Chenille processionnaire du pin : la saison de piégeage a débuté

Plus connu sous le nom de « chenille processionnaire du pin », Thaumetopoea pytiocampa est la larve d'un papillon de nuit. La chenille occasionne des défoliations sur les pins, leur habitat privilégié, mais toutes les espèces de conifères peuvent être touchées.
Bien connaître son cycle de vie pour mieux lutter contre elle
Le cycle biologique de cet insecte est annuel. Les adultes, des papillons, émergent de terre en été (selon l'altitude et les conditions climatiques). Ils sont nocturnes et ne vivent généralement pas plus d'une nuit. Les femelles pondent de 80 à 300 œufs sur les aiguilles des pins. Ces œufs se transformeront en chenilles qui se nourriront des aiguilles de pin dès leur éclosion. À l'automne, les chenilles commencent à former leur abri de soie. Principalement exposés au Sud, ce sont ces cocons très visibles appelés « nids d'hiver » qui caractérisent leur présence. Elles passent l'hiver dans cet abri et ne sortent que la nuit pour se nourrir et entretenir leur nid.
Au printemps (toujours en fonction de l'altitude et de l'ensoleillement), elles descendent de leur arbre, menées par une chenille de tête. C'est la procession de nymphose, qui marque la fin du dernier stade larvaire. Une procession peut contenir plusieurs centaines d'individus. Les chenilles partent alors s'enterrer sous la terre pour se transformer en chrysalide. Cet état de chrysalide peut durer de quelques mois à cinq ans, si les conditions climatiques sont défavorables. On parle alors de diapause. Chaque chrysalide se transforme ensuite en papillon. Et le cycle reprend...
Quand la chenille cause-t-elle des dégâts ? Et lesquels ?
De sa naissance jusqu'au dernier stade larvaire, la chenille processionnaire du pin se nourrit des aiguilles de l'arbre hôte. Elle en ralentit sa croissance et l'affaiblit. Elle est en revanche bien plus dangereuse pour l'homme et les animaux. Chaque chenille est recouverte d'une centaine de poils urticants. Ils causent éruptions cutanées, démangeaisons sévères, allergies, œdèmes, problèmes respiratoires et oculaires...
Les atteintes sont les mêmes chez les animaux. Le risque est d'autant plus important si l'insecte est ingéré : nécrose de la langue, cécité et dans les cas les plus graves, la mort. Une grande vigilance s'impose aussi concernant les jeunes enfants, souvent trop curieux devant les processions... Même si le risque est maximal lors des processions, car les chenilles libèrent leurs poils, l'insecte est dangereux tout au long de sa vie larvaire.
Quels sont les moyens de lutte ?
La lutte contre la chenille processionnaire du pin peut prendre différentes formes. Les actions à mettre en œuvre dépendent des régions et conditions climatiques, car elles sont directement liées au cycle biologique de l'insecte. L'objectif est de réguler les populations car l'éradication de la chenille processionnaire du pin paraît illusoire. Les traitements sont donc à maintenir tous les ans, tant que des nids d'hiver seront visibles dans notre région. L'écopiège®, un collier à installer autour des arbres atteints, a prouvé son efficacité à plus de 97 % sur des tests de l'Inra. Parfaitement adapté à la lutte contre les chenilles processionnaires du pin, il les empêche de descendre au sol en les collectant au stade où leur risque est maximal : les processions. Compte tenu de son cycle de vie, le piégeage est un excellent moyen de lutte, apportant une solution biologique, respectueuse de l'environnement. Dans les départements d'Auvergne-Rhône-Alpes, les pièges sont à installer dès l'apparition des premiers nids d'hiver, vers le mois de novembre et avant le début des processions. Réutilisables d'une année sur l'autre, il faut en revanche veiller à leur entretien. Seul le sac collecteur se retire, environ un mois après la fin des processions, pour sa destruction. Chez nous, la destruction se fait aux mois d'avril-mai. Les insectes sont, à ce moment-là, au stade inerte et maîtrisé de chrysalide, leur risque pour la santé est presque nul. L'implantation de prédateurs de la chenille est aussi un bon moyen de lutte. Le coucou et la mésange s'y attaquent en les mangeant à différents stades larvaires. Le traitement par pulvérisation des arbres avec une solution à base de bacilles est aussi possible mais plus complexe à mettre en place. En ingérant les aiguilles couvertes de bacilles, les chenilles meurent. Enfin, en été, il est aussi possible de piéger les papillons mâles, grâce à des pièges à phéromones. On limite ainsi la reproduction. Si tous ces moyens de lutte sont respectueux de l'écosystème, ils ne sont pas forcément sans risque dans leur mise en place. Il est primordial de se faire accompagner.
Audrey de Lescure-Farago Rhône, filiale du GDS du Rhône