Ces innovations qui vont transformer l’agriculture

L’idée est venue à Patrick Leroy, viticulteur en Champagne en observant un vendangeur remplacer le traditionnel panier à vendange par un seau alimentaire de 10L et s’asseoir dessus. Partant de ce constat, il a imaginé un seau pratique pour collecter les raisins et servir d’assise aux vendangeurs. Pour cela, il est parti d’un seau solide, de forme conique permettant de les empiler facilement pour faciliter le stockage et le transport, sur lequel une tablette servant d’assise est greffée. Devant, un large bec verseur facilite le passage du raisin entre les jambes lorsque le vendangeur est assis sur le seau. Enfin, une poignée intégrée offre une préhension facile du seau. Puisque l’idée était de rendre le travail du vendangeur plus confortable et plus pratique, il lui a donné le nom de "So Pratik". Cette invention a été saluée par le prix de Better Idea. Ensuite, Patrick Leroy a confié ses idées et dessins au Comité interprofessionnel du vin de Champagne, qui a fabriqué trois prototypes du seau à vendange servant d’assise. Ils ont été testés pendant les vendanges de 2016. Ces tests en grandeur nature ont permis d’obtenir les premiers retours d’expériences. Des experts et des vendangeurs ont éprouvé et surtout validé le So Pratik : confort, praticité, diminution de la pénibilité, etc. tous les ingrédients sont là pour un outil permettant une meilleure rentabilité. Certaines améliorations sont prévues. Une étude de faisabilité pour la fabrication du seau et sa commercialisation est en cours avec un industriel fabricant de matériels de vendange.
DésherbageDino, un porte-outil autonome pour légumes en planches
La robotisation de l’agriculture est un secteur très dynamique dans lequel de nombreux acteurs s’activent pour développer de nouvelles solutions. Naïo technologie est une start-up française qui a développé un premier robot maraîcher à tout faire : “ Oz ”. Sur cette base, elle le décline maintenant pour proposer Dino, un robot enjambeur de grande taille pour le désherbage mécanique des légumes en planches. Il convient par exemple aux cultures de salades, qu’il peut désherber mécaniquement et de manière autonome grâce à ses outils de binage et guidage. Le robot peut être équipé de différents outils de travail, comme sur un tracteur, pour les adapter à différents types de sols et de cultures. l’enjambeur autonome travaille à une vitesse de 4 km/h grâce à un guidage très précis, il s’occupe du désherbage de manière efficace, seul, sans surveillance, sans désherbant chimique. Doté d’une propulsion électrique, il pèse 600 kg pour 2 m de large et autant de long. Plus léger qu’un tracteur, il permet aussi d’éviter le tassement des sols, malgré des passages réguliers. Il peut travailler d’une planche à l’autre, sans intervention humaine, grâce à une autonomie de huit heures. Et comble du raffinement, il prévient son propriétaire par SMS dès qu’il a terminé la tâche qui lui a été assignée.
LogicielUn « tout en un » pour les agriculteurs
Suivre en temps réel l’évolution de son exploitation, c’est ce que propose Ekylibre, une start-up basée à Pessac en Nouvelle-Aquitaine. Créée fin 2014 et incubée par la Banquiz, un accélérateur de start-up de la région, l’entreprise a développé un logiciel qui permet de réunir toutes les informations nécessaires à la prise de décision : la comptabilité, la facturation et la gestion de parcelles dans un seul et même logiciel. Une seule interface pour avoir une vision globale et fidèle de l’exploitation. À travers son programme « zéro saisie », les démarches administratives sont facilitées. Dans la poursuite de cet objectif, une application a été lancée. Téléchargeable sur Android sous le nom de Mon assistant mobile au champ, elle permet de réduire le temps de saisie d’interventions sur le terrain. L’application communique directement avec le logiciel Ekylibre et enregistre l’ensemble des données saisies par l’agriculteur sur son exploitation. La communauté autour du logiciel revendique plus de 260 utilisateurs, testeurs et collaborateurs avec des échanges via Facebook, Twitter et Youtube. L’entreprise vise l’équilibre financier au premier trimestre 2017.
