CFPPA de Nyons : 35 ans au service de la filière Ppam

Du 4 au 6 octobre, l'équipe du CFPPA de Nyons a célébré ses 35 ans de formations dans les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam). Pour l'occasion, elle avait invité anciens stagiaires, cueilleurs, producteurs, transformateurs, techniciens et acteurs de la formation à faire le bilan de leur aventure, à partager leurs expériences, à faire un point d'actualité sur leur métier et à imaginer un enseignement adapté aux mutations de la filière et de la société.
La Drôme par son climat, son patrimoine végétal spécifique et la taille modeste de ses exploitations, permet à des porteurs de projets de s'installer à moindre coût dans la filière des Ppam en travaillant sur de petites surfaces et de vivre par la valeur ajoutée à leur production grâce à la transformation en huiles essentielles, hydrolats, sirop...
A ces rencontres tenues à la Maison de Pays de Nyons, exposition et marché aux plantes, démonstration de distillation, atelier de teinture végétale, conférence « Plantes et remèdes du Midi », librairie spécialisée, sorties botaniques et visite d'exploitation ont jalonné les trois jours. Et, le vendredi soir, a eu lieu l'inauguration officielle du nouveau bâtiment agricole pédagogique du CFPPA ainsi que de son unité de distillation (voir encadré ci-dessous).
1983 : création du BPREA
Ces rencontres se sont articulées autour de quatre grands thèmes. Le 4 octobre, Philippe Bizeul, directeur du CFPPA de Nyons, et Maurice Chalayer, directeur de l'ELP Le Valentin de Bourg-lès-Valence, ont lancé les rencontres par un rappel des débuts de l'enseignement agricole sur les Ppam en France au cours du XXe siècle, jusqu'à la création du BPREA plantes à parfum, aromatiques et médicinales en 1983. Animateurs et public ont ensuite échangé sur le virage de l'agro-écologie dans la formation Ppam et sur la manière de concilier l'engouement pour les produits de cueillette et la préservation des ressources végétales. La transformation, artisanale et industrielle, a posé la question du respect des attentes des consommateurs en termes de sécurité et de qualité. La distillation elle-même a soulevé le problème de la consommation des ressources et de la préservation de l'environnement. Une conférence grand public a clos la journée sur le sujet « La transmission des savoirs des plantes par les femmes en montagne ».
Des centaines de stagiaires
Le lendemain, les participants aux rencontres se sont interrogés sur la préservation de la dynamique de la filière Ppam dans son cadre réglementaire en fonction des usages et des nouveaux potentiels commerciaux. Au fil du temps, l'enseignement et les formations dispensés se sont adaptés à un public de stagiaires hors cadre familial agricole et à des personnes en reconversion professionnelle ou avec des projets de vie. Des centaines de stagiaires, issus de la région mais aussi de toute la France et de l'étranger, se sont succédés sur le site de Nyons. De quelques journées organisées en 1983, le CFPPA est passé à 310 personnes accueillies en 2017 dont 100 en formations longues (40 en formation ouverte et à distance) et 210 en formations sur une semaine en production, cueillette, transformation ou distillation.
Paysan-herboriste, quel statut ?
La reconnaissance d'un statut de paysan-herboriste - une activité rassemblant des compétences et des connaissances populaires et séculaires propres aux gens de la terre - pourrait dynamiser la filière tout en répondant aux demandes d'un public toujours plus désireux de produits naturels pour entretenir son bien-être au quotidien. « La vente directe de plantes aromatiques et surtout médicinales impose un volume de compétences spécifiques pour leur culture, leur transformation et leur vente », a signalé Rémy Margiella, producteur local et animateur de la table ronde.
Avenir de l'herboristerie
La mission d'information menée récemment par un groupe de sénateurs sur le développement de l'herboristerie et la reconnaissance du métier d'herboriste a livré ses conclusions. Une seule proposition concrète permettra de réexaminer la liste des 148 plantes « libérées » du monopole pharmaceutique pour y intégrer des plantes d'Outre-mer ou celles reconnues pour agir sur les « petits maux du quotidien ». Sur l'avenir des métiers de l'herboristerie, la mission n'a pas véritablement tranché, seuls les pharmaciens d'officine sont autorisés à vendre des plantes médicinales inscrites à la pharmacopée.
Cependant, des recommandations sont faites. Avec l'importation de plus de 80 % des plantes vendues sur le territoire national, le rapport de la mission ne peut qu'encourager à développer cette filière d'excellence en lançant un label « Plantes de France », à soutenir la recherche agronomique et à augmenter la part des surfaces cultivées en agriculture biologique.
J.M. P.
