“ Certaines de nos usines sont à l’arrêt, avec des pertes colossales ”

Quels ont été les premiers effets de la crise chez Sodiaal ?
Jean-Michel Javelle : « Sodiaal se préparait à une belle année. Mais avec l'arrivée de la crise sanitaire par la Chine, rapidement, nous nous sommes dits que nous devions assurer la collecte de lait chez nos sociétaires, protéger nos salariés de la maladie et protéger notre entreprise d'un point de vue économique. Nos sociétaires ont été réactifs en mettant en place les mesures d'hygiène nécessaires pour sécuriser la collecte. Nos salariés ont également joué le jeu en amont et en usine. »
Comment le confinement a-t-il affecté vos débouchés ?
J-M. J. : « L'arrêt de la restauration hors foyer a fait mal, mais nous avons pu nous réorganiser pour produire à destination de la grande distribution. Certaines de nos usines sont à l'arrêt, avec des pertes colossales, qu'il est impossible de chiffrer pour l'instant. Pour Sodiaal, le fait d'être multi-métiers fait que les conséquences sont sûrement moins importantes que pour des entreprises spécialisées. Nous avons été fortement sollicités par les GMS au début de la crise sanitaire sur des produits comme le lait de consommation (marques et premier prix), l'emmental, les fromages à pâtes molles. A l'inverse, les consommateurs ont boudé le fromage à la coupe et le fromage haut de gamme, type AOP. »
Que pensez-vous des mesures de modération de la production laitière ?
J-M. J. : « Nous avons de la chance d'avoir une filière plutôt organisée. Il faut nous organiser pour ne pas laisser de lait sur les exploitations. C'est pour cela qu'il est nécessaire de prendre des mesures de réduction de la production laitière. Bien évidemment, nous comptons sur l'aide de l'Europe et de la France : aide à la réduction des volumes, aide au stockage. Mais nous devons agir vite. J'en appelle vraiment à la conscience collective. Cette crise sanitaire arrive au pire des moments, celui du pic de production, pendant la mise à l'herbe des animaux. Je sais que c'est compliqué, mais tout le lait qui ne sera pas produit en ce moment aidera à sortir de la crise plus rapidement. Si tout le monde fait un effort, si la solidarité fonctionne, la filière s'en sortira. »
Vous parliez de segments de marchés en difficulté, comme les fromages AOP. Que comptez-vous faire ?
J-M. J. : « Dans ce contexte, Sodiaal a pris la décision d'aider des entreprises en difficulté dans le Cantal en leur achetant des volumes de lait pour les transformer en poudre. Mais le prix n'est pas le même... »
Propos recueillis par Lucie Grolleau-Frécon