Bien choisir ses variétés d’orge 

La précocité de l’orge en fait une espèce à part par rapport au blé ou au triticale. Si pour le blé ou le triticale, le choix variétal est souvent orienté en fonction de la relation précocité épiaison et conditions pédoclimatiques en fin de cycle, la précocité de l’orge permet d’esquiver très souvent le risque de stress hydrique ou thermique en fin de cycle. D’ailleurs, dans les regroupements pluriannuels, les variétés les plus tardives sont bien représentées parmi les variétés les mieux classées, néanmoins une note de précocité épiaison comprise entre 6,5 et 7,5 semble être un bon compromis pour la région. 
En orge fourragère, les caractéristiques agronomiques ont toutes leur importance, d’autant plus que, comme chaque année, l’offre est soutenue. Les critères de recommandation des variétés d’orges d’hiver fourragères sont :
• la productivité (les escourgeons ont souvent un avantage sur ce point).
• Le PS (les variétés 2 rangs sont généralement meilleures dans ce domaine).
• La tolérance à la JNO (jaunisse nanisante de l’orge). Le recours à des variétés d’orge tolérantes à la JNO est un levier très précieux et robuste. En situation de forte infestation de pucerons, la perte de rendement est nettement plus faible que celle des variétés sensibles, mais elle n’est pas nulle. Il reste recommandé de ne pas semer trop tôt ces variétés tolérantes pour éviter les fortes expositions et ce d’autant plus qu’elles n’offrent aucune protection contre la maladie des pieds chétifs.
• La tolérance à la verse (accident assez courant).
• La tolérance aux maladies. Le levier génétique dans ce domaine constitue un atout précieux pour réduire l’utilisation de traitements fongicides.

Orge 6 rangs

Variétés conseillées
Ces variétés sont testées dans nos essais depuis au moins quatre ans et sont régulièrement productives ou possèdent des caractéristiques intéressantes.

• Etincel (Secobra, 2012) : depuis son inscription Etincel était régulièrement parmi les variétés les plus productives dans les essais. Avec l’arrivée de nouvelles variétés elle est maintenant plus en retrait. Son PS et sa teneur en protéines sont dans la moyenne. Etincel est une variété préférée par les malteurs. Etincel est une variété précoce. Son comportement vis-à-vis de la verse se situe dans la moyenne. Sa tolérance globale aux maladies semble s’éroder au fil des années. Etincel voit sa sensibilité à l’helminthosporiose augmenter. Sa sensibilité à la rhynchosporiose est également élevée. La protection vis-à-vis de cette maladie doit être adaptée.

• Tektoo (Syngenta, 2015) : le niveau de productivité de Tektoo est à 101 % de la moyenne sur les 4 dernières années. Son PS est bon, sa teneur en protéines dans la moyenne. 2 à 3 jours plus tardive à épiaison qu’Etincel. La tolérance globale aux maladies est moyenne sans point faible vis-à-vis d’une maladie en particulier. Elle peut être sensible à la verse.
 
• Amistar (KWS Momont, 2013) : avec l’arrivée de nouvelles variétés plus productives, Amistar se positionne avec des rendements légèrement inférieurs à la moyenne depuis 6 ans. Amistar se classe toujours en tête des meilleurs PS parmi les escourgeons. Sa teneur en protéines est dans la moyenne. Variété tolérante à la JNO, précoce à épiaison. Amistar est assez sensible aux maladies, en conséquence la protection fongicide doit être soignée en particulier sur l’oïdium. Elle est également sensible au froid, il faudra être vigilant dans les parcelles en altitude. Même si sa tolérance à la JNO constitue un atout, Amistar est maintenant distancée par les nouveautés et sa sensibilité à l’oïdium constitue un handicap.
Variétés récentes
• KWS Borrelly (KWS Momont, 2018) : depuis son inscription, KWS Borrelly est régulièrement parmi les variétés les plus productives dans les essais. Dans le Sud, elle se positionne à 110 % de la moyenne en 2020. Son PS et sa teneur en protéines sont dans la moyenne. KWS Borrelly est une variété très précoce avec une tolérance globale à la verse dans la moyenne. La nuisibilité des maladies est un peu au-dessus de la moyenne (12,54 q/ha en écart T-NT). Sa sensibilité à l’helminthosporiose nécessite une protection adaptée. Elle est tolérante à la JNO.

• Coccinel (Secobra, 2019) : avec 63,5 q/ha en 2019, Coccinel se situait à 98 % de la moyenne. En 2020, elle affiche de meilleurs résultats à 107 % de la moyenne. Sur les résultats des deux dernières années, elle se positionne donc sur un potentiel égal à légèrement supérieur à la moyenne. Le point faible de cette variété, est sa teneur en protéines qui est inférieure à la moyenne. Coccinel confirme une nouvelle fois un PS parmi les moins bons du regroupement 2020. La précocité épiaison est proche d’Etincel. Elle est globalement peu sensible aux maladies, l’écart T-NT est de 9,4 q/ha. Elle a une tolérance moyenne à sensible à la verse. Coccinel est tolérante à la JNO. Cette variété présente de plus une bonne tolérance au froid.

• KWS Orbit (KWS Momont, 2018) : après deux années très productives, KWS Orbit parait en retrait en 2020 à 93 % de la moyenne. Son PS est dans la moyenne, sa teneur en protéines est en dessous de la moyenne. Variété ½ précoce, 2 jours plus tardif qu’Etincel. Sa tolérance aux maladies n’est pas son point fort (écart T-NT à 14 q/ha parmi les plus élevés). Elle est particulièrement sensible à la ramulariose et à la rhynchosporiose. La tolérance à la verse est bonne.

• KWS Faro (KWS Momont, 2018) :  après deux années très productives, KWS Faro essuie  une contre-performance cette année 2020.  Son PS est parmi les meilleurs des escourgeons. Sa teneur en protéines est faible. Elle est classée variété préférée des malteurs. Variété précoce, 1 à 2 jours plus précoce qu’Etincel et peu sensible à la verse. KWS Faro est assez sensible aux maladies, l’écart T-NT est parmi les plus élevés (16 q/ha).  La productivité de cette variété n’est pas à la hauteur en 2020. Sa protection contre les maladies doit être soignée.
 
• Margaux (Unisigma, 2018 ) : rendements proches de la moyenne depuis trois ans. En 2020, elle atteint 99 % de la moyenne des essais. Margaux a un des meilleurs PS parmi les escourgeons mais cela s’accompagne d’une teneur en protéines inférieure à la moyenne. Variété tolérante à la JNO, demi-précoce à épiaison. Margaux affiche une nuisibilité aux maladies proche de la moyenne  en 2020, l’écart T-NT est de 9,9 q/ha. Elle est néanmoins sensible à la rouille naine et à la ramulariose. Elle a une tolérance moyenne à sensible à la verse. Cette tolérante JNO affiche un potentiel proche de la moyenne depuis trois ans. Ses sensibilités à la verse et aux maladies restent des points de vigilance.

• KWS Jaguar (KWS Momont, 2019) :  variété productive, KWS Jaguar se positionne cette année à 105 % de la moyenne des essais. Sa performance sur deux ans la place un peu au-dessus de la moyenne du regroupement. Le PS est juste au-dessus de la moyenne. La teneur en protéines est juste en dessous de la moyenne. Variété très précoce à épiaison (3 jours plus précoce qu’Etincel). Assez tolérante aux maladies, KWS Jaguar a un écart T-NT de 9,6 q/ha. Sa tolérance à la verse est moyenne à sensible. Cette variété est tolérante à la JNO. Sa tolérance aux maladies couplée au caractère tolérant à la JNO en font une variété intéressante, ses performances ont été confirmés en 2020.

• Rafaela (Limagrain Europe, BE 2014)   : variété productive (106 % de la moyenne sur 2 ans) à 104 % de la moyenne en 2019. PS très faible ce qui constitue son point faible La teneur en protéines est moyenne. Très précoce à épiaison (3 jours plus précoce qu’Etincel). Rafaela est tolérante à la JNO. Sa tolérance globale aux maladies est dans la moyenne (9,5 q/ha en écart T-NT). Assez sensible à la rouille naine et la rhynchosporiose, cette variété est assez sensible à la verse. Bien que très productive et tolérante à la JNO, ses points faibles, PS et sensibilité à la verse, peuvent être rédhibitoires.