Accès au contenu
Elevage

Charolais : « Le syndicat de race crée des liens et permet de progresser »

David Rivière préside le syndicat des éleveurs charolais de l’Isère. Il nous explique l’intérêt d’un syndicat de race sur le plan technique, économique et humain.
Charolais : « Le syndicat de race crée des liens et permet de progresser »

Un syndicat de race et un syndicat professionnel ont-ils des finalités comparables ?
David Rivière : « Il y a peu de différences en termes d'objectif. Notre raison d'être, c'est de promouvoir la race charolaise et de défendre les intérêts de ses éleveurs. C'est ce qui nous pousse par exemple à tenir un restaurant à la foire de Beaucroissant : nous y faisons la promotion de la viande charolaise, mais nous parlons aussi de notre métier. »

Comment est né le syndicat des éleveurs charolais de l'Isère?
D. R. : « Il a été créé au début des années 1980 par un groupe d'éleveurs situés dans les Chambarans. C'était l'époque des primes à la cessation laitière. De nombreux éleveurs se sont convertis dans l'élevage bovin viande mais ils n'en avaient pas forcément la culture. Une poignée d'entre eux a eu l'idée de se regrouper pour partager les expériences et les connaissances. Ils ont ensuite commencé à participer à des concours, comme celui de l'ancien salon de l'agriculture dauphinoise. En 1996, avec la création de Charolais Sud Est, a été lancé le concours de Beaucroissant. Et ensuite le restaurant. »

Quelle est la fonction première d'un tel syndicat ?
D. R. : « Aujourd'hui, c'est de rassembler les éleveurs dans un élan commun pour faire connaître notre production, sous forme de viande ou de reproducteurs, mâles ou femelles. Nous organisons aussi des visites, des journées techniques qui permettent de se former et de se perfectionner. Cela crée une émulation. Quand on visite une ferme ou un centre d'allotement, on se fait expliquer tout ce qui concerne le mode d'élevage et de sélection, l'alimentation, la reproduction, la génétique... On rentre chez nous comme des fous, avec plein d'idées pour faire évoluer nos élevages et actionner des leviers au niveau économique. »

Qu'en est-il de l'amélioration de la race ?
D. R. : « Nous essayons de suivre les directives nationales, bien sûr, mais nous travaillons aussi à l'échelle locale. Le syndicat a fait d'acquisition de deux taureaux à haute valeur génétique, dont il a diffusé la semence à moindre coût. Certains éleveurs progressent aussi grâce aux concours. Le fait d'y participer n'est pas obligatoire, mais ça permet de se situer et donc de se perfectionner. Avec les concours, je me suis par exemple rendu compte que mes animaux étaient bien développés mais qu'ils manquaient un peu de viande. Ça me permet aussi de faire connaître mon élevage et de montrer à de potentiels clients ce que je suis capable de produire comme animaux. Au concours départemental ou à la Beaucroissant, nous avons chaque fois de nouvelles touches, des éleveurs charolais qui cherchent des reproducteurs, mais aussi des clients qui veulent faire des croisements. »

La dimension humaine n'entre-t-elle pas aussi en ligne de compte ?
D. R. : « Le syndicat crée des liens. La Beaucroissant de printemps, celle d'automne, les journées techniques, le repas de fin d'année avant les vêlages, ce sont autant d'occasions d'échanger, de tisser des liens, de bâtir des amitiés fortes. Ça permet de partager, de sortir de son isolement et de son train-train quotidien. Ça fait du bien. Nous sommes actuellement 25 adhérents et cherchons à agrandir notre cercle. Mais les gens font souvent l'amalgame entre concours et syndicat. Pourtant, chacun fait comme il veut. Nous sommes un groupe d'amis, soudés, nous tirons tous vers le haut les uns les autres, pour avancer ensemble. C'est comme cela que nous parviendrons à nous en sortir dans nos fermes. »

Entretenez-vous des liens avec les autres syndicats de race ?
D. R. : « Oui, bien sûr. Nous échangeons beaucoup avec le syndicat limousin, notamment. Sans ces liens, nous n'aurions jamais monté l'association des Eleveurs de saveurs iséroises. » 

Propos recueillis par Marianne Boilève