Capteurs connectésWeenat optimise le temps des agriculteurs
Basée à Lille, la start-up Weenat a commencé à commercialiser ses produits il y a un peu plus d’un an proposant des capteurs connectés à planter directement dans les champs. Une innovation pour les agriculteurs mais surtout un gain de temps dans leur travail. Ces objets connectés informent de la température, de l’hygrométrie (humidité de l’air) et de la pluviométrie. Objectif : prévenir les risques sanitaires et climatiques, aider à la recherche de ressource d’eau et ajuster les interventions du semis à la récolte. Les agriculteurs peuvent ensuite consulter ces données sur leur ordinateur, tablette ou smartphone en temps réel. Après trois ans de recherche et développement, l’entreprise a rejoint la Cantine numérique de Nantes en 2015 pour développer la partie développement et conception web de sa plateforme. Aujourd’hui présente dans le Nord, l’Ouest et le Sud-Ouest, Weenat a pour objectif de se développer à l’international, notamment en Hollande où elle est déjà implantée. Elle sera présente au Sima, Salon consacré au machinisme agricole, le mardi 28 février. Son fondateur, Jérôme Le Roy, interviendra à l’occasion d’une conférence sur les objets connectés de l’agriculture.
Grandes culturesUn robot pour l’agriculture de précision
La start-up Agreenculture a créé un robot dédié à l’agriculture de précision en mars 2016. Elle travaille au développement d’outils de désherbage connectés sur le maïs. Centéol mesure 1,50 mètre par 75 cm, pèse 300 kilos et est doté d’une technique de géolocalisation de très haute précision. Ce robot, doté de capteurs et de caméras infrarouges, est la toute nouvelle création d’Agreenculture. Basée dans le sud de Toulouse, Agreenculture est composée d’une équipe d’experts en robotique, notamment de trois ingénieurs en aéronautique. L’un d’entre eux a travaillé pendant plus de dix ans sur la géolocalisation. Leur objectif : réduire les investissements des machines pour rééquilibrer la santé financière des exploitations. Ce robot, appelé aussi “ dataculteur”, se charge de récupérer des informations dans les champs pour analyser au mieux les besoins des agriculteurs. Il peut désherber un hectare par heure de maïs avec une autonomie de 24 heures. Après le binage du maïs, Centéol intégrera prochainement le lâcher de trichogrammes ou encore l’épandage localisé d’engrais ainsi que le semis monograine. L’entreprise souhaite réaliser ses premières prestations en 2017. L’équipe travaille déjà sur la création d’un outil d’optique pour repérer la présence de nuisibles, d’éventuelles maladies ou besoins particuliers sur les plantes.
Boîtiers connectésAméliorer le pilotage de sa ferme
Copeeks est une jeune start-up créée en avril 2016 à Lannion dans les Côtes-d’Armor. Elle conçoit, développe et commercialise sous forme d’abonnement une solution de monitoring et de suivi intelligent à l’attention des agriculteurs. La jeune pousse propose une gamme de boîtiers connectés "Peek" qui réalisent, selon les attentes des utilisateurs, de la collecte de contenus multimédia en haute définition (images, vidéos) synchronisés avec des données numériques issues de multiples capteurs depuis les espaces de production agricole. Ainsi, ces capteurs deviennent les yeux de l’agriculteur. En quelques minutes, depuis n’importe quel support numérique, l’agriculteur peut voir l’état de ses cultures ou de son troupeau. Un éleveur peut par exemple regarder un petit film réalisé par le capteur installé dans la pâture des génisses à plusieurs kilomètres de sa ferme. Les boîtiers jouent également le rôle de mini-station météo avec la courbe de températures ou l’humidité sur une période de temps souhaitée (heure, journée, semaine). L’ensemble des informations collectées est présenté de manière synthétique sur une plateforme web. La solution Copeeks permet selon ses concepteurs de tracer plus finement les productions, d’accélérer les prises de décision, de réduire certains déplacements, de réaliser des levées de doute et de prodiguer un large panel de conseils et d’expertises.
RavageursUn piège à insectes connecté et autonome
La société Cap 2020 a développé un piège à insectes connecté dont l’inventeur est Nicolas Daüy, un jeune ingénieur agronome primé au concours vendéen Agreen Proto. Ce piège, géolocalisé et autonome en énergie, permet de compter les insectes piégés en reconnaissant leur signature sonore. L’agriculteur, en utilisant ce piège, peut savoir en temps réel et à distance le nombre de ravageurs piégés ce qui permet d’adapter sa conduite pour traiter ses cultures ou de repérer ses périodes de reproduction pour imaginer de la confusion sexuelle. Dans un réseau de surveillance, ce genre de capteur prend tout son sens, les agriculteurs n’ont plus besoin de réaliser de comptage, les résultats sont visibles sur une plateforme web en quelques clics. Cap 2020 est une jeune entreprise innovante spécialisée dans l’innovation appliquée aux conseils agronomiques à la parcelle. Elle a été créée en 2007 par Denis Boisgontier après 30 années d’expérience au sein d’Arvalis – Institut du végétal dans différents domaines.
