Cave de Tain et Michel Chabran partenaires dans un GFV
Porté conjointement par le chef cuisinier étoilé Michel Chabran et la Cave de Tain, le groupement foncier viticole « Chabran » a été inauguré le 9 février. Cette démarche permet de consolider le patrimoine viticole de la cave coopérative.
Au nord de Pont-de-l’Isère, sur la plaine alluvionnaire, deux hectares (ha) sont en passe d’accueillir un nouveau vignoble sur l’aire d’appellation Crozes-Hermitage rouge. A ce jour, quelques milliers de ceps syrah couvrent 1,4 ha. Les autres seront plantés prochainement. Cette opération a été réalisée dans le cadre d’un groupement foncier viticole (GFV) entre la Cave de Tain et la Maison Chabran. Peu avant le premier confinement, « un jour, j’entends qu’il manquait de terrain pour les coopérateurs, raconte Michel Chabran, chef cuisinier étoilé. J’avais cette parcelle depuis pas mal de temps, elle avait porté des abricotiers et tout gamin je me souviens qu’il y avait eu de la vigne. » La constitution du GFV « Chabran » a alors germé permettant aujourd’hui l’installation de Julien Armand, jeune vigneron.
Maintenir le potentiel de production
Pour la Cave de Tain, ce nouveau GFV est le quatrième depuis 2016. Objectifs affichés : maintenir le potentiel de production mais aussi trouver une solution quant à la transmission du patrimoine et l’installation ou la consolidation de jeunes vignerons coopérateurs. « Nous sommes l’une des rares coopératives en France à avoir mis en place ce dispositif, souligne Ludovic Beau, directeur général de la Cave de Tain. L’ensemble de nos quatre GFV représente actuellement près d’une vingtaine d’hectares. Et avec d’autres dispositifs (SCEA, bail emphytéotique, vente temporaire d’usufruit), cela représente 35 ha pour 28 coopérateurs de moins de 40 ans installés ou consolidés dont six hors-cadre familial. »
« Une excellente sélection parcellaire »
Dans le cas du GFV Chabran, le foncier est apporté par Michel Chabran. La Cave de Tain, elle, finance les plantations. Le groupement donne à bail l’ensemble, en l’occurence à Julien Armand, et les dividendes du GFV sont distribués sous forme de bouteilles entre la Cave de Tain et Michel Chabran. Une cuvée spécifique, annoncée comme « une excellente sélection parcellaire », sera d’ailleurs créée pour une distribution dans les restaurants Chabran.
« Je suis très heureux de donner la possibilité à un coopérateur de s’exprimer, d’autant plus que la Cave de Tain a été élue meilleure cave coopérative française en 2015, ce qui donne confiance », fait remarquer Michel Chabran. Fiers et honorés de ce partenariat inédit, les dirigeants de la Cave de Tain et la famille Chabran ont inauguré ce GFV le 9 février, en présence notamment de Nicolas Daragon, président de Valence Romans Agglo et maire de Valence. Après la bénédiction des ceps par le Père Benoît Pouzin, les convives ont déjeuné en accords mets et vins de Crozes-Hermitage et Hermitage se mariant avec la truffe de la Drôme. De quoi faire rimer plaisir et affaire.
Christophe Ledoux
GFV : le principe
Un groupement foncier viticole est une société civile immobilière (SCI) propriétaire de foncier viticole et regroupant plusieurs associés investisseurs. Ces derniers possèdent chacun des parts sociales de la SCI et sont donc eux-mêmes propriétaires de terres - au prorata de leur investissement. Le GFV loue les parcelles sur une longue durée à des vignerons qui, souvent jeunes, n’ont pas les moyens financiers de devenir propriétaires de leurs vignes. En contrepartie, l’exploitant paye un fermage qui revient de droit aux investisseurs du GFV, à hauteur des parts souscrites, sous forme de dotation en bouteilles.
La Cave de Tain s’est lancée dans cette démarche en 2016 avec la création du GFV « Gambert 1 », puis « Gambert 2 » et « Gambert 3 » et maintenant « Chabran ». 350 souscripteurs ont ainsi investi sur les GFV Gambert 1 et 2. Les GFV Gambert 3 et Chabran ont été montés avec des investisseurs uniques ne souhaitant pas être au sein d’un collectif.
Quant au choix des jeunes vignerons coopérateurs, il s’appuie sur les critères établis par la commission foncier de la Cave de Tain : proximité géographique, taille de l’exploitation, âge de l’exploitant et capacité de se projeter le plus longtemps possible en tant que coopérateur. « On ne veut pas favoriser des comportements opportunistes qui viendraient profiter d’un effet d’aubaine pour obtenir du foncier mais des exploitants qui restent longtemps avec la Cave dans des conditions financières très acceptables », précise Ludovic Beau, directeur de la Cave de Tain.
