Beaucroissant : une foire de 800 ans et on en redemande

«Ce sera la huit centième officiellement, mais elle devait exister un petit peu avant », reconnaît Georges Civet, le maire de Beaucroissant, quelques jours avant la foire, lors d'une rencontre des partenaires de l'événement. Peu importe le décompte exact. La première date, celle de 1220 est retenue. L'occasion donc de mettre les petits plats dans les grands. « Ce sera un peu plus festif que d'habitude », annonce le premier édile. Les festivités vont être réparties réellement durant les trois jours, même si la journée de l'inauguration, le vendredi, « la journée professionnelle » dans le jargon local, sera certainement celle qui connaîtra le plus d'animation. Car aux déambulations habituelles des élus locaux dans les allées va s'ajouter celle du ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume en personne. Le tantième est rond et le ministre, un voisin. Il aurait été difficile de ne pas l'espérer.
Tâches bénévoles
« Heureusement depuis trois ans, nous avons de nombreux bénévoles qui viennent donner un coup de main », se réjouit Georges Civet. Un soulagement pour lui car la pression sécuritaire est devenue très forte sur ses épaules, comme sur celles de nombreux organisateurs de rassemblement public. Alors, le contrôle des accès, les informations aux visiteurs, de multiples tâches imprévues peuvent leur être confiées en appui de la petite (mais vaillante) équipe municipale composée des élus et des salariés.
Mais pour cette 800e, les habitants s'impliquent davantage. Plusieurs défilés de manants (les habitants de Beaucroissant) vont avoir lieu au cours des trois jours. Ils seront costumés et habillés à l'ancienne. Vendredi matin, samedi soir, dimanche matin, plusieurs séances de défilés auront lieu afin de permettre à chacun soit d'y assister, soit d'y participer. Le samedi soir, seront présents en particulier des anciens qui s'étaient impliqués dans les animations de la foire dans les années 1950 ou 1960. « Il en reste quelques-uns », se réjouit le maire.
Son et lumière
Le vendredi vont avoir lieu plusieurs signatures officielles à la suite de l'inauguration en grande pompe. Mais le point d'orgue des festivités pour les organisateurs est constitué par un film projeté en plein air avec d'anciennes images de la foire, suivi d'un son et lumière sur fond de feu d'artifice. Celui-ci devrait durer 25 minutes et commencer autour de 21 h 45.
Dimanche matin, la conférencière et universitaire Bernadette Larcher évoquera les 800 ans d'existence de la foire lors d'une conférence dans les bâtiments de l'ancienne entreprise MBM.
La Patrouille de France passera deux fois
Les concours de charolais auront lieu le vendredi et samedi mais une parade est prévue le dimanche à 11 heures, « en même temps que le passage de la Patrouille de France, s'inquiète Jean-Marc Vallet, l'animateur de Charolais Sud Est. Nous préviendrons les éleveurs de l'arrivée des avions. » Cette animation, brève mais très honorifique, consistera en deux passages croisés au dessus de la bourgade.
« La foire de Beaucroissant d'automne accueille depuis déjà 24 ans le concours régional », souligne Jean-Marc Vallet. L'an prochain, il pourrait y avoir un bâtiment en dur pour accueillir les animaux, installé sur les emplacements du chapiteau charolais et du ring actuels. La partie cuisine autonome devrait être terminée. « Nous aurons un bail emphytéotique car la mairie est propriétaire du terrain, mais les murs nous appartiendrons », précise l'animateur du syndicat de race.
Agrivillage : les organisations professionnelles
Sous le chapiteau voisin d'Agrivillage, le public pourra retrouver toutes les organisations professionnelles qui ont l'habitude d'occuper les lieux. « Une fresque ludique sur les paysages destinée à susciter les interrogations et la lecture de l'environnement sera proposée aux enfants », explique Jacqueline Rebuffet, présidente de l'association Agrivillage. Un concours de dessin aura lieu à côté de cette animation. Il y aura aussi, et entre autres, un stand sur la méthanisation en agriculture destiné aux plus grands car vingt projets sont en cours en Isère. Enedis, un des partenaires importants de la foire notamment pour installer les réseaux provisoires d'électricité, sera présent allée 2 derrière le poste de secours. Un stand qui peut s'avérer utile pour les demandeurs d'emploi, l'opérateur recrutant de façon forte en ce moment. Il attend les candidats potentiels pour les éclairer sur les postes à pourvoir.
Jean-Marc Emprin
Rencontre / La profession agricole représentée par de nombreux organismes attend le public sous le chapiteau Charolais Sud Est, allée D Bis au sein de l’Agrivillage.
