« C’est par l’agriculture qu’on peut le plus agir sur l’environnement »

Le fruit d'une profonde conviction que Cyril Blanc et Jonathan Vericel, respectivement 37 et 38 ans, ont acquis lors de leur cursus. « Nous avons fait des études dans l'environnement (NDLR : un BTS gestion et protection de la nature) et nous sommes investis dans l'associatif... On se demandait comment agir concrètement, expliquent-ils. On en est arrivé à la conclusion que c'est par l'agriculture qu'on peut le plus agir. » En 2011, ces deux « hors cadre familial », après avoir longuement réfléchi à leur projet, ont trouvé l'opportunité de reprendre un tenant de 25 hectares (ha) pour s'installer et mettre leurs idées en pratique. Avec trois principes indissociables : développer un modèle qui allie environnement et rentabilité, tout en proposant des produits accessibles à tous. Huit ans après, les objectifs sont atteints, affirme Cyril Blanc.
Travail du sol, mécanisation, diversification
Concrètement, nos maraîchers ont adopté toute une série de techniques, qui, combinées, produisent les résultats escomptés. « Par exemple, le paillage des cultures combiné avec un apport organique important et une couverture permanente des sols, qui est indispensable. Nous avons renoncé au labour. Cela ne veut pas dire que nous ne travaillons pas nos sols. Mais le moins possible, ce qui permet une bien meilleure résilience des sols. » Parallèlement, les associés ont mécanisé ce qui pouvait l'être, « pour gagner en rentabilité ». Ils vont jusqu'à fabriquer des outils parfaitement adaptés à leur exploitation, « en s'inspirant de ce qui existe pour réaliser des outils beaucoup plus simples et donc beaucoup plus fiables et moins coûteux ».
Aujourd'hui, l'exploitation maraîchère n'occupe plus que 15 des 25 ha originels. « Nous avons préparé le terrain pour accueillir d'autres producteurs. Nous avons par exemple donné 5 ha à un paysan boulanger du secteur qui y produit ses céréales. » Un peu plus tard, 6 ha ont été cédés à un arboriculteur et producteur de petits fruits. De larges parties de l'exploitation sont retournées à leur état naturel. Au final, restent 6 ha de production maraîchère diversifiée « avec un peu de céréales pour assurer les rotations », détaille Cyril Blanc. Prochain objectif, « implanter des plantes messicoles en lien avec le conservatoire botanique pour maintenir ces espèces. »
« Avec la crise climatique, tout reste à faire »
Économiquement, les associés s'y retrouvent. « Nous n'avons pas à nous plaindre et parvenons à vivre de notre travail », tout en rémunérant leurs deux employés saisonniers. Les légumes sont vendus à 75 % sur le marché local, à Belley. Le reste est commercialisé via une Amap et un magasin de producteurs. A la demande, nos deux entrepreneurs témoignent de leur expérience. Pas question, pour autant, de se définir comme des messies. « Je crois qu'en agriculture, il ne faut pas être extrémiste. Nous nous inscrivons dans une démarche intermédiaire entre les microstructures et les systèmes super intensifs. » L'avenir de l'agriculture passera probablement par-là, estime Cyril Blanc. A condition d'être un peu aidés. « L'approche centenaire de l'agriculture doit être remise en cause, estime Cyril Blanc. Avec la crise climatique, tout reste à faire. Mais, pour cela, les agriculteurs ont besoin des pouvoirs publics pour les aider à s'adapter. Il me paraît indispensable d'investir massivement dans la recherche, sans quoi, à termes, notre agriculture est morte. »
Etienne Grosjean
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