Bien conduire les cultures sous serre

« Des cultures d'été bien menées : taille, palissage et irrigation sous abri ». C'était le thème d'une rencontre maraîchère « Bout de champ », le 11 juillet à Saint-Marcel-lès-Valence dans les serres de l'EARL Valla. Différentes cultures (aubergine, poivron, concombre, tomate...) et aussi d'autres sujets ont été abordés car ce type de rencontre est un temps d'information et d'échanges. « Cela permet aux participants de "sortir la tête du guidon", de relativiser les problèmes, de se donner des astuces... », note l'organisatrice, Claire Jaoul, conseillère maraîchage à la chambre d'agriculture de la Drôme.
Palisser pour stabiliser
Le palissage a pour fonction d'assurer la stabilité de la plante et l'expression de son potentiel agronomique. « A chaque maraîcher de trouver le système qui lui convient le mieux », observe Claire Jaoul. Pour l'aubergine, celui qui respecte le plus la plante, la soutient en gardant sa forme est le palissage en bras sur ficelles attachées au fil de culture. Autant de ficelles sont nécessaires que de bras conservés. L'enroulement de la plante autour de la ficelle est déconseillé car la tige d'aubergine est très cassante. Mieux vaut poser des clips pour maintenir la plante à la ficelle. Celle-ci doit être attachée sous une feuille solide de la base, en veillant à ne pas blesser la plante. Pour le palissage en haie, les ficelles doivent être resserrées à la base de la plante mais écartées en haut afin de ne pas trop l'écraser et de laisser pénétrer la lumière dans le végétal.
Pour le poivron, le palissage est couramment réalisé avec des poteaux et ficelles. Mais il présente un risque d'écrasement des plantes et de déformation des fruits. « L'idéal, explique Claire Jaoul, c'est de poser les ficelles en v, avec un écartement s'élargissant au fur et à mesure que la plante grandit. » Parmi les autres techniques figure le treillis à béton (métallique), recourbé et dimensionné à la largeur de la planche de culture. S'il est plus onéreux et volumineux, « ce type de palissage est pratique à poser et à enlever », selon Claire Jaoul.
La taille a des intérêts
Bien que coûteuse en main-d'œuvre, la taille a des intérêts : pour la régularité de production de l'aubergine (éviter des à-coups), une meilleure répartition de la charge sur la plante, la qualité des fruits. Elle permet de limiter le nombre de ceux-ci afin que tous puissent grossir sans affaiblir la plante. Elle consiste à éliminer les axillaires et éventuellement les fleurs multiples (une seule gardée par inflorescence). « Pour l'aubergine, on dit qu'il faut conserver huit fruits par plante », précise Claire Jaoul.
Sur concombre, une taille ainsi qu'un palissage soignés et effectués régulièrement sont un moyen de prolonger la durée de la culture. Ils consistent à donner à la plante une bonne répartition dans l'espace, un accès à la lumière idéal et une charge en fruits régulière pour éviter les avortements et à-coups de production.
Piloter l'irrigation
Souvent, l'irrigation des cultures sous abri est calée sur celle de la tomate, « l'espèce reine » des serres. Mais les besoins en eau sont différents d'une production à l'autre et dépendent des stades phénologiques. En début de culture, ils sont plus élevés pour la tomate que pour le concombre. Pendant la récolte, ils sont les mêmes pour la tomate et l'aubergine, un peu inférieurs pour le poivron et un peu supérieurs pour le concombre.
Claire Jaoul recommande de « ne pas faire de l'empirique » mais de piloter l'irrigation. Cela, en observant l'état d'humidité du sol jusqu'au fond de la zone explorée par les racines (30 à 40 centimètres). S'aider d'une tarière est un moyen simple pour raisonner l'irrigation, si l'on ne dispose pas de sondes de pilotage.
Contrôler les ravageurs
Lors de la visite des serres de l'EARL Valla, un point a aussi et entre autres été fait sur la mineuse de la tomate (tuta absoluta), dont la chenille creuse des galeries dans les tiges, feuilles et fruits. Du fait de ses cycles rapides, elle peut être difficile à contrôler. « Il existe tout un arsenal de traitements efficaces pour lutter contre ce ravageur, explique Claire Jaoul. Mais il est important d'intervenir dès les premiers dégâts (observation de la culture et pose de pièges pour détecter la présence du ravageur), ainsi que de veiller à la prophylaxie (évacuer et détruire les feuilles minées et fruits attaqués). » Les traitements chimiques sont à pratiquer avec prudence en raison des risques de résistance. Il est conseillé de privilégier les traitements à base de bacillus thuringiensis, homologués en agriculture biologique et compatibles avec les lâchers d'auxiliaires. Ces lâchers d'auxiliaires (macrolophus pygmaeus, trichogramma achaeae) et le piégeage de masse constituent d'autres moyens de lutte.
L'EARL VallaL'EARL Valla, à Saint-Marcel-lès-Valence, se compose de Jean-Michel, Franca et leur fils Frédéric. Antoine, autre fils, projette de les rejoindre à l'issue de ses études d'ingénieur agronome. Sur cette exploitation, sont cultivés 85 hectares dont 20 d'arbres fruitiers, 1 de légumes sous abri (27 serres de tomates, courgettes, aubergines, poivrons, haricots...) et 2 de plein champ (poireaux, choux...), des fraisiers, le reste est en céréales. Quatre permanents et 20 à 25 saisonniers sont employés.
Une partie des fruits et légumes est vendue en direct (à la ferme, sur des stands, marchés, en magasin de producteurs). L'autre l'est à des metteurs en marché (gros et demi-gros). Pour des raisons de temps et d'organisation du travail, indique Frédéric Valla, la part des cultures de légumes va être réduite.