Faites un détour par l’Agrivillage
Des animations sont proposées par les organisations agricoles sur la place de l’Agrivillage, sous le chapiteau Charolais Sud-Est, allée D BisVisiter Agrivillage, c’est rencontrer 21 organisations professionnelles agricoles et forestière ainsi que les acteurs économiques du secteur coopératif, lycées et centres de formation pour adultes, syndicats, structures d’élevage, organismes de santé, banques et assurances. Chacun vous propose de visiter son stand pour découvrir les activités.
Retrouvez également les animations qui vous attendent sur la « Place du Village ».
La méthanisation en questions
Panneaux d’information, maquette, témoignages, toutes les questions sur la méthanisation trouveront réponse à Beaucroissant en 2019. Une quinzaine de projets impliquant plus d’une centaine d’exploitations sont en cours sur le département. On pourra tout savoir sur cette filière porteuse ! Tous les jours.
Animalio : l’animation pédagogique sur l’élevage
Un atelier pédagogique pour les enfants proposera de découvrir l’élevage à travers une fresque représentant un paysage agricole.
Les enfants seront amenés à apposer des éléments qui viendront compléter ou détailler ce paysage et permettront d’aborder les thématiques de l’environnement et du bien-être animal, notamment.
Dessinez votre vision de l’agriculture
Comme chaque année, Agrivillage propose un concours de dessin aux enfants : « Dessine-moi l’agriculture ».

Beaucroissant : « un feu d’artifice de 25 minutes »
Alexandre Gonnin assurera le spectacle du feu d’artifice ce samedi soir à la foire de Beaucroissant. Son rôle d’artificier se rapproche plus du directeur artistique que de celui d’un technicien maniant la poudre.
Son métier est dans l’ombre. Au sens propre comme au figuré. Mais c’est pour mieux faire jaillir la lumière. Alexandre Gonnin est artificier. C’est lui qui assurera le spectacle du feu d’artifice ce samedi soir à la foire de Beaucroissant. Un beau feu certainement, au moins par sa longueur. « Il y a deux ans nous avions fait un feu de 12 minutes. Cette année, il sera de 25 minutes », précise le chef d’entreprise. Si son œuvre va se voir pendant presque une demi-heure, c’est non seulement l’apothéose mais aussi la fin d’un long travail de préparation de presque neuf mois. « Je travaille sur ce spectacle depuis le mois de janvier, et avec mon équipe de manière très intense depuis début août », explique-t-il. Parce qu’un feu d’artifice ne s’improvise pas. « Nous ne fabriquons pas les poudres et les artifices en eux-mêmes, c’est le travail des chimistes, des fabricants. Nous, nous concevons le spectacle ». D’autant plus que ce ne sera pas un banal tir de pétards mais un son et lumière pendant lequel des musiques et les tirs vont se répondre ou coïncider à la seconde près. « Le matériel est très perfectionné, nous entrons tout sur ordinateur. Le soir même, nous n’avons plus qu’à appuyer sur un bouton et la synchronisation se fera au dixième de seconde. Les opérateurs ne sont là que pour assurer la sécurité et faire face à un problème inattendu. La conception se fait avant. Depuis des mois, je choisi les musiques. Ce sont des morceaux qui me plaisent, qui me disent quelque chose par rapport au thème. Après, j’élabore dans ma tête un spectacle visuel. En fait, mon métier est celui d’un directeur artistique. »
Tous les projets l’amènent à se fournir chez les fabricants d’artifice. « Il n’y en a plus que deux en France, ils sont plusieurs centaines en Italie et en Espagne et les plus gros sont en Chine, explique Alexandre Gonnin. Pour recourir aux fabricants français, je n’ai pas souvent les budgets à la hauteur car leur gamme sont très chères. Nous sommes les champions de la réglementation tatillonne, ce qui renchérit les coûts et fait que les étrangers se placent souvent mieux en prix quand il s’agit d’appels d’offres. Mais mon métier est surtout la création et la conception. » Et malgré ce que l’on pourrait croire, les acteurs sont nombreux. Il y aurait même une très grande concurrence, d’après Alexandre Gonnin auprès duquel il est d’ailleurs difficile d’obtenir des détails. « Nous nous observons tous et essayons de tirer des idées des spectacles ou des publications qui peuvent être faites sur nous. Nous restons donc plutôt discrets. »
Aujourd’hui, les réglages sont finis. L’installation du feu se fera samedi et occupera dix techniciens toute la journée. Pour 25 minutes de bonheur.
J-M. E.