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Cave coopérative

Cave de Rochegude : sérénité mais vigilance quand même

Malgré un chiffre d’affaires en baisse du fait d’une petite récolte, la Cave de Rochegude garde une bonne santé économique.
Cave de Rochegude : sérénité mais vigilance quand même

Invités en assemblée générale par leur président Frédéric Marre, aux commandes de leur structure depuis dix ans, les coopérateurs de la Cave de Rochegude se sont réunis le 13 mars afin d'approuver l'exercice écoulé (clos au 31 août 2018). Sans conteste, avec 46 789 hectolitres (hl), la vendange de 2017 est sans conteste l'une des plus faibles de ces dernières années. Cependant, la qualité était présente, d'où de nombreuses médailles (6 d'or à Orange et 7 d'or à Paris). Néanmoins, avec plus de 7,1 millions d'euros, le chiffre d'affaires est en nette baisse (- 17 %), entraînant une hausse des frais de vinification qui ont atteint 16,70 euros l'hl (contre 12 en 2016). Heureusement, la souplesse de la cave a permis d'adapter les coûts et de diminuer les charges externes (personnel, taxes, impôts, frais de transport). De faibles investissements sur cet exercice (8 000 euros) et un déstockage ont permis de rémunérer les coopérateurs à un très bon niveau, et dans les temps grâce à une trésorerie très sûre. A noter, une baisse des stocks en volume mais pas en valeur.

Rosé : « une carte à jouer »

La récolte 2018, bien que grevée en volume par les attaques de mildiou, est quand même en hausse de 22 % (par rapport à 2017), a indiqué Christian Veyrunes, directeur de la cave. Elle a représenté un volume dépassant les 56 000 hl sur les 1 250 hectares en production (soit 47 hl de moyenne contre 40 en 2017). Les vins sont jugés corrects avec peu d'acidité et des pH élevés. La qualité est moyenne mais la cave a fait le plein en rosé (18 000 hl vinifiés) car la demande est soutenue, et ce malgré des prix légèrement inférieurs, surtout en IGP Méditerranée. Le directeur a d'ailleurs regretté que le Côtes-du-Rhône rosé ne soit pas assez considéré car, selon lui, « il y a une carte à jouer ».
Serein et optimiste, Christian Veyrunes a expliqué que les coopérateurs bénéficient d'atouts face à la concurrence. Et ce, grâce à un endettement très limité de la cave (d'ici cinq ans il n'y aura plus d'amortissements à prévoir), à des frais très réduits et maîtrisés ainsi qu'à une bonne valorisation du vrac. De plus, l'appareil de production est correct, moderne et conservé en état par une maintenance rigoureuse.

Des pistes à explorer

Cependant, le directeur n'a pas caché certains dangers pour lesquels il appelle à plus de vigilance. Parmi ceux-ci, il pointe la baisse de la production due à l'inquiétante pyramide des âges des adhérents, un vieillissement du vignoble, une lassitude et une baisse de motivation. Face à ces défis des prochaines années, il propose des pistes à explorer comme des expérimentations de taille Guyot pour augmenter les rendements des IGP, ainsi que sur l'encépagement. Il a évoqué le cépage Caladoc, « qui donne des bons résultats », et a encouragé à planter du Cinsault, résistant à la sécheresse et qui, bien que fragile, donne de bons rosés. Parmi les nouveaux cépages résistants aux maladies, il a jugé les dégustations effectuées sur Vidoc et Floréal « captivantes » et invité les vignerons à s'y intéresser.
S'agissant de la conduite de la vigne, il a informé de la mise en marché de nouveaux produits de biocontrôle, qui donnent des résultats convenables et permettent de renforcer l'action du soufre, notamment en bio. Enfin, sur le marché des vins bio, il a confirmé la bonne tenue des prix mais a attiré l'attention sur les rendements, bas et irréguliers. Il préconise une conversion partielle (de l'ordre de 25 %), avec un choix des parcelles et cépages adaptés pour chaque vigneron, ou d'aller vers la norme HVE (haute valeur environnementale) qu'il trouve plus pertinente, permettant une avancée prudente vers des vins demandés par le consommateur et donc par le négoce. 

Marc Olivier