La cécidomyie (resseliella lavandulae, diptère) est un ravageur majeur des cultures de lavande et lavandin. La réussite de la stratégie de lutte contre cet insecte est conditionnée par un positionnement des traitements aux bons moments, qui sont déterminés dans les différents secteurs de la Drôme grâce à un réseau de piégeage.

Cycle de vie et dégâts occasionnés

La cécidomyie est un insecte qui passe l'hiver sous forme de pupe dans le sol, sous les plants de lavande ou de lavandin. Dès que les températures deviennent suffisamment élevées, les adultes émergent du sol, se reproduisent rapidement et les femelles pondent leurs œufs sous l'écorce des rameaux. Ce seront ensuite les larves (asticots) qui causeront des dégâts, en ponctionnant de la sève, ce qui causera le dessèchement de rameaux et donc une perte de production en huile essentielle.

Réseau de piégeage dans la Drôme

Les asticots étant protégés sous l'écorce, la lutte consiste à cibler les adultes lors de leur période de vol qui s'étale entre janvier et avril selon les années, les secteurs et l'altitude. Afin de disposer de données locales et donc de pouvoir positionner les traitements au plus près des vols, la chambre d'agriculture de la Drôme, en partenariat avec plusieurs coopératives et l'Iteipmai(1), met en place et anime un réseau de piégeage dans le département. Des piégeages sont également réalisés dans les Alpes-de-Haute-Provence (par le Crieppam(2)) et dans le Vaucluse (par la chambre d'agriculture 84).

Plusieurs parcelles seront équipées de pièges à cécidomyies sur les principaux secteurs du département et permettront de suivre de manière hebdomadaire, par secteur, la dynamique d'émergence des insectes. En 2017, les sites suivis seront les suivants :
- secteur Hautes-Baronnies : une parcelle à la ferme expérimentale de l'Ardema à Mévouillon (suivi effectué par la chambre d'agriculture) ;
- secteur Baronnies : trois parcelles à Mirabel-aux-Baronnies et Le Poët-Sigillat (suivi réalisé par Vignolis) ;
- secteur Diois : une parcelle à Die (suivi Valsoleil) et une autre à Chamaloc (suivi producteur) ;
- secteur vallée de la Drôme : une parcelle à Aouste-sur-Sye (suivi Valsoleil) ;
- secteur plaine de Montélimar : deux parcelles à Espeluche (suivi Iteipmai) ;
- secteur Vallée du Rhône sud : une parcelle à Saint-Restitut (suivi Natura'pro).
En plus du Zoom grandes cultures, les résultats des piégeages seront communiqués chaque semaine dans le journal L'Agriculture Drômoise. Les données sont également transmises au Crieppam qui édite les bulletins de santé du végétal (BSV) pour la filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam). Ils sont téléchargeables sur le site de la Draaf Paca.

Résultats de piégeage au 31 janvier

A la date du 31 janvier, les pièges sont posés à Espeluche, Die et Aouste-sur-Sye. Les captures sont toutes nulles, ce qui n'est guère étonnant vu la période froide de ces dernières semaine. Cela contraste avec l'an passé où l'hiver avait été très doux et par conséquent les émergences de cécidomyies adultes avaient été extrêmement précoces (cf. courbe violette sur le graphique ci-après). Il est donc recommandé d'attendre les préconisations du réseau pour déclencher les traitements car il est inutile de traiter en ce moment. Vous serez informés chaque semaine de l'état des captures.

La prévention

Pour limiter les dégâts de cécidomyie sur les plants âgés d'au moins trois à quatre ans, il est recommandé d'utiliser une bineuse avec un cadre passe-culture pour éviter les frottements contre les plants. En effet, toute blessure des plants lors des binages de sortie d'hiver engendre un site de ponte privilégié pour les cécidomyies adultes. n

Cédric Yvin (chambre d'agriculture de la Drôme)
(1) Iteipmai : institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
(2) Crieppam : centre régional interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales.