Accès au contenu
SEMIS

Choisir ses variétés de blé dur

Dans un marché abondant et diversifié, le choix variétal est orienté par les débouchés. Les propriétés technologiques d’une production de blé sont en effet largement influencées par la variété. Les caractéristiques agronomiques et qualitatives des variétés seront donc prises en compte.
Choisir ses variétés de blé dur

L'agriculteur, comme l'organisme stockeur, a intérêt à diversifier ses choix variétaux pour limiter les risques d'accident climatique, et associer points forts et faiblesses des différentes variétés pour la commercialisation.
Il faut aussi adapter les variétés au milieu. Type de sol, date prévisionnelle de semis, contraintes désherbage, tolérance aux accidents récurrents sont autant de facteurs qui doivent entrer en compte dans le choix de la variété.
Veillez également à choisir les variétés sur des observations pluriannuelles. L'observation des résultats sur plusieurs années mais aussi sur plusieurs essais est essentielle pour un bon choix variétal.

Des tables de dates de semis optimum par type de précocité et par région sont diffusées dans les publications Choisir et décider, téléchargeables sur le site d’Arvalis (www.arvalisinstitutduvegetal.fr).

 

Valeurs sûres


• Anvergur (RAGT 2013) : référence de rendement actuelle, polyvalente et souple. Tolérance aux maladies et PS moyens. La référence actuelle dans la plupart des milieux. Grâce à une grande souplesse : épi très fertile et PMG moyen. Élaboration du rendement rappelant sculptur mais avec un plus gros grain (+ 4 g). Sa précocité est idéale pour la région. Sa grande fertilité d'épi permet de compenser une implantation médiocre. Elle a sa place dans tous les milieux à l'exception des terres très séchantes, où son PS peut chuter, et des milieux très fertiles, où elle craint la verse. Quelques contre-performances en 2017, à cause du gel tardif ou dans des situations à fort échaudage thermique. On remarquera que son rendement a été meilleur en 2016 (année à finition douce, sans échaudage) qu'en 2015 et 2017 (années à finition sous climat très chaud).
Tolérance à la septoriose dans les meilleures et pas très sensible aux fusarioses. Sa tolérance à la rouille brune dérive vers faible depuis son inscription en 2013. Bonne qualité globale sauf PMG et PS juste moyens. Compte tenu de son rendement, sa teneur en protéines est bonne. Anvergur et RGT Voilur sont les variétés produisant le plus de protéines par hectare (rendement x % de protéines).
+ Rendement. Polyvalence. Septoriose.
- Rouille brune. PS juste moyen. Verse en milieu très fertile.


• Atoudur (Serasem 2011 - RAGT) : cette variété demi-précoce présentant de gros grains avec un bon PS est bien adaptée aux sols moyens à séchants. Elle présente une certaine tolérance aux fusarioses. Elle fait son rendement avec beaucoup d'épis, mais peu fertiles, et un très gros PMG (60 g). En moyenne inférieure de 5 % à anvergur, elle la rejoint en cas de stress hydrique ou thermique en fin de cycle, conservant un meilleur remplissage du grain. Sa qualité est ainsi peu fragile (bon PS, teneur en protéines assez élevée). Ainsi, en milieu séchant, elle fait souvent jeu égal avec claudio à partir de 40 q/ha, avec moins de risque de mitadinage. Sous climat pluvieux en mai, elle montre une assez bonne tolérance aux fusarioses.
+ Tolérance à la sécheresse de fin de cycle. Qualité régulière avec une bonne teneur en protéines.
- Peu souple en cas de mauvaise implantation. Haute et sensible à la verse.

 

• Casteldoux (Desprez 2015) : excellente tolérance aux rouilles. Très bon rendement pour les sols moyens à finition parfois difficile. Qualité sans défaut. Jusqu'à 55-60 q/ha, son rendement est du niveau de celui d'anvergur ; à haut potentiel (75 q/ha), il lui est inférieur de 3 %. Assez précoce, elle construit son rendement avec un épi moins fertile qu'anvergur mais un grain un peu plus gros. Moins souple en cas d'implantation difficile, en revanche, elle finit mieux. Sa tolérance aux rouilles et aux maladies de l'épi est excellente mais sa sensibilité à la septoriose peut être pénalisante en cas de printemps pluvieux. Sa qualité est bonne avec notamment une assez bonne tolérance à la moucheture qui conforte sa tolérance globale aux maladies de l'épi. À essayer dans les milieux intermédiaires, sans problème à l'implantation.
+ Une des meilleures tolérances aux maladies. Qualité sans risque.
- Il faut réussir l'implantation.

 

• Claudio (Heliosem 2001, Europe) : référence (vieillissante) en milieu séchant. Avec un fond général de tolérance aux parasites racinaires. Très sensible au mitadinage. En potentiel inférieur à 40 q/ha, avec fin de cycle échaudante, elle n'est rejointe que par santur. Très précoce, elle n'est freinée que par le froid de l'hiver. Le risque d'un excès de précocité est faible dans l'intérieur où l'hiver est plus marqué. Elle est en revanche mal adaptée au littoral où elle fera de petits épis et risquera le gel de printemps. Haute et sensible à la verse ; inadaptée en sol profond.
+ Précocité. Tolérance aux fins de cycle difficiles. PS toujours dans les meilleurs.
- Rendement en retrait au-dessus de 45 q/ha. Très sensible au mitadinage, notamment de pluie.

 

• Miradoux (Desprez 2007) : longtemps la première variété régionale, elle rend aujourd'hui 5 % de rendement à anvergur. Sa très grande sensibilité aux rouilles peut être très pénalisante. Qualité irréprochable toujours recherchée (contrats). Épi fertile et grain élastique compensant les densités faibles, les départs difficiles, bonne finition. Miradoux n'est déconseillée que dans les sols séchants à cause de sa tardiveté. Ses limites sont sa grande sensibilité aux rouilles brune et jaune (jusqu'à quatre fongicides en 2016), et à fusarium. Elle supporte assez bien les pluies à l'épiaison.
+ Souplesse. Excellente qualité (possibilité de contrats).
- Très sensible aux rouilles et à fusarium. À bien protéger et à éviter après maïs, sorgho.

 

• Nobilis (Limagrain 2014) : rendement dans les meilleurs ; la meilleure en cas de démarrage humide et froid. Très bonne tolérance aux rouilles et à la septoriose. Très sensible à l'oïdium et assez sensible à microdochium. En sol profond, au-dessus de 60 q/ha, elle fait jeu égal avec anvergur. Son élaboration du rendement en est proche avec un nombre d'épis moyen, très fertiles et un PMG moyen mais souple. Sa rusticité est remarquable avec notamment un bon comportement lors des hivers difficiles (froid, excès d'eau) et une tolérance aux maladies excellente : très peu sensible aux maladies du feuillage (à l'exception de l'oïdium) et moyennement aux fusarioses des épis. Sa qualité est moyenne mais sans risque marqué, sauf la moucheture en milieu humide. Sa teneur en protéines, comme sa tolérance au mitadinage, souvent jugées faibles, sont en fait normales compte tenu de son niveau de rendement.
+ Rendement, polyvalence. Démarrage difficile. Tolérance aux maladies.
- Moucheture, oïdium.

 

• RGT Voilur (RAGT 2016) : potentiel identique à anvergur. Tolérance aux maladies remarquable. Excellente teneur en protéines mais grain petit. Son élaboration du rendement rappelle celle d'anvergur avec un épi aussi fertile mais un grain un peu plus petit (- 2 g). Son rendement atteint celui d'anvergur sauf en cas de forte compensation sur une faible densité d'épis probablement limitée par son petit PMG. Elle paraît ainsi moins à l'aise en milieu séchant. Ses tolérances aux rouilles et à la septoriose sont excellentes. Bon comportement face aux mosaïques en 2016. Très courte, elle résiste très bien à la verse. Compte tenu de son rendement, sa teneur en protéines est exceptionnelle. Tolérante à la moucheture.
+ Concentré de points forts : rendement, tolérance aux maladies, protéines...
- Grain petit.

 

• Santur (RAGT-Italie 2013) : très précoce comme claudio ; un peu plus productive dans les milieux séchants. Entre 30 et 50 q/ha, elle fait mieux que claudio une fois sur deux (+ 6 % en moyenne) ; c'est suffisamment rare pour être souligné. Et son PS est presque aussi bon. Elle construit son rendement avec peu d'épis, fertiles et un PMG proche de celui de claudio. Sa fertilité d'épi la rend beaucoup plus souple que claudio en cas de mauvaise implantation. Toute aussi précoce que claudio, elle est exposée aux mêmes risques de gel au printemps et aux mêmes conseils de date de semis.
+ Claudio avec une meilleure qualité et parfois plus de rendement.
- Précocité risquée dans les milieux à hiver peu marqué.

 

• Toscadou (Desprez 2016) : demi-précoce à gros grain et bon PS, finissant bien. Bon potentiel en milieu moyen à séchant. Au-dessous de 55 q/ha, son rendement est du niveau de celui d'anvergur ; à haut potentiel (75 q/ha), il lui est inférieur de 3 %, identique à casteldoux. Son élaboration du rendement rappelle celle de miradoux avec un peu plus de tout : épis, fertilité, PMG (+ 2 g). Sa précocité, son PMG et son PS élevé lui permettent de bien finir en sol moyen à séchant où elle remplace bien atoudur ou qualidou (potentiels 40 à 50 q/ha). Sensibilité moyenne à la rouille brune comme à la septoriose. Bon comportement face aux mosaïques en 2016.
+ Bonne finition. PMG et PS.
- Tolérance aux maladies moyenne.

 

Variétés intéressantes


• LG Boris (Limagrain 2016) : excellente tolérance à la rouille brune et très bon potentiel mais faible en protéines. Son rendement est au niveau des meilleures jusqu'à 75 q/h ; au-delà il paraît inférieur probablement limité par une fertilité d'épi dans la moyenne. Sans doute la meilleure tolérance aux rouilles, brune et jaune. Gros grain (miradoux 2 g), couleur parfaite, mais teneur en protéines vraiment faible (- 1 % par rapport à la moyenne).
+ Rouille brune, rouille jaune. Couleur.
- Teneur en protéines.

 

• Relief (Syngenta 2014) : très bon niveau de rendement. Très bonne tolérance aux fusarioses de l'épi et au VSFB (virus des stries en fuseau). Tardive, et à petit grain. Potentiel de rendement égal à celui d'anvergur au-dessus de 70 q/ha. Tardive et de finition lente, elle ne réussit qu'en sol profond. Elle construit son rendement avec un nombre d'épis moyen, très fertiles (plus que sculptur) et un grain petit (PMG inférieur à biensur). Elle apporte un progrès net en matière de tolérance à la mosaïque VSFB, sans toutefois être résistante. Sa tolérance élevée aux maladies de l'épi est frappante en année pluvieuse en mai. Par contre, sensible aux maladies foliaires (septoriose, rouilles), elle est fortement pénalisée en l'absence de fongicides. Sa qualité technologique est bonne et sa teneur en protéines est moyenne compte tenu de son rendement. Pour les situations à risque fusarioses (précédent maïs, humidité en mai) ou à VSFB.
+ Fusarioses. Mosaïques. Froid.
- Tardive. Petit grain. Maladies foliaires.

 

• RGT Fabionur (RAGT 2014) : une certaine tolérance aux mosaïques. Rendement et tolérance aux maladies foliaires dans la moyenne. PS faible. C'est sa tolérance aux mosaïques qui fait son intérêt. Son potentiel inférieur de 7 % à celui d'anvergur se construit avec un épi moins fertile et un PMG plus gros. Elle est sensible à la sécheresse notamment, en montaison, et réussit donc mieux dans l'intérieur que sur le littoral sec et précoce. Sa tolérance aux maladies foliaires est moyenne, inférieure à celle des nouveautés les plus solides. Sensible aux taches physiologiques. De teneur en protéines un peu supérieure à la moyenne, sa qualité est surtout handicapée par un PS inférieur à la moyenne et fragile en cas d'échaudage.
+ Mosaïques. Maladies foliaires.
- Protéines. PS. Milieux séchants.

 

• Surmesur (RAGT 2010) : très bonne tolérance aux maladies, mais tardive et de potentiel limité. Son intérêt réside dans son potentiel de rendement limité qui permet de maintenir une teneur en protéines quand il n'y a pas assez d'azote (culture extensive ou biologique). Elle porte un gros grain sur un épi peu fertile qui limite beaucoup son rendement (anvergur
– 15 %) et sa capacité de rattrapage. Très bonne qualité avec notamment une teneur en protéines supérieure à la moyenne et une certaine tolérance au mitadinage.
+ Tolérante à la rouille brune.
- Rendement limité. Tardive.


Les nouveautés
• Heraklion (Syngenta 2017) : inscrite avec un rendement proche de celui d'anvergur, elle est nettement en retrait en 2017. Elaboration de rendement de type miradoux : assez peu d'épis de bonne fertilité et gros grain. Très jolie couleur et bonne tolérance à la moucheture ; mais le PS et la teneur en protéines sont inférieurs à la moyenne. Sensibilité moyenne aux maladies. Manque d'atouts, même s'il faut la revoir pour son rendement qui devrait être meilleur.

• Santograal (Actisem 2016) : variété italienne (Fratelli Cozzi snc) précoce, à gros grain sur le créneau atoudur. Son rendement est dans la moyenne. Il se construit de façon assez originale avec peu d'épis de fertilité moyenne et un gros grain. Sa précocité stable est intéressante. De paille assez haute, un peu sensible à la verse. Assez sensible à la rouille brune. PS et teneur en protéines dans la moyenne. Pour les milieux intermédiaires (potentiels 40 à 55 q/ha) où elle fait mieux que qualidou et aussi bien qu'atoudur.

 

Pour mémoire
Des variétés dont l'intérêt faiblit, surpassées par les variétés récentes.
• Karur (RAGT 2002) : toujours appréciée dans les secteurs de transition blé dur – blé tendre (Nord-Gard, Hautes-Alpes, Drôme). Pour sa tolérance au froid, à la microdochiose et à la moucheture. Dépassée en rendement, elle peut être remplacée par relief (risque de fusarioses) ou RGT Voilur (risque de moucheture).
+ Souplesse, épi fertil, tolérante à la moucheture, aux fusarioses, au froid. PS faible et fragile.
- Sensible à la verse, à la sécheresse.

• Babylone (CC Benoist 2009) : tardive avec une bonne tolérance aux fusarioses. Pour les sols profonds. Sensible au mitadinage. Cultivée pour sa tolérance aux fusarioses (sa tolérance aux maladies foliaires a beaucoup faibli) dans des milieux humides. Sensible aux mauvaises implantations et aux fins de cycle difficiles. A remplacer par relief (rendement 10 %) dans les situations humides où on recherche de la tolérance aux fusarioses, par RGT Voilur si on recherche de la tolérance aux maladies foliaires.
+ Tolérance aux fusarioses. Tardive.
- Sensible aux maladies foliaires. Peu souple.

• Clovis (LG - 2009) : assez précoce à bonne finition et excellent PS. Tolérante au froid et assez tolérante à la mosaïque. Adaptée aux milieux séchants et intermédiaires où la précocité de claudio est trop risquée. Plus diffusée, elle peut être remplacée par atoudur ou toscadou mais elle réunissait des points forts peu communs.
+ Assez tolérante aux pluies sur l'épi, au froid, aux mosaïques.
- Rattrape mal les mauvaises levées, les semis tardifs. Sensible à la rouille brune, à la verse.

• Dakter (LG 2005) : précoce, de bonne qualité. Sensible au froid et aux fusarioses. À remplacer par RGT Voilur dans les sols profonds du littoral où on recherche tolérance aux maladies et bonne teneur en protéines, ou par casteldoux dans les milieux à finition plus difficile.
+ Teneur en protéines. Précoce.
- Sensible aux fusarioses, au froid. PS.

• Gibus (Syngenta 2013) : trop fragile en matière de rendement et de maladies. En potentiel faible à moyen, atoudur, toscadou, casteldoux feront mieux.

• Haristide (Caussade 2015) : tardive et de potentiel limité. En sol profond, on fera 10 % de mieux avec nobilis ou RGT Voilur. À remplacer par relief en situation à risque de fusarioses.
+ Tolérance aux fusarioses de l'épi.
- Tardive. Rendement limité dans notre région.
• Isildur (GAE Serasem 2007) : aujourd'hui dépassée en rendement comme en tolérance aux maladies. Adaptée aux potentiels intermédiaires où on cherche de la souplesse, elle y sera remplacée par anvergur ou par nobilis (rendement + 8 %).
+ Souple en cas de mauvais départ ou de fin de cycle sèche.
- Sensible au froid et aux fusarioses : à éviter dans les bas-fonds, froids et humides.

• Qualidou (Desprez 2012) : adaptée aux sols à potentiels moyens (40 – 55 q/ha), elle souffre aujourd'hui de sa sensibilité aux maladies. À remplacer par atoudur, toscadou ou casteldoux.
+ Polyvalente et précoce. Bonne finition.
- Sensible aux maladies.