Chambre d'agriculture : des exemples d'accompagnement en bio

Laurent Faure / Lorsqu'il s'est installé et a converti ses terres en bio, Laurent Faure s'est fait accompagner par la chambre d'agriculture. Son exploitation sert aussi de support d'essais.
Une ferme épaulée dans sa conversion et support d'essais bio
Laurent Faure a repris l'exploitation de son père en décembre 2009, à Aouste-sur-Sye. Il cultive 34 hectares dont plus de 10 de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (lavandin, lavande, mélisse, thym...). Des Ppam distillées en prestation par Herbarom (fabricant d'huiles essentielles et d'extraits végétaux), vendues à cette entreprise et des grossistes. S'ajoutent des grandes cultures, ainsi que 5 hectares de soja pour l'alimentation humaine, le tout livré à la coopérative Drômoise de céréales. Par ailleurs, il a un élevage cunicole de 300 mères (maternité et engraissement) et vend ses lapins à des abattoirs. Il est en outre entrepreneur de travaux agricoles (plantation et récolte de Ppam).
Dès son installation, Laurent Faure a converti toutes ses terres en bio. Il a alors choisi de se faire accompagner par la chambre d'agriculture sur le plan administratif (démarches pour la certification et l'obtention des aides principalement) et technique (conduite des cultures). Un suivi sur trois ans assuré par Pierre-Yves Mathonnet, conseiller au sein de la compagnie consulaire spécialisé en Ppam. Laurent Faure a également suivi, à Nyons, une formation sur la culture bio de ces plantes.
Les relations entre cet agriculteur et la chambre d'agriculture ne s'arrêtent pas là. En effet, des essais d'engrais verts et d'engrais organiques ont été conduits sur ses terres. Mikaël Boilloz, conseiller grandes cultures, fait des observations dans ses tournesols (pour le Zoom grandes cultures). Ce sont aussi deux rencontres « Bout de champ » Ppam (binage et récolte) organisées par la chambre d'agriculture sur l'exploitation de Laurent Faure et une démonstration de binage de Ppam qu'il a réalisée au salon Tech&Bio 2013.
« L'accompagnement bio de la chambre d'agriculture est utile au niveau administratif et technique, souligne-t-il. Et je trouve les rencontres "Bout de champ" très intéressantes, notamment pour les échanges avec les techniciens de la chambre d'agriculture et d'autres agriculteurs, avoir leurs points de vue. »
Cave de Saint Pantaléon / Depuis 2010, la chambre d'agriculture assure un appui technique collectif auprès des adhérents de la Cave de Saint-Pantaléon-les-Vignes pratiquant l'agriculture biologique.
Un appui technique collectif en bio
Jean-François Julian est en Gaec avec Hugues Laveaud, son cousin. Ils cultivent 33 hectares de vignes à Rousset-les-Vignes (80 %), Saint-Pantaléon-les-Vignes et au Pègue, en côtes-du-rhône et côtes-du-rhône village Rousset-les-Vignes. Suite à l'engagement dans un CTE(1) au début des années 2000, le désherbage chimique des vignes a été abandonné. Puis, en 2009, l'exploitation a été convertie à l'agriculture biologique. Jean-François Julian est aussi président de la Cave de Saint-Pantaléon-les-Vignes. Trois adhérents de cette coopérative pratiquaient l'agriculture biologique depuis les années 1980. Dix autres (dont celle de Jean-François Julian et Hugues Laveaud) ont adopté ce mode de production entre 2007 et 2012.
