Blanc ou violet, l'ail de la Drôme voit la vie en rose

A l'assemblée générale de l'Apad, vendredi dernier, quel bilan avez-vous fait de la campagne écoulée ?
Stéphane Boutarin : « 2016 a été une année de belle production d'ail, tant en quantité qu'en qualité. On a rarement vu de si beaux volumes. Seul l'ail bio a souffert en raison d'attaques de rouille très précoces, liées à un printemps humide. J'ajoute que ces producteurs sont intéressés pour intégrer notre IGP "ail de la Drôme" car la demande en ail biologique augmente. Pour eux, c'est un moyen de valoriser la qualité de leur production et ainsi de se démarquer des ails européens. Pour répondre à cette demande, est étudiée l'entrée dans l'IGP(1) de nouvelles variétés. »
Quelles autres actions a mené l'Apad ?
S. B. : « Avec l'association nationale interprofessionnelle de l'ail (Aniail), nous avons participé au lancement médiatique de la campagne "mon ail français", le 21 juillet au marché de Rungis. C'est un moyen efficace de promouvoir la filière et d'inciter les consommateurs à choisir l'ail de France, dont celui de la Drôme. La communication reste un axe de travail important. Pour 2017, nous allons réitérer notre participation au lancement national de la campagne ail. Nous organiserons aussi, à nouveau en juillet, la fête de l'ail à Crest. De plus, à la mi-aôut, nous accueillerons des bloggers culinaires afin de leur faire découvrir l'ail de la Drôme, son mode de production, sa diversité gustative... Et au moment de la récolte, une vidéo sera tournée par l'association Farre(2). Elle nous servira à faire de la promotion sur des évènements locaux mais aussi au moment du Salon international de l'agriculture, entre autres. »
Et sur le plan technique ?
S. B. : « Le travail avec la chambre d'agriculture de la Drôme s'est poursuivi. Des "tours de plaine" réunissant des producteurs d'ail de consommation, de semence, conventionnels et bio, ont permis d'échanger sur les techniques de chacun. L'arrivée de nouveaux producteurs est un signe positif. Par ailleurs, les expérimentations pour lutter contre la rouille de l'ail ont été poursuivies. De même que le veille technique avec l'édition de fiches sur l'utilisation des produits phytosanitaires. J'ajoute que Hélène Hunyabi a rejoint l'Apad comme salariée à mi-temps en charge de la communication et de l'IGP. Dans son autre mi-temps, effectué pour le compte de Prosemail(3), elle mène des essais techniques, notamment sur l'efficience de nouveaux produits phytosanitaires en culture d'ail, ceci afin de lutter contre de nouvelles maladies et obtenir des homologations. »
Comment percevez-vous la campagne 2017 ?
S. B. : « En toute logique, on devrait avoir une bonne saison. Les rendements s'annoncent normaux. Que ce soit en ail violet ou blanc, la végétation est belle. Le coup de froid de fin avril a même donné aux plants d'ail blanc un port dressé inhabituel. Sur le plan commercial, au cours de l'hiver les prix de l'ail provenant de Chine, d'Espagne et d'Argentine ont été élevés. On soupçonne actuellement la Chine de faire baisser les cours. Cela aura-t-il un effet sur l'ail espagnol ? On s'interroge tout en restant très vigilants. Avec l'Aniail et les représentants des producteurs espagnols et italiens, nous irons, comme l'an dernier, à la rencontre de la direction générale de l'agriculture à Bruxelles ; ceci pour faire en sorte que l'ail européen, et donc celui de France, soit protégé comme il se doit. »
Propos recueillis par Christophe Ledoux
(1) IGP : indication géographique protégée.
(2) Farre : forum des agriculteurs responsables respectueux de l'environnement.
(3) Prosemail : association des producteurs de plants certifiés d'ail et d'échalote.