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Chambre d'agriculture Carrière Granulats Vicat

Carrière : une convention pour un renouveau agricole

Afin d'assurer la remise en état agricole d'une grande partie de la carrière de l'Armaillet située au nord de Valence, la société Granulats Vicat, propriétaire du site, a signé une convention avec la chambre d'agriculture de la Drôme.
Carrière : une convention pour un renouveau agricole

Depuis 1972, entre Bourg-lès-Valence et Châteauneuf-sur-Isère, la société Granulats Vicat exploite une carrière de granulats dont la taille dépasse aujourd'hui les 70 hectares (ha). 140 personnes travaillent sur ce site creusé de 20 mètres et qui abrite trois autres entreprises (Béton Vicat, Fehr* et SVE**). Afin de pérenniser ses activités, Granulats Vicat a déposé un projet d'extension de 30 ha pour trente ans. Est prévue une remise en état agricole d'une grande partie du périmètre (actuel et futur) au fur et à mesure de son exploitation. « Nous souhaitons penser l'après-carrière avec un réaménagement agricole de qualité », indique Michel Zablocki, directeur régional de Granulats Vicat. Consciente que cela nécessite des compétences solides en agronomie, pédologie et environnement, la société s'est rapprochée de la chambre d'agriculture de la Drôme. Un travail préparatoire de plusieurs mois a permis d'élaborer une convention d'engagement volontaire, officiellement signée le 28 janvier par Michel Zablocki et Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture. Autour d'eux, on notait la présence de Pierre Combat, vice-président de la compagnie consulaire en charge du foncier et de l'urbanisme, Damien Colin, directeur, et Bertrand Chareyron, chef du service développement des territoires.

Faire émerger un projet agricole

En haut à gauche, la partie nouvellement exploitée de la carrière d'où la terre végétale est prélevée. En bas à droite, la parcelle reconstituée.
© journal L'Agriculture Drômoise

Le chantier n'est pas simple. Trop grande et trop profonde, la carrière ne peut être remblayée. Etant hors d'eau, son réaménagement va donc consister à importer, au fond, la couche de terre superficielle prélevée sur les sites nouvellement exploités. « Nous savons cribler, enlever des cailloux, rajouter du sable, ramener de la terre végétale, explique Michel Zablocki. Le but du réaménagement agricole est avant tout de restituer un sol apte à produire dans de bonnes conditions. »
Préalablement à la signature de la convention, la chambre d'agriculture a évalué le potentiel agricole des parcelles qui seront prochainement exploitées en carrière. Des profils pédologiques et des analyses de sols ont été réalisés en 2018 et cette étude agro-pédologique a été complétée par un diagnostic des pratiques agricoles. Le réaménagement agricole de la carrière s'appuiera, notamment, sur les résultats d'une expérimentation menée durant sept ans dans l'Ain. Marie-Pascale Couronne, conseillère en agronomie et pédologie à la chambre d'agriculture de la Drôme, vérifiera que le sol reconstitué soit apte à l'agriculture (absence de mouillère, zone compactée, activité du sol...). Son travail consistera également à faire émerger un projet agricole impliquant une dizaine d'agriculteurs. Pour déterminer les types de cultures et systèmes d'exploitation possibles, devront être prises en compte diverses contraintes. En l'occurence, la proximité du captage d'eau potable des Combeaux alimentant la ville de Bourg-lès-Valence et la présence de la nappe phréatique à seulement trois mètres de profondeur. L'accès à l'irrigation est à penser tout comme les possibles impacts climatiques et sanitaires liées à la profondeur du site.

Un volet écologique

En plus du volet agricole, le réaménagement des parcelles de la carrière intégrera un volet écologique. Confié à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) de la Drôme, le travail consistera à recréer des milieux naturels sur des parties non exploitables par les agriculteurs : talus, haies favorables à l'avifaune. LPO et chambre d'agriculture partageront leurs connaissances.
« L'engagement réciproque à préserver ici les diverses activités économiques, agricoles et industrielles ainsi que la biodiversité est une bonne chose », a fait remarquer Anne-Claire Vial. « Remettre en état correct des sols au profit de l'agriculture est absolument nécessaire si l'on veut maintenir une activité agricole dynamique en plaine », a ajouté Pierre Combat. Il a toutefois fait remarquer que ce type de réhabilitation a ses limites en zones d'appellation car la perte du sous-sol originel ne permet plus ensuite un classement en AOP.

Christophe Ledoux

* Fehr : groupe spécialiste du béton préfabriqué, fibré et prêt à l'emploi.
** SVE : Société Valence Enrobé (fabrication d'enrobés pour les routes).