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Sorgho

Bien conduire une culture de sorgho

Rhône-Alpes, et plus particulièrement la Drôme, reste une des principales régions de production de sorgho même si ces surfaces s’érodent depuis quelques années. En 2015, la culture a subi de plein fouet la sécheresse et les amplitudes thermiques, les rendements ont été impactés. Quelques conseils techniques pour réussir une culture de sorgho.
Bien conduire une culture de sorgho

Le sorgho est une culture exigeante à l'implantation. La taille de sa graine et ses besoins en température nécessitent donc une préparation soignée (lit de semence fin) et un sol réchauffé (la température du sol doit être supérieure à 12 °C). De fait, la période optimale de semis se situe autour de fin avril pour les zones du sud de la Drôme jusqu'à mi-mai pour les situations où les sols se réchauffent plus lentement.

Densité de semis

La densité de semis est un élément primordial pour la réussite de la culture. Les semoirs monograine sont à privilégier. Mais les distributions électriques des semoirs à céréales récents offrent autant de précision et de rappui, avec l'avantage d'offrir une architecture du peuplement plus propice à concurrencer les adventices. La densité de semis dépend de plusieurs facteurs : la précocité à l'épiaison de la variété et la réserve hydrique. La précocité à l'épiaison conditionne fortement le nombre de grains à semer. Plus une variété est précoce, plus faible est l'indice foliaire et le nombre de grains sur sa panicule. En conséquence, pour maximiser les composantes du rendement, les plus précoces nécessitent des densités de culture plus élevées que des variétés plus tardives. Le fort développement d'une variété tardive et son fort potentiel de grains par panicule permettent de viser de faibles peuplements (200 000 plantes/ha). La réserve hydrique dépend à la fois du type de sol et de la capacité d'enracinement de la culture. En conditions séchantes, les peuplements élevés favorisent une forte production de biomasse précoce (tiges et feuilles) et exagèrent la concurrence entre plantes. Des évapotranspirations et compétitions excessives accélèrent l'épuisement de la réserve en eau pénalisant souvent la formation des grains dès l'épiaison. En situation irriguée ou dans les milieux à forte réserve en eau, la densité de peuplement est valorisée. Des peuplements plus élevés permettent de maximiser les composantes de rendement. Dans tous les cas, il faut tenir compte aussi d'un taux de perte à la levée de 15 à 20 %. Le tableau 1 résume les objectifs de densité de semis à respecter selon les conditions hydriques, les types de sol rencontrés et le choix de la variété semée. La capacité d'adaptation du sorgho au stress hydrique est bien connue. Cependant, elle a des limites qui ont été bien mises en évidence ces dernières années. Des différences de l'ordre de 40 q/ha ont été obtenues entre des cultures irriguées et des conduites en sec.

Variétés de sorgho grain

En variétés très précoces, armorik est la variété la plus tardive de la série, mais c'est également celle qui présente la plus grande régularité dans les résultats depuis trois ans. C'est une valeur sûre. Arsky, bien que légèrement moins productive, est également intéressante, en apportant de la précocité pour les zones avec un peu moins d'offre de température. Enfin, legoo, malgré des performances dans la moyenne des autres variétés, mérite d'être mise en avant pour ces bons résultats pluriannuels. Dans le groupe des variétés précoces et demi-précoces, la relation entre rendement et précocité est assez forte. À ce petit jeu, ce sont les variétés les plus tardives qui ressortent en tête sur le seul critère de la productivité (ES samiel, ES passat, ES foehn, RGT huggo, armax). Aggyl est également dans ce groupement de tête, mais apporte un peu plus de précocité. Tout comme en 2014, l'effet tardiveté n'est pas net sur les variétés tardives et très tardives sur les essais 2015. Arizona est une nouveauté qu'il faut surveiller. Bien que tardive, elle a été la meilleure dans les situations restrictives en intrants (azote et eau) mais aussi en situation optimale. ES boreas (nouveauté également) est à réserver aux zones à haut potentiel. Le reste des variétés de tête est composé de anggy, fuego CS et RGT gabby.

Fertilisation azotée

Grâce à son aptitude à puiser l'eau dans le sol, le sorgho a également une grande capacité à y prélever l'azote minéral. De ce fait, les apports d'azote par les engrais peuvent être modérés. L'azote contribue essentiellement à la détermination du nombre de grains par panicule, il faudra donc l'apporter impérativement avant le stade gonflement (formation des gamètes - 12 feuilles). En sol filtrant ou superficiel, pour limiter les pertes, éviter des apports précoces avant six feuilles. Dans les autres situations : en sec, un seul apport au semis est suffisant ; en irrigué, un premier apport au semis suivi d'un deuxième avant la première irrigation (au plus tard 10 à 12 feuilles).

Désherbage : objectif propreté en un passage

Le sorgho est extrêmement sensible à la concurrence des adventices. Les solutions de désherbage chimique peuvent se révéler insuffisantes, c'est pourquoi il faut bien veiller à : semer sur une parcelle propre (ne pas hésiter à faire des faux semis), s'assurer de la bonne homogénéité de la levée et du recouvrement rapide de l'inter-rang ; ne pas hésiter à mettre en œuvre des techniques de désherbage mécanique. Les évolutions récentes ouvrent désormais l'usage d'un certain nombre de produits qui n'étaient jusqu'alors restreints qu'au maïs. Toutefois, il faut bien veiller à ce que les doses et le(s) stade(s) d'applications soient bien sélectifs de la culture. Pour plus d'informations sur les restrictions d'usage et les recommandations, vous pouvez vous reporter au dépliant sorgho Arvalis 2016. 

 

Thibaut Ray - Arvalis-Institut du végétal