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Assolement

Bien conduire sa culture de sorgho

En 2016, la culture de sorgho a subi de plein fouet la sécheresse et les amplitudes thermiques du mois d’août après un printemps assez difficile pour l’implantation. Les rendements ont été impactés. Espérons que l’année 2017 soit plus clémente.

Bien conduire sa culture de sorgho

Le sorgho est une culture exigeante à l'implantation. La taille de sa graine et ses besoins en température nécessitent donc une préparation soignée (lit de semence fin) et un sol réchauffé (la température du sol doit être supérieure à 12 °C). De fait, la période optimale de semis se situe autour de fin avril pour les zones du sud de la Drôme jusqu'à mi-mai pour les situations où les sols se réchauffent plus lentement.

Densité de semis

La densité de semis est un élément primordial pour la réussite de la culture. Les semoirs monograine sont à privilégier mais les distributions électriques des semoirs à céréales récents offrent des performances équivalentes. Les essais de 2016 sur le sujet ont montré qu'il n'y a pas plus de perte à la levée avec les semoirs à céréales à paille. Mais il faut avoir des roulettes de rappui pour être certain que le contact sol-grain soit assuré. Semer à 12 cm d'écartement n'impacte pas le rendement mais limite l'utilisation des outils de désherbage mécanique. L'utilisation d'un semoir monograine ou à céréales à paille se réfléchit donc en fonction de l'organisation du matériel sur l'exploitation et de la pression adventice. La densité de semis dépend de plusieurs facteurs. La précocité à l'épiaison de la variété conditionne fortement le nombre de grains à semer. Plus une variété est précoce, plus faible est l'indice foliaire et le nombre de grains sur sa panicule. En conséquence, pour maximiser les composantes du rendement, les plus précoces nécessitent des densités de culture plus élevées que des variétés plus tardives. Le fort développement d'une variété tardive et son fort potentiel de grains par panicule permettent de viser de faibles peuplements (200 000 plantes/ha). La densité de semis dépend aussi de la réserve hydrique qui dépend à la fois du type de sol et de la capacité d'enracinement de la culture. En conditions séchantes, les peuplements élevés favorisent une forte production de biomasse précoce (tiges et feuilles) et exagèrent la concurrence entre plantes. Des évapotranspirations et compétition excessives accélèrent l'épuisement de la réserve en eau pénalisant souvent la formation des grains dès l'épiaison. En situation irriguée ou dans les milieux à forte réserve en eau, la densité de peuplement est valorisée. Des peuplements plus élevés permettent de maximiser les composantes de rendement. Dans tous les cas, il faut tenir compte aussi d'un taux de perte à la levée de 15 à 20 %. Le tableau 1 résume les objectifs de densité de semis à respecter selon les conditions hydriques, les types de sol rencontrés et le choix de la variété semée. La capacité d'adaptation du sorgho au stress hydrique est bien connue. Cependant, elle a des limites qui ont été bien mises en évidence ces dernières années. Des différences de l'ordre de 40 q/ha ont été obtenues entre des cultures irriguées et des conduites en sec.

Variétés de sorgho grain

Dans le groupe de précocité des variétés précoces et demi-précoces, la relation entre le rendement et la précocité est assez claire. Les variétés tardives sont toujours les plus productives. En 2016, deux variétés ont été inscrites.
ES Monsoon (Euralis) arrive en tête.
Arcane (Semences de Provence) est la seconde nouveauté. Elle présente un potentiel dans la moyenne des autres variétés observées depuis 4-5 ans :
ES Foehn, RGT Huggo, Armax, ES Passt. Les variétés tardives et très tardives ont un niveau de productivité supérieure. Elles expriment d'autant plus ce potentiel lorsque l'accès à l'eau et à l'azote est non limitant. Aucune variété n'a été inscrite l'année passée. Les références techniques restent donc toujours les même : Arizona, Anggy, Fuego CS et RGT Gabby.

Grâce à son aptitude à puiser l’eau dans le sol, le sorgho a également une grande capacité à y prélever l’azote minéral.

Fertilisation azotée

Grâce à son aptitude à puiser l'eau dans le sol, le sorgho a également une grande capacité à y prélever l'azote minéral. De ce fait, les apports d'azote par les engrais peuvent être modérés. L'azote contribue essentiellement à la détermination du nombre de grains par panicule, il faudra donc l'apporter impérativement avant le stade gonflement (formation des gamètes - 12 feuilles). En sol filtrant ou superficiel, pour limiter les pertes, éviter des apports précoces avant 6 feuilles. Dans les autres situations, en sec, un seul apport au semis est suffisant ; en irrigué, un 1er apport au semis suivi d'un 2e apport avant la 1ère irrigation (au plus tard 10-12 feuilles).
Désherbage : objectif propreté en un passage !
Le sorgho est extrêmement sensible à la concurrence des adventices. Les solutions de désherbage chimiques peuvent se révéler insuffisantes, c'est pourquoi il faut bien veiller à :
- semer sur une parcelle propre (ne pas hésiter à faire des faux semis),
- s'assurer la bonne homogénéité de la levée et du recouvrement rapide de l'inter-rang,
- ne pas hésiter à mettre en œuvre des techniques de désherbage mécanique.
Les évolutions récentes du catalogue des usages ouvrent désormais le recours à un certain nombre de produits qui n'étaient jusqu'alors restreints qu'au maïs. Toutefois, il faut bien veiller à ce que les doses et le(s) stade(s) d'application soient bien sélectifs de la culture. Pour plus d'information sur les restrictions d'usage et les recommandations, vous pouvez vous reporter au dépliant sorgho d'Arvalis 2016.

Thibaut Ray –
Arvalis-Institut du végétal