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Organisation de producteurs

CDC : un « chef d'orchestre » s'en va, un autre arrive

Ce début décembre, la coopérative Drômoise de céréales (CDC) vient de dresser le bilan de son dernier exercice écoulé mais aussi de tourner une page...
CDC : un « chef d'orchestre » s'en va, un autre arrive

Le 12 décembre au matin à Charpey, l'assemblée générale de la coopérative Drômoise de céréales était placée pour la dernière fois sous la présidence de Christian Veyrier, qui en était à la tête depuis sa création, c'est-à-dire 25 ans. Son investissement tout au long de ces années a d'ailleurs été salué. Et notamment par Lionel Eydant, à qui il a passé le flambeau l'après-midi de cette assemblée générale.

Christophe Pelletier, directeur de la CDC.
Ce jour-là, la CDC statuait sur son exercice 2018-2019. Exercice au cours duquel elle a collecté 239 450 tonnes, dont 12 900 en production biologique. Sur le total, c'est 17 % de moins qu'en 2017-2018 (où le volume atteignait 289 784 tonnes). « Une forte baisse » liée à l'effondrement du rendement des céréales à paille, a commenté le directeur, Christophe Pelletier. En cause : les conditions climatiques de 2018 (printemps froid puis canicule). S'élevant à 232 400 tonnes, dont 14 600 en bio ou reconversion, le volume commercialisé pendant cet exercice-là s'est lui aussi affiché en recul. Il est la conséquence de moins de récolte et, dans une moindre mesure, d'un report de commercialisation de certaines céréales pour cause de mévente.

L'assistance à l'assemblée générale de la coopérative Drômoise de céréales.

Un environnement commercial modifié

A une époque, la réduction des débouchés locaux (alimentation animale, meunerie...) avait conduit la CDC à développer l'export (jusqu'à plus de 50 % des ventes). Or, à présent, elle subit la concurrence de l'Ukraine sur ses marchés traditionnels méditerranéens. « Pour la première fois, aucun camion de maïs récolté en 2018 n'est allé chez les fabricants italiens et espagnols. Et, pour les expéditions fluvio-maritimes, aucune embarcation n'a été chargée », a indiqué le négociateur commercial de la CDC, Alain Daussan, qui a fait un point sur les marchés et perspectives. Pour compenser ces pertes de débouchés, reste donc à la coopérative d'améliorer ses parts sur le marché intérieur. Ucab (alimentation animale), qui « maintient un bon régime de fabrication », représente aujourd'hui 30 % des ventes de la coopérative. En blé tendre, elles progressent sur le marché intérieur de la meunerie, la CDC étant en mesure de satisfaire les exigences des cahiers de charges. « C'est l'alternative pour répondre à la baisse des volumes exportés », a expliqué le directeur. Et le président a appuyé sur cette « modification de l'environnement commercial ».

Alain Daussan, négociateur commercial de la CDC.

Au-dessus de la moyenne

La baisse de la collecte de la CDC (de 17 %) a été en partie compensée par celle des stocks. Son chiffre d'affaires a atteint 57,5 millions d'euros et n'a reculé que de 8 %. Mais, en 2012-2013, il s'élevait à 80 millions, a constaté Christophe Pelletier. Toutefois, comparée au panel des coopératives du Sud-Est, la CDC est sur une tendance « meilleure que la moyenne », a-t-il fait remarquer. Et, « grâce à une politique d'amortissement rapide, elle a pu faire face à la baisse de collecte ». Elle est également « bien placée en termes d'indépendance financière ».
Le résultat net de la Drômoise de céréales au cours de l'exercice écoulé a légèrement dépassé le million d'euros (- 5,5 %). Celui de 2019-2020, lui, sera impacté par les canicules de l'été dernier qui ont affecté les récoltes de l'automne. Cependant, les conditions de récolte défavorables aux Etats-Unis et la sécheresse « apparente » en Europe Centrale cet automne ont fait remonter les cours. « Cela devrait nous permettre de maintenir notre niveau de compétitivité », estiment les responsables de la CDC.

L'assistance à l'assemblée générale de la coopérative Drômoise de céréales.

« Regarder assez loin »

La députée Célia de Lavergne s'est dite convaincue du modèle de la coopérative, « qui fonctionne bien », et a souligné la capacité d'adaptation de la CDC au cours de ses 25 ans d'existence. « On a un rôle à jouer en tant que coopérative pour essayer d'apporter la meilleure rémunération possible aux adhérents », a observé Christian Veyrier. Après avoir annoncé qu'il ne renouvelait pas son mandat d'administrateur, il a confié : « J'ai été un chef d'orchestre mais avec beaucoup de musiciens pour mener à bien le concert. Merci à eux de nous avoir permis de construire cette coopérative ». Et il a délivré un message : « regarder assez loin et savoir faire les bons investissements au bon moment ». Son successeur à la présidence, Lionel Eydant, a qualifié la Drômoise de céréales « d'outil moderne et compétitif » et a mis l'accent sur des aspects auxquels il accorde de la valeur : « une structure financière solide, fruit d'un travail d'équipe, une démarche HVE* en cours de lancement, un accompagnement technique innovant, sans oublier la solidarité coopérative ».

Annie Laurie

* HVE : haute valeur environnementale.

 

Lionel Eydant, nouveau président de la CDC

Lionel Eydant a été élu président de la CDC, le 12 décembre.
Le nouveau président de la coopérative Drômoise de céréales, Lionel Eydant (45 ans), est agriculteur à Beaurepaire, dans l'Isère (EARL La Ferrière). Il cultive autour de 200 hectares. Tout en grandes cultures avec 120 hectares de maïs semence (pour Top Semence), le reste en maïs irrigué, blé tendre, orge.
Lionel Eydant adhère à la CDC depuis douze ans, en est administrateur depuis six ans et vice-président depuis deux ans. « Financièrement, assure-t-il, la CDC a de quoi voir venir et établir de nouveaux projets. Le tout sera de choisir les bons projets, aux bons moments et aux bons endroits. Il y a un virage à prendre. Il faut que, dans les mois qui arrivent, le conseil d'administration décide quelles orientations prendre. Nous devons évoluer avec la demande de la société, qui tend de plus en plus vers le bio, les circuits courts. Peu d'exportations de céréales se font aujourd'hui ou alors à un prix trop bas. Nous devons donc augmenter encore la partie circuits courts et transformation de la coopérative ; actuellement, ce sont nos seuls marchés. Mais il faut quand même maintenir un pied dans le commerce mondial car, demain à l'export, il y aura peut-être de meilleures années. »
A. L.