MutualisationCalculer simplement l’utilisation de son matériel agricole
Créée par deux entrepreneurs et un agriculteur, ConnectAgri est une jeune entreprise fondée en 2016. Elle propose une solution pour faciliter la gestion du matériel agricole, par exemple lors de la mutualisation. ConnectAgri est parti d’un constat simple : la répartition des coûts de fonctionnement du matériel en copropriété entre agriculteurs est très compliquée. Elle a donc mis au point un carnet de notes connecté, le “ Karnott ”. Placé sur chaque engin agricole, compatible avec toutes les marques, tous les modèles et de tous âges, le Karnott remplace les carnets de notes tenus par les agriculteurs et l’indispensable saisie informatique ensuite. L’objet connecté détecte automatiquement qui utilise le matériel sans aucune opération de la part du chauffeur. Les données d’utilisation (en ha, en heures et en km) remontent automatiquement sur une plateforme web qui permet au regroupement, telle une cuma, de mieux gérer le matériel partagé, le réserver et connaître qui l’utilise en quelques clics. Les interventions sont confidentielles, archivées et cartographiées. Le boîtier permet de répartir facilement les charges entre les différents utilisateurs du matériel.
BiocontrôleUn drone conçu pour la confusion sexuelle
Dans la lutte contre le carpocapse de la châtaigne, la station d’expérimentation de la filière fruits et légumes de Nouvelle Aquitaine, Invenio, a expérimenté la confusion sexuelle pour lutter contre le carpocapse du châtaignier. Elle a ainsi démontré qu’il est possible de réduire jusqu’à 50 % le nombre de fruits véreux en utilisant la confusion sexuelle. Cependant, la difficulté résidait dans la mise en place des anneaux diffuseurs dans les parties supérieures des arbres. C’est pourquoi, Invenio a développé un drone capable d’aller déposer la confusion sexuelle directement en haut des arbres. Les techniciens se sont également aperçus que les images et vidéos réalisées des arbres depuis le ciel fournissaient quantité d’informations intéressantes à exploiter pour les producteurs : impact de la taille des arbres, développement et configuration de la canopée, appréciation visuelle du rendement, etc. Aussi, une solution permettant d’utiliser de façon optimale la confusion sexuelle en verger de châtaignier a été développée sous le nom de “ Biopose ”. Un premier drone de reconnaissance permet d’identifier la zone et de définir les points de largage de la confusion sexuelle. Ce vol permet aussi de récupérer les informations photos et vidéos pour l’appui technique ultérieur. Ensuite, un second drone équipé pour larguer la confusion sexuelle survole le verger à traiter en fonction des points de pose définis. C’est une solution économiquement rentable, utilisable pour tous les types d’agriculture, y compris en bio.
Biocontrôle Des poules contre le frelon asiatique
Face aux dégâts provoqués par le frelon asiatique sur les insectes pollinisateurs nécessaires aux vergers, un arboriculteur bio d’Ille-et-Vilaine, Christophe Bitauld, a eu l’idée d’installer des poules noires de Janzé, une espèce traditionnelle de poules à préserver, dans ses vergers, notamment de pommes pour lutter contre le frelon asiatique et l’anthonome, ravageur des pommiers. « C’est en contactant l’écomusée de Rennes que j’ai découvert qu’il conservait une race de poule avec une forte capacité à manger des insectes et qui grimpait aux arbres, c’est comme ça que j’ai découvert la poule noire de Janzé », explique l’arboriculteur. En effet, ces poules sont capables d’attraper des insectes, dont le frelon asiatique lors de son vol stationnaire où il attrape les abeilles. Grâce à leurs puissantes ailes, les poules noires de Janzé grimpent dans les arbres et se régalent également des nombreux insectes présents. Pour ses patrouilleuses à plumes, l’arboriculteur a aménagé un poulailler roulant servant également de pondoir. Le prototype a été aménagé à partir d’une remorque routière à ouverture programmée et autonome. Cela lui permet également de transporter, dans le même temps, les moutons shropshire qui s’occupent de désherber les vergers depuis sept ans. Cette expérience de poulailler mobile pour l’introduction de la poule noire de Janzé en verger, Christophe Bitauld l’a baptisé sous le nom de “ Ty Poul ” ou maison des poules en breton.