« Vu le nombre de nouvelles conversions, j'ai trouvé nécessaire de mettre en place un groupe bio au sein de la coopérative pour nous souder, parler de technique, de nos pratiques, explique Jean-François Julian. Nous avons sollicité un appui technique collectif de la chambre d'agriculture en 2010, qui est renouvelé tous les ans depuis. Il est financé par la Cave de Saint-Pantaléon. Les coopérateurs bio en bénéficient tous de manière collective et, éventuellement, individuellement en cas de problèmes particuliers. Julien Vigne, conseiller à la chambre d'agriculture, anime notre groupe tout au long de l'année. Pendant la période de pousse active de la vigne (mai, juin, juillet), où les ravageurs et maladies font le plus de dégâts, des réunions sont organisées avec lui dans les vignes. Elles ont lieu tous les quinze jours, parfois toutes les semaines et durent une heure. Nous avons voulu des réunions courtes, du pratico-pratique, pour parler de technique, observer, réaliser des comptages, échanger, poser des questions.
Cet apport de la chambre d'agriculture est fondamental car elle nous donne des informations plus larges que ce que nous voyons dans nos vignes. En outre, Julien nous renseigne sur les nouveaux produits de traitement avec une vision neutre. Il intervient aussi hors saison pour des réunions bilan de campagne, avec dégustations de vins. Je ne pense que du bien de cet accompagnement. J'aimerais aller plus loin, faire des essais mais c'est compliqué et il faut pouvoir mobiliser des financements. »
L'Etoile du Vercors / En vue d'accroître sa production de saint-marcellin bio, L'Etoile du Vercors cherche des producteurs de lait de vache bio. La chambre d'agriculture l'accompagne dans son projet.
Un accompagnement pour développer le saint marcellin bio
L'Etoile du Vercors collecte annuellement 27 millions de litres de lait de vache et de chèvre en Drôme et Isère auprès de quelque 90 éleveurs. Avec, elle fabrique 600 tonnes de saint marcellin, 1 500 de saint félicien et 370 tonnes d'autres spécialités. En moyenne, elle emploie 200 salariés au total sur ses sites de Saint-Just-de-Claix, Têche et Saint-Christophe-sur-Guiers (Isère).
Actuellement, sur l'aire de l'IGP(2) saint marcellin, cette fromagerie compte 56 producteurs de lait de vache (18 millions de litres par an). Quatre d'entre eux, tous du Vercors drômois, la fournissent en lait bio (900 000 litres). « Ce n'est pas suffisant pour répondre à la demande commerciale, confie Thierry Benoist, responsable des approvisionnements lait sur le périmètre de L'Etoile du Vercors. Nous nous devons de satisfaire cette demande. C'est une opportunité à saisir pour valoriser la production. Nous parions sur la croissance de la consommation et entendons mettre les moyens. Nous avons donc besoin, au minimum, de doubler notre volume de lait répondant à la fois aux cahiers des charges de la production biologique et de l'IGP. Notre objectif est de transformer deux millions de litres annuellement en saint marcellin bio d'ici 2019. »
Pour atteindre cet objectif, L'Etoile du Vercors a lancé un plan de développement. Dans ce cadre, « nous travaillons avec Jean-Pierre Manteaux, conseiller bovins lait à la chambre d'agriculture de la Drôme, explique Thierry Benoist. L'automne dernier, nous avons organisé une demi-journée d'information sur le bio, les laits que la fromagerie pouvait valoriser, les perspectives de développement. Cinq producteurs de l'aire IGP saint marcellin y ont pris part. Nous avons prévu une autre demi-journée le 23 février, avec Jean-Pierre Manteaux et Christel Nayet, conseillère en élevage bio à la chambre d'agriculture de la Drôme. Cette rencontre avec nos producteurs prêts à s'engager dans la conversion sera plus une approche règlementaire et technique (calendrier pour la conversion, cahier des charges bio et orientations à prendre pour y répondre...). Pour nous, l'appui de Jean-Pierre est intéressant. Il arrive à mobiliser les énergies de notre côté comme chez les producteurs. Il connaît les éleveurs, leur modèle de production et sait ce qu'ils ont à faire pour s'adapter et dégager une rentabilité en bio. » La chambre d'agriculture de la Drôme proposera aux éleveurs de L'Etoile du Vercors, comme aux autres laiteries, un accompagnement individuel et collectif pendant les deux ans de conversion.
(1) CTE : contrat territorial d'exploitation.
(2) IGP : indication géographique protégée.
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