Accès au contenu
Espace rural

Chapardage ou vol organisé, un fléau pour les agriculteurs

Georges Brassens laissait volontiers courir le voleur de pommes malchanceux dans « La mauvaise réputation ». Pas sûr que les « culs-terreux » goûtent à cette rengaine quand ils font face à des délits répétés.

Chapardage ou vol organisé,  un fléau pour les agriculteurs

L'automne c'est la saison des champignons. Des milliers de quidams partent en balade du dimanche à la cueillette aux champignons. Si par définition les fruits de la terre appartiennent à leur propriétaire, la loi accorde une tolérance et ne verbalise qu'au-delà de cinq litres par jour et par personne, afin de lutter contre la cueillette massive en vue de la revente. Ces dernières années, la commune de Vassieux-en-Vercors dans la Drôme a eu à faire face à un afflux de ressortissants roumains et bulgares qui organisaient un véritable marché noir des lactaires sanguins.

La hantise des nuciculteurs

Le problème est plus prégnant quand la cueillette ou le ramassage sauvage concerne les fruits du travail de l'agriculteur. « Ce n'est pas parce que les noix sont au sol qu'elles ont été abandonnées par le nuciculteur », rappelle Catherine Petiet, directrice du comité interprofessionnel de la noix de Grenoble. Parfois les évidences doivent être rappelées. Même s'il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. « Il y a deux ans, année de gros volumes, les nuciculteurs peinaient à récolter en temps et en heure. Du coup, il y a eu beaucoup de ramassage sauvage et parfois du vol organisé. Certains se sont fait embarquer leur remorque pleine... »
Au Gaec des Vergers à Le Cheylas, situé à mi-chemin entre Grenoble et Chambéry dans la très passante vallée du Grésivaudan, le problème est récurrent. « Pour les noix, cela devient un vrai fléau. Passer une certaine date, les gens sont persuadés qu'ils ont un droit de glanage », s'exaspère Cyril Brunet-Manquat.

Auto-surveillance...

Mais la noix n'est pas le seul fruit à attiser les convoitises. « Une fois j'ai constaté qu'un véhicule s'était garé dans mes maïs pour se cacher et remplir le coffre de la voiture de pommes », peste l'arboriculteur, malheureusement trop habitué à ce genre d'infortunes. « Il y a les cyclistes qui volent un fruit ou deux pour goûter. Mais à la fin de la journée, si tout le monde fait pareil... On ne veut pas clôturer tous nos champs. Il y a bien une police municipale mais elle n'est pas efficace. Quant à la gendarmerie, elle a autre chose à faire... »
Les membres du Gaec assurent eux-mêmes la surveillance, une situation délicate. « Ça a été jusqu'à des coups de fusils tirés en l'air, reconnaît l'arboriculteur. Un jour, je suis tombé sur des primeurs de Grenoble qui venaient voler des fruits pour les revendre le lendemain ! » Pour ce dernier cas, l'affaire s'est finie au tribunal et l'agriculteur a été indemnisé. Mais l'autosurveillance n'est pas sans risque et les possibilités de débordements sont réelles. Chacun garde encore le drame qui s'est produit dans une parcelle de chênes truffiers de notre département.
Pour prendre le contre-pied du problème, faut-il encourager l'auto-cueillette ? La stratégie a fait ses preuves commercialement. « Mais si on commence à autoriser les gens à entrer sur les parcelles, il n'y aura plus de limite », craint Cyril Brunet-Manquat.