Accès au contenu
Organisation de producteurs

CDC : préserver le revenu des adhérents

La coopérative Drômoise de céréales (CDC), qui poursuit la modernisation de ses outils, vient de dresser le bilan de son dernier exercice écoulé.
CDC : préserver le revenu des adhérents

En assemblée générale le 11 décembre à Charpey, la CDC a statué sur son exercice 2017-2018 (clos au 30 juin). Retracé par son directeur, Christophe Pelletier, l'exercice a été marqué par une collecte de blé de 77 000 tonnes, en baisse de 10 % mais en partie compensée par une hausse de 26 % en blé dur (à 21 256 t) et de 2 % en orge (à 26 550 t). Le colza (+ 15 %) a profité de rendements en augmentation. Les surfaces en maïs, elles, se sont rétractées (répercussion du coût de l'irrigation). Le tournesol a reculé de 4 % et le soja de 5 %. Seules les productions bio, avec 14 200 t, ont poursuivi leur progression (+ 8 %). Atteignant 289 800 t, la collecte totale de la CDC s'est réduite de 2 % comparée à la précédente.
Quant à l'année 2018, le directeur de la CDC l'a qualifiée de « très mauvaise » pour les céréales à paille et les récoltes d'automne, surtout en maïs, en raison des conditions climatiques. En colza, par rapport à 2017, la surface a augmenté de 20 % et les rendements baissé dans la même proportion. En céréales à paille, où la surface était en légère hausse, les rendements se sont révélés « catastrophiques ». En tournesol, la surface était en recul de 25 % et, comme d'habitude, un fort gradient Nord-Sud a été observé dans les rendements. En maïs, la surface a baissé de 8 % et les rendements ont été inférieurs de 10 à 20 quintaux à ceux d'une année moyenne (chaleur, sécheresse, problème de structure des sols).

Ventes : près de 60 % à l'export

L'assistance à l'assemblée générale de la coopérative Drômoise de céréales.

Côté mise en marché sur l'exercice 2016-2017, la coopérative a vendu 303 160 t, dont 15 380 en bio ou reconversion (5 %). Des volumes voisins de ceux de la campagne précédente. La quantité commercialisée est supérieure à celle collectée en raison d'un important report de récolte 2016 non vendue (20 000 t). « Il est maintenant d'usage de raisonner des reports de marchandise dans le cadre d'une stratégie commerciale », constate le directeur de la CDC, Christophe Pelletier.
L'export a représenté près de 60 % des ventes de la CDC. L'Ucab a maintenu un bon régime de fabrication et absorbé près d'un quart de sa collecte. Les ventes de blé à la meunerie du Sud-Est ont été concurrencées par d'autres régions. 85 % de la collecte de blé dur a été exportée. En maïs, la concurrence ukrainienne, roumaine, bulgare... a été rude. En bio, plus du tiers de la collecte a été écoulé via Ucabio.

Stockage : 315 000 t de capacité

Concernant les équipements, l'exercice 2017-2018 a été marqué par la mise en service du nouveau silo conventionnel de Chabeuil (26 000 t de capacité), situé à côté des installations bio (silo de 21 000 t et usine). A aussi été lancé un agrandissement du silo d'Izeaux de 4 500 t, portant l'ensemble à 11 500 t. Ainsi, la CDC dispose à présent d'une capacité totale de stockage de 315 000 tonnes (35 silos). « Il est appréciable de pouvoir stocker et reporter une partie de la récolte sur la campagne de commercialisation suivante pour éviter d'avoir à brader la marchandise », a fait remarquer le directeur de la CDC. Il a aussi évoqué l'achat d'un terrain à Montéléger (400 000 euros) destiné à acueillir un centre de conditionnement d'œufs (de dernière génération), « pour aider la filière » dans ses investissements. « La poursuite de la modernisation de nos outils, a confié le président de la CDC, Christian Veyrier, est indispensable pour répondre aux nouvelles contraintes : une moindre disponibilité de la main-d'œuvre, la limitation de l'impact carbone, la segmentation de l'offre qui exige une attention renforcée sur les analyses, la traçabilité et la certification... »

Une structure solide

Finalement, l'exercice 2017-2018 de la CDC s'est clos avec un chiffre d'affaires de 62,8 millions d'euros, soit un recul de 4,7 % « traduisant à la fois une baisse de collecte et de prix ». Le résultat net est ressorti stable, à près d'1,1 million d'euros. « Notre structure est solide et très peu endettée. Notre politique de remboursement d'emprunts rapide nous permet d'être en capacité de réinvestir », a souligné le directeur de la CDC. Et son président a mis l'accent sur la volonté des administrateurs de préparer l'avenir, préserver le revenu des adhérents.

Annie Laurie
Conjoncture /
Les tendances du marché
Alain Daussan, négociateur commercial de la CDC.
Informations données à l'assemblée générale de la CDC par son négociateur commercial, Alain Daussan, la production mondiale de céréales dépasse régulièrement les deux milliards de tonnes. Cette année, elle est inférieure à la consommation. Mais elle devrait suffire, avec les stocks. Leur baisse devrait d'ailleurs relancer le marché mondial.
Blé
En blé par rapport à 2017, la baisse est de 18 millions de tonnes (Mt) en Russie (sécheresse), 6,6 dans l'Union européenne. L'Australie devrait perdre 8 Mt... Les échanges mondiaux sont dominés par la Russie (prix très compétitifs). En France, les stocks de blé tendre sont un peu moins élevés qu'en 2017. Mais les exportations sont à développer car « les silos sont encore pleins ». En blé dur, la qualité fait défaut dans le Sud de la France. Des acheteurs s'en détournent et les prix sont inférieurs à ceux du blé tendre.
Maïs
En maïs, la production est en hausse dans le monde et en baisse en France. L'export méditerranéen est fermé. L'Ukraine, qui produit surtout pour l'export, concurrence la France sur ses marchés traditionnels. « Les débouchés sont plus que limités, a observé Alain Daussan. Je ne vois guère d'issue avant la fin de la campagne. La récolte est faible. Nous arriverons à l'écouler mais il faut attendre que les marchés se tournent vers nous, donc pouvoir stocker longtemps. »
Bio
En bio, la meunerie manquant de blé, les prix et l'import progressent. Pour l'alimentation animale, la production nationale de maïs est insuffisante et les prix se maintiennent. Ucabio développe sa consommation (30 000 t contre 25 000 l'année dernière). Une demande existe aussi pour les protéagineux. En alimentation humaine, l'offre de colza étant rare, les prix sont rémunérateurs. Le tournesol est plus chahuté, les prix stagnent. Les triturateurs préfèrent acheter de l'huile bio venant d'autres pays que de la graine française. Et le soja voit sa consommation baisser : pour les boissons végétales, il est concurrencé par d'autres productions (« laits » d'avoine, de riz...).