mais pour plus tard : des « food tours ». Un guide qui emmène un groupe de visiteurs à la découverte des produits locaux sur des marchés, dans des restaurants, tel est le principe de ce concept. Côté commerce traditionnel, l'action commencera cet été, par une phase de diagnostic : recensement des produits locaux et analyse de leur place sur les étals. « Nous avons aussi pensé, dans un deuxième temps, à des "business dating", c'est-à-dire des rencontres entre producteurs, commerçants et restaurateurs pour les mettre en relation », indique Nina Croizet.

Des idées à concrétiser

« Frigos pleins » est une autre possibilité d'action, cette fois-ci dans les gîtes : un panier d'accueil des clients rempli de produits locaux. Une autre est à réfléchir avec la Poste, qui pratique déjà le service à la personne. L'idée, là, est que celle-ci pourrait servir de relais logistique dans la distribution de produits locaux auprès de personnes âgées, d'écoles, de commerces. « Nous avons beaucoup d'idées, qu'il faut mettre en place », note Nina Croizet.
Pour l'instant, le comité de pilotage de ce PAT est composé des chambres d'agriculture de la Drôme et des Hautes-Alpes ainsi que du PNR des Baronnies provençales. Mais leur volonté est de l'ouvrir à d'autres partenaires comme les acteurs agricoles du territoire, offices de tourisme, Drôme tourisme(1), les chambres de commerce et d'industrie ainsi que des métiers, collectivités territoriales et partenaires financiers. Le projet devrait se dérouler au moins jusqu'en avril 2019. Les subventions (70 % du montant du projet) sont attribuées pour deux ans. Ce PAT des Baronnies entre dans le cadre du réseau national des projets alimentaires territoriaux, copiloté par l'APCA(2) et Terres en villes(3). L'objectif de ce réseau est de capitaliser des expériences de PAT, les transférer et produire des outils. 

 

Annie Laurie


(1) Drôme tourisme : l'agence de développement touristique (ADT). Elle met en œuvre la politique touristique décidée et pilotée par le Département.
(2) APCA : assemblée permanente des chambres d'agriculture.
(3) Terres en villes : réseau français des acteurs des politiques agricoles et alimentaires d'agglomérations.

 

Les Baronnies et les produits locaux 

L'économie des Baronnies est tournée vers le tourisme vert et l’agriculture, constate Nina Croizet, chargée de mission alimentation et tourisme au sein de la chambre d'agriculture de la Drôme. La plupart des denrées y sont commercialisées dans les filières classiques. Cependant, des agriculteurs ont développé des circuits courts et de proximité avec la volonté de se réapproprier une partie de la valeur ajoutée de leur production. Aujourd’hui, habitants et visiteurs des Baronnies peuvent s’approvisionner en produits locaux auprès de quatre points de vente collectifs, d'un drive fermier, sur vingt-et-un marchés hebdomadaires (dont sept saisonniers) et dans une centaine de fermes pratiquant la vente directe.
« La marge de progression pour développer l’alimentation locale dans les Baronnies ne réside donc pas tant dans la multiplication des outils de commercialisation que dans l’éducation de la population à la consommation locale et la capacité du territoire à faire évoluer les circuits dits “conventionnels” de distribution, observe Nina Croizet. C'est précisément l’enjeu du projet alimentaire territorial. »