CapriMam3D, l’innovation au service de la traite 

«Lors de nos différents travaux, nous avons mis en évidence que les niveaux cellulaires étaient élevés en petits ruminants, notamment pour les chèvres. Cela s’explique par des problèmes d’homogénéité des mamelles caprines (volumes, attaches…) et de diversité des matériels utilisés (longueurs, diamètres, formes, angles), pas forcément adaptés, pendant la traite. Face à un manque d’adéquation entre ces deux paramètres de la traite (animal et machine), nous avons souhaité nous appuyer sur les nouvelles technologies pour améliorer la santé des mamelles et la qualité du lait en jouant sur la qualité de la traite, et l’adéquation de la traite au trayon », explique Jean-Louis Poulet, responsable de projet R&D traite  au sein de l’Idele.
Le projet CapriMam3D* (2020-2023) s’est ainsi intéressé aux leviers d’amélioration des conditions de traite à des fins de réduction des risques d’infections mammaires. Deux axes de travail – via l’utilisation des technologies 3D - ont été approfondis : « Le premier objectif était de développer un phénotypage haut débit des mamelles caprines afin de mieux caractériser l’homogénéité et la diversité des mamelles dans les élevages », explique Jean-Louis Poulet. Pour ce faire, les ingénieurs ont travaillé sur le développement d’un scanner 3D prototype des mamelles caprines, devant à terme compléter le pointage humain. Sous forme de cage de contention, le scanner, disposant de trois capteurs afin d’obtenir une image la plus complète possible de la glande mammaire, est aujourd’hui testé dans les fermes expérimentales, notamment au Prades (07). 

Un nouveau trayon artificiel souple

« Le prototype de ce scanner 3D est prometteur en vue d’une utilisation future dans le schéma de sélection caprine. Cependant, nous devons prolonger nos travaux pour valider la fiabilité de l’outil et permettre à terme son utilisation dans les fermes caprines, en scannant encore quelques centaines, voire quelques milliers de mamelles », indique l’ingénieur.
La deuxième action du projet CapriMam3D visait à étudier les interactions entre manchons trayeurs et trayons, grâce à des approches 3D d’imagerie et de mesure, afin d’améliorer le matériel de traite. « Un travail bibliographique a été mené sur les méthodes et outils d’appréciation des propriétés physiques des manchons, adaptés à la traite caprine. En parallèle, un recensement des manchons trayeurs caprins utilisés en France a été effectué », stipule l’Idele. À l’aide d’une imprimante 3D, de nouveaux trayons artificiels « plus caprins » ont ainsi été conçus en fonction de la diversité des morphologies mammaires des chèvres. « À ce jour, il n’existe qu’un seul trayon artificiel normé pour les essais de caractérisation du fonctionnement de l’interface trayon et manchon trayeur. Nous avons pu générer de nouveaux trayons artificiels, dont un trayon souple dit « anatomique » avec la reproduction de la citerne de trayon », présente Jean-Louis Poulet. 
Le projet CapriMam3D a donc donné des résultats probants, selon le référent traite. « Nous échangeons très régulièrement avec des fabricants de matériels. Il est important de miser sur la co-construction, car il s’agit d’une marge de progrès intéressante pour toute la filière caprine. L’idée est de s’appuyer sur les nouvelles technologies pour avoir des recommandations plus adaptées, et plus en lien avec les constats réels du terrain, avec un seul objectif : obtenir le meilleur de la traite », conclut-il.

Amandine Priolet

* Le projet CapriMam3D - financé par le Casdar (recherche technologique) - est le fruit d’un partenariat entre l’Idele, l’Inrae UMR GenePhySE, l’Institut Agro, la ferme expérimentale du Prade (Ardèche), Capgènes et l’entreprise spécialisée en nouvelles technologies 3D Ouest.