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Jeunes installés

Bergerie de la Rouye : la ferme familiale a pris un virage

A Bouvante, Zacharie et Elodie Belle élèvent des vaches allaitantes, des brebis pour la viande, d’autres pour le lait qui est transformé en fromages et yaourts. Une partie des productions est vendue en direct.

Bergerie de la Rouye : la ferme familiale a pris un virage
Elodie et Zacharie Belle ont constitué le Gaec de la Bergerie de la Rouye en fusionnant deux exploitations.

Etre paysan était un rêve d’enfant de Zacharie Belle. Il l’a réalisé en 2016 à Bouvante-le-Bas dans le Vercors en reprenant la ferme de son oncle, Bernard Reynaud, lorsqu’il est parti à la retraite. Dans un temps plus ancien, c’était la ferme de son grand-père.

Zacharie et son épouse, Elodie, la trentaine aujourd’hui, sont tous les deux ingénieurs agronomes de formation. Avant de devenir agriculteurs, ils ont travaillé dans une société comme nutritionnistes pour ruminants, lui dans le quart Sud-Est de la France et elle dans le quart Nord-Est (sa région d’origine). En 2015, en prévision de son installation, Zacharie a suivi une formation accélérée de fromager car il voulait produire et transformer du lait de brebis. Il a d’ailleurs acheté dix brebis lacaunes pour faire des tests cette année-là. En 2016, année où il a repris l’exploitation familiale, il a élevé 50 agnelles et les a mises à la reproduction pour qu’elles produisent du lait en 2017. Ce nouvel atelier est venu s’ajouter aux autres productions de la ferme : un troupeau de 250 brebis préalpes du sud, une dizaine de vaches limousines et des noyers conduits de façon extensive. En 2016 encore, Zacharie a construit une salle de traite et une fromagerie, subventionnées dans le cadre du PCAE*.

La réunion de deux exploitations

Elodie, elle, a d’abord été conjointe collaboratrice avant de reprendre, au début de l’année dernière, l'exploitation et les 30 vaches allaitantes (de races limousine, aubrac et croisées) d’un agriculteur de Bouvante-le-Haut partant à la retraite, René Faure. « Nos parcours à l’installation se sont bien passés, précise Elodie. Nous avons obtenu la dotation jeune agriculteur “zone de montagne”. La conseillère de la chambre d’agriculture, Mathilde Goetz, nous a aidés à optimiser ce à quoi nous avions droit ». 

Ces deux jeunes agriculteurs ont constitué le Gaec de la Bergerie de la Rouye, en avril 2019, en fusionnant les deux fermes. Les petits ruminants sont élevés à Bouvante-le-Bas et les vaches allaitantes à Bouvante-le-Haut (dix kilomètres séparent les deux sites). Toujours en 2019, ils ont embauché un salarié, Mathieu. Les tâches se répartissent ainsi : Elodie s’occupe de la fromagerie, de la vente et de l’élevage ; Zacharie de l’élevage, de la vente et des travaux des champs ; Mathieu est polyvalent.

Vente à la ferme, sur des marchés, en magasins...

Composée de landes, prairies (dont de la luzerne), céréales et noyers, l’exploitation est autonome en fourrage. Et elle est en cours de conversion à l’agriculture biologique (en C2 pour les noix et C1 pour le reste). Si le troupeau de vaches allaitantes conserve le même effectif, « il a vocation à tout passer en aubrac car cette race valorise mieux les landes », signale Elodie. En ovins, sont actuellement élevées 80 brebis mères préalpes pour la production d’agneaux sous label rouge (Agneau de l’Adret) et 120 lacaunes. Avec le lait de ces dernières, la Bergerie de la Rouye fabrique des yaourts, des fromages lactiques mais aussi à pâte pressée et à pâte persillée ; tous sont vendus en direct comme une petite partie des agneaux (proposés entiers, par demi en caissettes ou « façon méchoui »), ainsi que des veaux et génisses, sur commande. Le reste des bovins est commercialisé auprès de négociants et des ovins via une coopérative.

Pour la partie en direct, Elodie et Zacharie vendent à la ferme (de février à septembre, du lundi au vendredi de 10 à 12 heures) et sur les trois marchés (hors période de tarissement, le jeudi à Saint-Jean-en-Royans, le samedi à Saint-Donat-sur-l’Herbasse, le dimanche à Romans-sur-Isère). Leurs produits sont aussi présents dans plusieurs magasins drômois et trois à Paris. Une affaire qui roule…

Annie Laurie

* PCAE : plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles.

Des fromages, des yaourts au lait de brebis et des prix

Des fromages, des yaourts au lait de brebis et des prix
Avec leurs produits laitiers, Elodie et Zacharie Belle ont remporté plusieurs prix dans des concours.

La Bergerie de la Rouye transforme tout le lait de ses brebis lacaunes : en fromages frais nature ou aromatisés (à l’ail des ours, à l’ail et aux fines herbes, à l’échalote, aux cinq baies), bruschetta, fromages mi-affinés, séchons, tommes, yaourts nature, à la vanille, sur lit de fruits (cerise, fraise, abricot, rhubarbe, mirabelle, châtaigne).

Des produits appréciés puisque Elodie et Zacharie Belle ont remporté plusieurs prix dans des concours. A Fromaniac : une médaille d'argent en fromage frais en 2018 ; une médaille d'or en fromage lactique (mi-affiné), une d'argent en crème fraîche et une autre d'argent pour son yaourt bicouche à la châtaigne en 2019. Et aux Fermiers d’or : un deuxième prix en fromage lactique (mi-affiné) en 2020.