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Cuniculture

Beau potentiel pour l'élevage de lapins

La Sica (société d'intérêt collectif agricole) Lapins du Sud-Est (Crest) est à la recherche une dizaine de nouveaux éleveurs pour répondre à une demande traditionnellement soutenue dans la région.
Beau potentiel  pour l'élevage de lapins

Un débouché assuré, une plus-value intéressante, un revenu de 1 500 euros par mois pour 30 heures de travail par semaine pour un atelier de 300 cages-mères. Ce sont en quelques mots les avantages de l'élevage de lapins selon Francis Giraud, éleveur à Saint-Julien-du-Gua (Ardèche), et Frédéric Douce, technicien de la Sica Lapins du Sud-Est. Une précision toutefois : « il faut travailler sur de la production certifiée », selon Francis Giraud, également président de la Sica. En l'occurrence, lui et sa compagne, Hélène, élèvent des lapins « logés grand air » (cages en plein air), « colorés » (lapins au pelage foncé avec des yeux noirs) et « oméga 3 » (nourris avec une alimentation spécifique, entre autres des graines de lin). « Faire du lapin standard, ce n'est pas intéressant », note Francis Giraud. Après 20 ans d'élevage « logés grand air », il a investi récemment dans un système « duo », en fonctionnement depuis le mois de janvier, avec plus de 200 cages-mères. Sa compagne s'est quant à elle tournée vers l'élevage « logé grand air » (des cages installées à l'extérieur) en juillet dernier, après l'acquisition d'une exploitation déjà dédiée à la cuniculture, avec 300 cages-mères.

Francis Giraud a investi 120 000 euros dans son système « duo ».

Deux conduites d'élevage distinctes

L'élevage « duo » se pratique hors-sol, sur deux bâtiments en tunnel, tour à tour consacrés à la maternité et à l'engraissement. Les lapines mettent bas et élèvent leurs lapereaux jusqu'au sevrage. Après le sevrage, ce sont les mères, et non les lapereaux, qui sont déplacées vers le second bâtiment. Le second tunnel se transforme donc en maternité, tandis que le premier devient bâtiment d'engraissement. Les lapins sont menés à l'abattoir quand ils ont entre 70 et 76 jours. En système « logé grand air », l'exploitation se compose d'un tunnel dédié à la maternité et de cages installées dehors. Ici, les mères restent en permanence à la maternité.
Francis Giraud ne cache pas une nette préférence pour le système « duo », dans lequel il a investi 120 000 euros. Cela permet une marche en avant avec la création d'un vide sanitaire d'une semaine. « En logé grand air, le travail est énorme par rapport au duo car on doit sortir les femelles des cages pour les nettoyer, constate-t-il. En duo, on est à l'abri, on peut réguler automatiquement la totalité de l'élevage (ventilation, chauffage, alimentation). Et on travaille dans un endroit toujours propre et désinfecté ». L'éleveur évoque aussi la météo. Il conseille de préférer le hors-sol sur des terrains où les hivers sont froids. Le « logé grand air » correspond mieux à un territoire de plaine, où les conditions climatiques sont plus douces « car on est dehors qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige ». Cependant, Francis Giraud reconnaît que cette conduite d'élevage attire la clientèle : « il y a une attente autour du bien-être animal ».

L'abattoir contraint de s'approvisionner ailleurs

Le débouché est assuré pour les lapins produits par les éleveurs de la Sica Lapins du Sud-Est. La totalité ira à l'abattoir Ribot, à Lapalud (Vaucluse). L'abattoir vend 70 % des bêtes aux GMS, 20 % à des grossistes et 10 % à des détaillants. Au niveau national, de 2000 à 2008, la production a connu une phase montante. Après la crise de 2008 et jusqu'en 2012, la demande a diminué. Aujourd'hui, le marché est en train de reprendre. S'il est sujet à des variations au niveau national, notamment en raison d'une baisse de la consommation de viande, « au niveau régional  la demande est relativement soutenue , explique Frédéric Douce, le technicien du groupement. Dans le grand Sud-Est, traditionnellement, on consomme le double de la moyenne nationale. » A tel point que l'abattoir « est obligé de rentrer du lapin d'autres régions ». Par conséquent, le groupement est à la recherche d'une dizaine d'éleveurs supplémentaires sur le territoire Ardèche-Drôme-Isère. Les éleveurs contractualisent avec la Sica et le fabricant d'aliments Sanders pour une durée de cinq ans. De quoi assurer une certaine stabilité, en atelier de diversification, voire en installation agricole. 

Marie-Charlotte Laudier

 

QUESTIONS À / Frédéric Douce, technicien du groupement Sica Lapins du Sud-Est.

« Un besoin de 6 000 à 8 000 lapins supplémentaires par semaine »

Comment la filière cunicole est-elle structurée ?
Frédéric Douce : « La plupart des éleveurs se réunissent en groupement. Il y a de moins en moins d'indépendants. Cela arrange les abattoirs, qui gèrent leur activité avec des plannings. La Sica Lapins du Sud-Est existe depuis 1999, elle compte 35 éleveurs du quart Sud-Est de la France. Elle fait abattre environ 650 000 lapins par an à l'abattoir de Lapalud. 65 % des animaux du groupement proviennent d'Ardèche, Drôme et Isère. Une interprofession s'est créée au niveau Auvergne-Rhône-Alpes : c'est l'ILGS, l'Interprofession lapin Grand Sud. Cela nous permet d'être représentés au sein de différentes structures. C'est également avantageux pour obtenir des aides et être tenus informés. »

Quels investissements nécessite la création d'un élevage ?
F. D. : « Cela dépend. En logé grand air, c'est moins cher car il y a moins de structures mécaniques. Pour un référentiel de 300 cages-mères, il faut compter autour de 160 000 euros d'investissement dans les bâtiments et l'alimentation. Pour un système “duo”, avec le même référentiel, cela tourne plutôt autour de 180 000 euros. »

Quels sont les besoins de l'abattoir ?
F. D. : « L'abattoir Ribot, avec lequel nous travaillons, voudrait trouver des éleveurs proches de chez lui. Lapalud est située dans le Vaucluse, mais à la frontière avec la Drôme. L'abattoir a demandé au groupement 6 000 à 8 000 lapins supplémentaires par semaine. Ce sont aujourd'hui des besoins qui ne sont pas honorés. L'enjeu est de garder un cahier des charges stable au niveau de la quantité. L'idéal pour l'abattoir serait l'apport supplémentaire de 10 000 lapins par semaine. Le secteur Ardèche-Drôme-Isère est la zone où on attend 80 % de ce développement car elle est proche de l'abattoir. » n