Ces vaches laitières stars des podiums

C'est une tradition. Chaque année, depuis plus de 40 ans, la commune d'Hauterives organise une foire le lundi de Pâques. L'événement, qui se veut avant tout commercial, fait également la part belle à l'agriculture locale en proposant un concours de vaches laitières. Ce qui n'était qu'un petit comice à ses débuts est devenu aujourd'hui une très belle vitrine de l'élevage. Le concours - devenu interdépartemental il y a quelques années - réuni en effet désormais les éleveurs bovins de la Drôme, mais aussi de l'Ardèche et de l'Isère. Des dizaines de Montbéliardes et de Prim'Holsteins sont ainsi mises à l'honneur. Un événement très apprécié qui attire de nombreux visiteurs, qui plus est lorsque le beau temps est au rendez-vous.
La morphologie
de l'animal étudiée
Pendant toute une journée, les demoiselles et dames - qui concourent par catégories (première lactation, etc.) ainsi que dans des championnats - sont ainsi passées au crible par des juges professionnels. Le challenge inter-départemental élit le lot de vaches le plus homogène dans la morphologie, le prix Gabriel Biancheri récompense la vache la plus rentable, tandis que le prix Bernard Ravoire sacre la meilleure mamelle. Il ne s'agit donc point de concours de beauté, même si les éleveurs ont été amenés à laver et tondre leurs animaux en amont de l'événement. C'est qu'il ne faut rien laisser au hasard. Mais le concours s'avère être bien plus complexe que cela. Différents aspects sont en effet pris en compte dans l'appréciation générale des juges. La mamelle est l'un de ces critères. On étudiera ainsi la profondeur du sillon, poste essentiel pour le soutien du système mammaire. La mamelle sera alors fonctionnelle le plus longtemps possible.
La distance plancher-jarret fait également l'objet d'une étude. Il s'agit là d'avoir une mamelle la plus haute possible, garantissant alors une certaine qualité au fil des années. L'attache avant et l'attache arrière sont aussi scrupuleusement analysées. L'attache de la mamelle se doit d'être ferme à la paroi abdominale et dans son prolongement ; l'attache arrière doit être la plus haute possible. Des éléments importants pour la longévité de l'animal. L'équilibre de la mamelle, ou encore l'implantation, la longueur et l'écart des trayons sont aussi des éléments retenus. Ces derniers doivent être parallèles. Ils permettent alors une traite plus rapide pour le trayeur. Autant d'éléments qui permettent par ailleurs d'améliorer les conditions de travail des éleveurs.
Un poste important à apprécier est le développement de l'animal. On ne cherchera pas forcément un animal avec des dimensions extrêmes mais plutôt une vache harmonieuse, bien régulée dans l'ensemble de ces postes avec une bonne largeur de poitrine et de bassin. La grosseur de l'ossature a également une importance car on recherche un animal avec du caractère laitier.
Les juges se focalisent également sur les qualités de la démarche de l'animal. Un dernier poste déterminant qui donne d'ailleurs des indications quant à la longévité des vaches. « Lors de la marche au licol, l'humain doit être en symbiose avec l'animal. Ce dernier doit être dressé », note Yannick Blanc, l'un des membres du comité organisateur.
La convivialité avant tout
Lors de l'édition 2014, l'EARL de Bellevue s'était particulièrement distinguée en raflant sept prix de promotion de la race Prim'Holstein. Celle-ci, implantée sur la colline qui surplombe Saint-Germain-d'Hauterives, avait ainsi gagné le titre d'exploitation la mieux récompensée. L'EARL de Régis Chancrin avait également obtenu le prix de la vache la mieux récompensée avec Guinness qui obtient quatre prix, dont deux premières places (championne espoir, meilleure mamelle espoir). Le championnat mamelle jeune s'ajoutait au palmarès avec Fringante, une vache en seconde lactation. Bien que régulièrement primé, l'éleveur veut rester modeste. « Je fais partie des membres organisateurs, je me dois de participer, relève-t-il. J'y participe depuis une vingtaine d'année. Ce concours se veut aussi être une vitrine pour l'élevage dans la Drôme et un lieu convivial entre éleveurs. Je ne le fais pas forcément pour les prix. Et d'ailleurs, on ne peut pas en vivre, confie-t-il. L'objectif est autre. Par ailleurs, des éleveurs ardéchois et isérois viennent à Hauterives. Nous leur rendons en quelque sorte la monnaie de leur pièce, en participant aussi à leurs concours. J'ai par exemple gagné à Biolles, avec Fringante. C'est un vrai plaisir », poursuit-il. Il faut dire que la convivialité est aussi l'un des moments forts du concours interdépartemental d'Hauterives. « D'ordinaire, cela se passait le lundi. Les animaux arrivaient le matin et repartaient le soir. Désormais, ils arrivent le dimanche et nous organisons un repas entre éleveurs. L'événement demande toute une logistique : il faut installer des stalles, un ring mais aussi une salle de traite, etc. », explique Yannick Blanc. Pour sa bonne organisation, l'événement bénéficie de quelques subventions mais surtout du soutien financier de professionnels, tels le Contrôle laitier, des marchands d'aliments ou encore de machinistes agricoles.
Aurélien Tournier
Concours /
Attitude et aspect irréprochables
L'éleveur ajoute cependant qu'il pourrait, selon lui, y avoir moins de participants lors des prochaines éditions. La faute à la conjoncture actuelle, le prix du lait étant en forte baisse. Dès lors, le moral n'est pas forcément au beau fixe dans les élevages.
Cependant, il n’est pas moins concerné. Il a en effet repris l'affaire familiale en 1990 et les bâtiments sont depuis amortis. Mais la crise de l'élevage, Régis Chancrin la ressent tout de même. « C'est vrai que je suis moins touché que d'autres ; j'ai des charges en moins par rapport à ceux qui se sont installés plus récemment. ll manque 50 euros à la tonne par rapport à 2014. On essaie de faire des économies, explique-t-il, en limitant les intrants par exemple. »
A. T.