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Finances

BPAura : une banque très régionale

La nouvelle banque Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes tire sa force de sa position régionale et entend développer sa filière viticulture et agriculture.
BPAura : une banque  très régionale

Un an et demi après la fusion des trois banques populaires qui ont donné naissance à la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes (BP Aura), le nouvel établissement déclare avoir « respecté son plan de marche ». L'enjeu consistait à réussir à construire une entité commune tout en continuant à développer une activité commerciale « en prenant le meilleur » des trois banques, ainsi que l'a déclaré Daniel Karyotis, directeur général lors de la présentation des résultats à Corenc (38), début juin. La banque affiche un produit net bancaire (PNB), l'équivalent d'un chiffre d'affaires, de 691 millions d'euros, en retrait de 1,3 % comparé à 2016. Cette situation, comparable à celle des autres établissements bancaires, s'explique par « l'effondrement des taux de crédit qui ont généré une accélération des renégociations et des remboursements de prêts. En trois ans, 80 % des crédits ont été renégociés », a indiqué le directeur général. Les marges bancaires en ont été fortement altérées. Le résultat net de la banque s'établit à 110 millions d'euros, en recul de 3 %, hors frais de fusion. Pour autant, la banque n'a jamais généré autant de crédits : son stock s'élève à 25,2 milliards d'euros d'encours, en hausse de 7 %. Il s'agit surtout de crédits à l'habitat mais aussi d'équipements aux entreprises. « Ce n'est pas seulement une question de confiance en l'économie française dont le taux de croissance est de 2 %, fait remarquer Daniel Karyotis. C'est surtout qu'il existe des relais de croissance sur de nouveaux marchés ».

La réussite par l'export

Le nouvel établissement, qui couvre quinze départements, estime que « la région est une force » pour aller chercher ces relais de croissance. La banque s'appuie sur cette dimension régionale pour se positionner auprès des ETI, les fameuses entreprises de taille intermédiaire, qui intéressent peu les grandes banques nationales et recherchent des établissements de taille à financer leur développement. « Aujourd'hui, BPAura n'a pas de problème pour traiter seule un dossier de 50 millions d'euros », affirme le directeur qui poursuit : « Ce qui est la clé est l'accompagnement à l'international. Toutes les entreprises qui réussissent sont celles qui exportent. » De la même manière BP Aura a profité de sa position pour s'ancrer dans le secteur de la montagne. Un pôle dédié lui a permis de conquérir de nouvelles structures dans lesquelles la banque a pris des participations. « Nous avons créé une filière viticulture et procédé à l'extension de la filière agricole, qui était déjà très forte en Auvergne », ajoute le directeur. Sur ce segment, la stratégie de conquête de la banque passe par « des agents spécialistes et collaborateurs très ancrés dans l'écosystème ». BP Aura veut être « un gros deuxième » derrière le leader qu'est le Crédit Agricole. « Dans certaines zones, nous sommes à 25 ou 30 % de parts de marché », souligne le dirigeant. Il croit fortement au développement de la filière viticole, à l'image des régions comme le Bordelais ou la Bourgogne. Il mentionne à ce titre l'opération « Cuvée solidaire » lancée sur la plateforme de financement participatif Kocoriko et destinée à « soutenir l'agriculture et la viticulture régionale » en achetant des bouteilles d'AOC crozes-hermitage. Le produit de cette opération sera reversé à quatre associations, Terra vitis et trois services de remplacement. « L'agriculture et la viticulture, c'est une belle filière pour la banque pour ces trois prochaines années », s'enthousiasme même le directeur. Il ne considère pas ce secteur comme étant plus à risque que les autres. « C'est un secteur particulier mais pas forcément plus difficile qu'un autre. » Les encours agricoles ne représentent encore qu'une faible part du crédit, que la banque souhaite développer dans les trois ans. Enfin, même si BPAura a l'ambition de devenir tête de pont de son groupe dans les solutions digitales (crédit immobilier en ligne, crédit pro, etc.), ce qui entraînera la fermeture d'une vingtaine d'agences supplémentaires et le repositionnement de certaines compétences en interne, le directeur l'assure, « en zone rurale, il y aura toujours une agence à moins de 30 km d'un client. » 
Isabelle Doucet

 

BP Aura en chiffres

• 15 départements.
• 3 600 collaborateurs dont 60 experts viticulture et agriculture.
• 339 agences dont 10 agriculture et viticulture.
• 1 million de clients dont 8 000 agriculteurs et viticulteurs.
• 60 000 nouveaux clients en 2017 dont 10 000 professionnels (+ 9,2 %).
• PNB : 691 millions d’euros
(- 1,3 %).
• Résultats nets : 110 millions d’euros (- 3 %).
• Encours crédits : 25,2 milliards d’euros (+ 7 %).
• Nouveaux crédits : 6,5 milliards d’euros (+ 11 %). 
Chiffres 2017