Accès au contenu
ÉCLAIRAGE PUBLIC

Ces communes qui éteignent la lumière une partie de la nuit

Les communes souhaitant participer au concours « Villes et villages étoilés » avaient jusqu’au 15 septembre pour s’inscrire. Créé en 2009, ce concours met en avant la gestion de l’éclairage et la protection de l’environnement nocturne.
Ces communes qui éteignent la lumière  une partie de la nuit

Depuis près de vingt ans, l'ANCPEN (association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne) agit pour la qualité de la nuit et l'environnement nocturne. À travers le concours « Villes et villages étoilés », l'association promeut les communes qui mettent en place un éclairage visant à réduire ou supprimer les nuisances lumineuses qui impactent le paysage, la vie de la faune nocturne, mais également la santé des habitants et permettant de réduire la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre.

Un questionnaire pointilleux

Jusqu'à présent, plus de 570 communes ont été labellisées en France « Villes et villages étoilés ». Seulement, pour espérer être lauréates du concours, les villes candidates doivent répondre à des critères bien précis qui évoluent et changent au fil des années. Pour cette édition 2017, l'association a décidé de valoriser les démarches effectuées par les équipes municipales en place dans les communes depuis les élections de 2014. Pour participer (la date limite étant le 15 septembre), les personnes en charge du dossier devaient remplir un questionnaire pointilleux. Gérard Gaule, astronome et correspondant de l'ANCPEN dans la Loire, vient en aide aux communes qui en ont besoin. « Le questionnaire porte sur des critères très techniques, sur le nombre de lampadaires, leurs puissances. Parfois des données que même les communes n'ont pas, elles doivent faire appel aux services techniques », explique le correspondant. Mais son rôle premier et de faire connaître le label et le concours autour de lui : « Je présente le concours aux communes qui pratiquent déjà des réductions d'éclairage. Mais toutes ne sont pas partantes, le dossier est long à remplir, cela leur prend du temps », ajoute-t-il.

Les points lumineux attirent de nombreux insectes et leurs prédateurs comme ici une chauve-souris et perturbent la vie nocturne de ces petites bêtes, parfois même le sommeil des habitants.

59 000 euros d'économie

Les habitants n'accueillent pas toujours très bien la démarche, ces derniers craignant l'insécurité. Mais à ce jour, aucune statistique ne prouve une augmentation de la délinquance. Jean-Louis Maret, maire de la commune étoilée de Saint-Pierre-d'Allevard en Isère, explique que le temps apaise les réticences de certains. « Les réclamations sont de moins en moins nombreuses au fil du temps et de simples rencontres à ce sujet permettent de réduire les craintes ». Certains avantages ne sont pas négligeables. Le maire y note surtout l'aspect financier : « Nous avons réalisé une économie de 59 000 euros d'électricité ».
L'argument économique est d'ailleurs le principal énoncé par Gérard Gaule lorsqu'il présente le concours aux élus : « Les communes voient en premier lieu l'aspect financier. C'est ce dont je leur parle quand je les approche. Je n'évoque qu'après l'aspect environnemental », explique le correspondant. Ceci dit, les communes lauréates obtiennent des résultats encourageants sur les aspects environnementaux. L'ANCPEN a déclaré dans un communiqué que les lauréats de l'édition 2015 éclairaient « 35 à 48 % en moins en moyenne » qu'une commune de même taille. Cela se traduit par une économie d'énergie de 37 % en moyenne, soit 1,6 million d'euros d'économie pour 2015.

Entre une et cinq étoiles

Une fois la date limite de rendu du dossier d'inscription dépassée, les communes devront attendre jusqu'en janvier pour avoir les résultats du concours. Les lauréates se verront attribuées entre une et cinq étoiles en fonction des résultats obtenus. Preuve que le concours est difficile, en 2015, les villages situés à la Réunion, Les Ilets de Mafate, ont été l'unique territoire à obtenir la totalité des étoiles. Huit communes ont obtenu quatre étoiles, le reste des 202 autres se répartissant entre une et trois étoiles. Toutefois, Gérard Gaule tient à relativiser : « Si une commune procède déjà à la baisse de l'éclairage et qu'elle participe au concours, elle est pratiquement assurée d'obtenir une étoile ». À la suite des résultats, chacune d'entre elles recevra un panneau correspondant pouvant être ajouté à l'entrée de la ville. Toutes les communes (labellisées ou non) recevront également un bilan récapitulatif de leur dossier. 

Aurélien Gourgeon

 

Témoignages / Les communes de Saint-Pierre-Eynac (1 100 habitants) et Polignac (2 900 habitants), en Haute-Loire, ont reçu respectivement une et trois étoiles lors de la dernière édition du concours des « Villes et villages étoilés. » Les deux maires témoignent de leur participation.

" Les habitants ne se sont pas opposés "

Pourquoi avoir participé au concours des « Villes et villages étoilés » ?
Raymond Abrial : « Nous avons participé car nous sommes dans un secteur où c’est un petit peu “ la mode ”  d’éteindre les lumières. Une personne nous a expliqué le concours et les raisons des coupures, notamment les aspects environnementaux et financiers. Nous en avons discuté lors des conseils et nous nous sommes inscrits tout en sachant que nous avions des problèmes de lampadaires et d’éclairages à changer. Il a fallu débloquer un budget pour pouvoir participer. »

Jean-Paul Vigouroux : « Nous avons participé en priorité pour faire des économies. Le correspondant Haute-Loire de l’ANPCEN nous a conseillés, et j’ai eu l’agréable surprise de recevoir trois étoiles. Nous en avons profité pour développer d’autres aspects, c’est bénéfique pour toute la faune nocturne et le label apporte un plus sur le plan touristique. »

Quelle a été la réaction des habitants, notamment par rapport à la question de l’insécurité ?
R. A. : « Il y a toujours des gens réticents mais nous n’avons pas de problèmes d’insécurité. C’est plutôt l’effet inverse qui se produit. C’est finalement plus facile pour un voleur d’être éclairé, que s’il doit le faire lui-même. »

J-P. V. : « Nous avons fait une réunion municipale où nous avons convié la population ainsi que la police. Nous avons eu des questions, mais pas d’opposition. Et les policiers nous ont rassurés en expliquant que les statistiques ne montraient pas que cela augmentait les vols. »

Avez-vous fait des économies ?
R. A. : « Nous n’avons pas encore pu chiffrer les économies que nous avons faites. Mais nous avons pour objectif de continuer sur cette lancée. »

J-P. V. : « Nous avons réussi à faire 25 000 euros d’économie. Nous avons un budget dédié à l’éclairage public de 70 000 euros, cela représente donc une belle somme. » n

Propos recueillis par A.G.

 

En plus de réduire la facture d'électricité des communes, la réduction de l'éclairage public permet d'observer les merveilles du ciel plus facilement. De nombreux labellisés en Aura 
Depuis 2009, date de la création du concours, plus de 570 communes ont été labellisées. Certaines régions sont plus prolifiques que d’autres.
La région Auvergne-Rhône-Alpes est d’ailleurs très impliquée puisque 101 communes portent le label « Villes et villages étoilés », soit près de 20 % des labellisées. Cela en fait la première région en nombre de communes. Les départements de la Loire, Haute-Loire, du Puy-de-Dôme, du Cantal, de l’Isère et de la Drôme comptent plus d’une dizaine de communes labellisées.