Chasse : une ouverture sous le signe de la biodiversité

Avec les conditions climatiques de 2017 (hiver doux, été sec), la saison de chasse s'annonce particulière cette année pour les 14 500 chasseurs drômois (parmi lesquels un millier d'agriculteurs). L'effectif de faisans, perdrix rouges, canards et poules est en baisse. La population de chevreuils a elle aussi diminué tout comme celle des cerfs, chamois et mouflons mais dans une moindre mesure. A contrario, le nombre de lapins de garenne, de lièvres d'Europe mais également de grives, merles noirs et pigeons ramiers est en hausse. Enfin, et ce n'est pas un scoop, les sangliers continuent à pulluler en Drôme et les dégâts avec. Avec la sécheresse, des vignobles en font aussi les frais. « Les ACCA ont déjà acheté pour 80 000 euros de matériels électriques pour protéger les cultures », indiquent les représentants de la fédération des chasseurs (FDC) de la Drôme. Jean-Louis Briand, secrétaire général, précise que l'excès de chaleur n'a pas été propice au bon exercice de la chasse aux sangliers, ouverte depuis la mi-août. A noter, 15 500 sangliers ont été abattus sur la saison 2016-2017.
Acquisition, réhabilitation d'espaces
A l'occasion de la nouvelle saison de chasse, qui débute ce dimanche 10 septembre, la FDC a souhaité mettre en avant ses actions en faveur de l'environnement. Un thème cher au regretté président Alain Hurtevent et qui s'est concrétisé, le 1er septembre, par la signature de deux conventions. La première exprime la volonté des chasseurs drômois d'agir en partenariat avec le conservatoire des espaces naturels de Rhône-Alpes (CEN-RA). Les deux signataires s'engagent ainsi à travailler ensemble pour une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité sur le territoire drômois, en lien avec les activités cynégétiques. Et aussi pour favoriser conjointement la préservation et la gestion concertée d'espaces naturels et ruraux, remarquables ou ordinaires. « Le premier pilier de ce partenariat porte sur la maîtrise foncière de terrains à enjeux pour la biodiversité », a expliqué Jean-Yves Chetaille, président du CEN-RA. Ainsi, via la Safer (où la FDC siège), des terrains pourront être acquis afin d'y préserver ou réhabiliter, entre autres, des zones humides, pelouses sèches... Les interventions se feront aussi en appui des collectivités territoriales lors de l'élaboration de Scot(1), PLU(2)... C'est le second pilier de cette convention, le dernier portant sur la diffusion des savoir-faire dans la gestion des espaces naturels.
Expérimentation de bandes enherbées
La préservation de la biodiversité fait également partie des thématiques du monde agricole. Aussi, ce même jour, la FDC, la chambre d'agriculture de la Drôme et l'office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont signé une convention « agrifaune ». Celle-ci a pour thème les bords de champs et l'agroforesterie. Sera notamment expérimentée l'implantation de bandes enherbées favorisant la biodiversité, notamment les pollinisateurs sauvages et autres insectes dont se nourrissent beaucoup d'oiseaux (jeunes perdrix et jeunes faisans notamment). Des mélanges de graines seront ainsi évalués, de même que des dates optimales d'implantation et de broyage des couverts. Ces mélanges seront ensuite proposés aux agriculteurs. Premier vice-président de la chambre d'agriculture, Jean-Pierre Royannez a mis en avant la nécessité de « trouver les meilleurs compromis et solutions, tant pour favoriser et réguler la petite faune utile à l'agriculture que pour enrichir les sols avec des mélanges plus intéressants qu'une simple moutarde par exemple. » Il a également rappelé l'opération portant sur les Cipan (cultures intermédiaires pièges à nitrates) avec plus de 1 000 hectares déjà implantés (lire ci.....). « Une action à faire perdurer », a-t-il espéré. Pour Franck Bony, chef de brigade à l'ONCFS, « il s'agit d'assurer le développement d'une agriculture durable compatible avec la faune sauvages et ses habitats ».
« Gérer , préserver et sensibiliser », c'est en trois mots le résumé fait par le directeur de la FDC, Denis Rix, au sujet de ces conventions de partenariat. « Sécurité », c'est celui ajouté par Jean-Louis Briand à l'adresse de tous les chasseurs drômois s'apprêtant à réutiliser leur fusil en cette veille d'ouverture.
Christophe Ledoux
(1) Scot : schéma de cohérence territoriale.
(2) PLU : plan local d'urbanisme.
Cipan /
Plus de 1 000 hectares implantés

Outre son intérêt pour le petit gibier et les insectes pollinisateurs, le mélange proposé de cinq espèces (radis asiatique, avoine rude, phacélie, vesce de printemps et trèfle d'Alexandrie) a un fort intérêt agronomique pour l'amélioration de la structure du sol et la restitution d'azote à la culture suivante.