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Grandes cultures

Bien gérer l’irrigation du maïs

Les épisodes pluvieux conséquents de ces dernières semaines ont eu pour avantage de recharger complètement les réserves du sol, ce qui devrait autoriser un début de cycle cultural sans stress hydrique. Néanmoins, il faut se préparer pour la campagne.

Bien gérer l’irrigation du maïs
Le maïs a des besoins maximums en eau sur les 40 jours qui encadrent la floraison. C’est sur cette période qu’il faut concentrer l’eau disponible. ©Arvalis

Les essais ont montré qu’un maïs pouvait attendre jusqu’à 12 feuilles avant de lancer l’irrigation, à condition qu’elle soit ensuite conduite à un rythme soutenu. D’où la question du début de l’irrigation à 10 feuilles, de façon à ce qu’elle soit bien démarrée, si besoin, au stade 12 feuilles. Depuis 2015, la demande climatique a été très élevée dès le début de la période de sensibilité au stress hydrique du maïs, d’où l’importance de bien gérer cette phase de démarrage de l’irrigation. Ce stade est atteint quand la 10e feuille est visible sur la moitié des pieds. Sont comprises dans les 10 feuilles : la feuille arrondie à la base ; les feuilles complètement déployées dont la ligule est visible, les feuilles dans le cornet non complètement déployées. Faire quelques comptages du nombre de feuilles sur chacun des rangs d’un même semoir : choisir 10 plantes consécutives sur un rang représentatif du stade dominant.

Privilégier la phase sensible

Le maïs a des besoins maximums sur les 40 jours qui encadrent la floraison.
Si l’on est dans un contexte de ressource en eau limitée, c’est sur cette période qu’il faut concentrer l’eau disponible, en comptant sur les orages d’été pour finir d’accompagner le grossissement des grains. Cette logique peut trouver ses limites si les orages du mois d’août ne sont pas au rendez-vous. Les essais d’Arvalis montrent qu’avec une campagne très sèche, maintenir le rythme d’irrigation en diminuant la dose à chaque passage est plus rentable que de consommer un volume fini et en sacrifiant la phase de remplissage.

Méthode de pilotage de l’irrigation

Arvalis-Institut du végétal propose des règles simples à observer pour faciliter la prise de décision à partir du suivi précis des stades de la culture, de la connaissance du type de sol et du niveau de sa réserve en eau. Le niveau de la réserve en eau peut être apprécié avec la tensiomètrie pour laquelle Arvalis a défini des seuils (méthode Irrinov®) ou par le calcul d’un bilan hydrique pour lequel il a conçu l’outil Irré-Lis®, accessible sur Internet. La méthode de pilotage Irrinov® aide à la gestion des trois étapes importantes du cycle : une règle le démarrage de l’irrigation (stade de la culture et état de la réserve utile) ; une règle de retour avec prise en compte des pluies, une règle d’arrêt (stade de la culture variable selon le type de sol, état de la réserve utile, et prévisions météo). Cette méthode est disponible pour du maïs consommation (grain et ensilage) et pour les semences, et ce pour tous les types de sols de Rhône-Alpes et accessible gratuitement sur Internet. Le site Irrinov® se positionne en début de tour d’eau et les conseils donnés permettent de garantir une bonne irrigation sur l’ensemble des positions du tour d’eau. La prise en compte du climat est intégrée dans la méthode, notamment sous l’angle dose-fréquence par milieu. La méthode est adaptée aux situations où la disponibilité en eau est suffisante, et est utilisable avec tous les types de matériel, canons d’enrouleurs, couverture intégrale, pivots et rampes. Permettant de bien valoriser la réserve du sol, comme les pluies en cours de culture, elle peut donc contribuer à améliorer l’image d’une irrigation raisonnée et économe. Elle nécessite un peu de matériel : 4 à 6 sondes Watermark® et leur boîtier de lecture, un pluviomètre et son support.  Elle demande en moyenne deux passages par semaine pour relever les tensions avant d’irriguer pour contrôler le résultat de l’irrigation, et éventuellement un passage intermédiaire pour anticiper les décisions. Des outils d’interrogation automatique des sondes et de transfert de données commencent à se développer.    

L’arrêt de l’irrigation

Arvalis a pu caler, par des dispositifs expérimentaux, le stade où il faut prendre la décision d’arrêter l’irrigation, en général à 50 % d’humidité du grain ce qui correspond à 32 % de MS plante entière. Pour le maïs ensilage, on anticipe cette décision d’un tour, pour récolter en bonnes conditions. À ce stade, en fonction de l’état de l’eau dans le sol et des prévisions météo, on lance ou non un dernier tour d’eau. En sol léger, la décision est prise à 45 % d’humidité, soit une semaine ou un tour d’eau plus tard. Pour les ensilages, la connaissance de la date de floraison va permettre, avec quatre à cinq semaines d’anticipation, de proposer une date raisonnable d’arrêt parcelle après parcelle. Pour les semences, Arvalis a pu démontrer que la vitesse de dessiccation était comparable entre lignées et hybrides. À ce jour, seule une fragilité des semences en fin de cycle pourrait conduire à un réaménagement de cette règle basée sur le seuil de 50 %.
La règle générale s’applique donc de la même façon aux productions de semences. Ceci peut être intéressant pour le producteur, mais aussi pour l’établissement qui peut trier ses parcelles et organiser la gestion de son planning de récolte. Sur la base d’un premier dosage d’humidité ou de l’observation précise de la floraison, une bonne façon de se projeter dans l’avenir est de retenir une perte de 7 points pour 100 degrés jours autour de 50 % d’humidité soit environ 15 degrés jours pour perdre un point, les lignées se comportant comme les hybrides commerciaux.

Irré-Lis®, bilan hydrique en ligne

En tenant compte de la réserve en eau du sol, des conditions météorologiques et de la culture, l’outil Irré-LIS® calcule en temps réel le bilan hydrique ; les dates prévisionnelles des stades ; les prévisions ETP et risque de pluie (données Météo France) ; l’état de la réserve en eau du sol et l’état prévisionnel à 7 jours (hors pluies éventuelles). Avec cet outil, grâce à l’interface informatique disponible à son domicile, l’agriculteur a ainsi une vision de la vitesse à laquelle la culture va épuiser l’eau disponible, et de la nécessité d’influer le cas échéant sur la conduite de son irrigation. Il peut ainsi anticiper et assurer la gestion de son irrigation au plus près des besoins de ses cultures.
Yves Pousset, Arvalis-Institut du végétal. 
Pour tout renseignement : 04 72 23 80 85