Biogaz : dans la Drôme, une première mondiale
Les sociétés Prodeval et Aventech ainsi que l’Institut national des sciences appliquées de Lyon se sont associés pour la conception d’Alliance, une ligne d’assemblage industrielle dédiée aux unités d’épuration du biogaz et de liquéfaction du CO².
Les entreprises drômoises Prodeval et Aventech ont convié les acteurs de la filière biogaz vendredi 13 juin, pour inaugurer la ligne d’assemblage Alliance construite sur le site Rovaltain à Châteauneuf-sur-Isère. Implantée sur le nouveau site industriel d’Aventech, expert en conception, industrialisation et production d’équipements électriques, cette infrastructure s’étend sur 5 000 m² et fonctionne depuis janvier. « Historiquement, nous produisions nos unités de manière plus artisanale sur l’ancien site d’Aventech qui est notre assemblier, a expliqué Sébastien Paolozzi, président de Prodeval. L’objectif, pour nous, c’est d’agrandir notre capacité de production car le marché du biogaz est en pleine progression ».
Être précurseur
Cette inauguration a permis à Aventech de faire découvrir son nouveau site composé de 20 000 m² de bâtiments, dont un quart dédié à la ligne d’assemblage d’unités d’épuration du biogaz et à la liquéfaction du CO2 de Prodeval. « Il faut prendre des risques pour être précurseur, surtout dans le contexte économique actuel. Avec cet équipement, nous serons prêts lorsque la croissance va reprendre. La filière biogaz est en plein boom », a déclaré Christophe Reyes, président de l’entreprise. Un investissement d’avenir pour la société puisque 15 % de son chiffre d’affaires repose déjà sur le business biogaz. La construction du site a coûté 25 millions d’euros, dont une partie investie par l’opérateur immobilier Idec. Ce projet a aussi reçu le soutien financier de France 2030.
Grâce à cette nouvelle ligne, Prodeval va pouvoir passer de 150 à 450 unités produites chaque année. « Plus nous industrialisons la production, plus nous sécurisons les projets de nos clients. La réduction du temps de chantier permet d’éviter les fluctuations de prix. Nous projetons ainsi de multiplier par trois notre production sur les trois prochaines années, a expliqué Sébastien Paolozzi. C’est la première ligne mondiale d’une telle envergure, une giga factory mutualisée, un outil commun pensé pour être adaptable ». Cette mutualisation des outils a été rendue possible avec l’expertise des ingénieurs de l’Insa Lyon, notamment pour connecter les systèmes informatiques des deux sociétés.

« Plus nous industrialisons la production, plus nous sécurisons les projets de nos clients », a déclaré Sébastien Paolozzi, président de Prodeval. ©ME-AD26
Une « croissance folle »
Lors de la création de Prodeval en 1990 par Vincent Paolozzi, l’entreprise vendait des torchères pour brûler le gaz et appartenait au groupe Hoffstetter. En 2009, Sébastien Paolozzi rejoint son père et rachète la société. En 2014, l’entreprise a conçu Valopur, unité de valorisation du biométhane avec technologie de filtration par membrane. « Nous sommes partis d’une feuille blanche et nous avons tous créé. De 2014 à 2021, nous avons enregistré une croissance folle », a souligné Sébastien Paolozzi face à ses invités. De trois millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014, Prodeval est passé à 122 millions d’euros en 2024. Et la croissance n’est pas prête de ralentir puisque la société projette d’atteindre 180 millions d’euros cette année. Si Prodeval enregistre 50 % de son chiffre d’affaires en France, son activité dans le monde ne cesse d’évoluer : la société possède sept filiales réparties en Europe, en Amérique du Nord et du Sud.
Des solutions mobilités
« Nous sommes accueillis dans des familles, prêtes à investir pour faire de l’énergie renouvelable. Aujourd’hui, ils peuvent même faire une sorte de boucle locale avec l’unité de distribution de biométhane pour les bus et les camions. La liquéfaction aussi s’installe, a mis en avant le chef d’entreprise en faisant référence aux premiers exploitants agricoles avec qui il a travaillé. Cela montre qu’à partir des champs, nous créons du substrat pour remplacer les engrais mais aussi de l’énergie décarbonée qui peut être réinjectée sur le territoire ».
Dans la Drôme, trois stations de biométhane sont installées sur le territoire de Valence-Romans* : à Valence, Bourg-de-Péage et Romans. Depuis le mois d’avril, une ligne de bus 100 % biogaz circule d’ailleurs dans l’agglomération.