Choisir ses variétés de triticale

On trouve une diversité croissante dans l'espèce, pour une céréale principalement cultivée à des fins d'autoconsommation, notamment en élevage bovin. Ces dernières années des nouvelles variétés ont fait leur apparition avec des critères agronomiques, de productivité et de qualité intéressants. Le potentiel de rendement évolue constamment mais se paie assez souvent par une perte de rusticité sur les maladies ou la verse, dans un contexte où les races de champignons évoluent. Le classement vis-à-vis des maladies est donc en perpétuelle évolution. Enfin, la hauteur des plantes est une première et intéressante indication de leur potentiel de production de paille.

Les variétés de référence (3 ans et plus)

• Kereon (Flo Desprez – 2010) : du point de vue de la productivité, les résultats sont un peu en retrait sur cette campagne. La qualité est caractérisée par un bon PS mais une teneur en protéines assez faible. Cette variété demi-précoce montre une forte sensibilité à la rhynchosporiose. Son comportement face à la rouille jaune est particulier puisqu'elle a une sensibilité vis-à-vis à cette maladie au stade jeune qui s'atténue en fin de montaison. Kereon présente une sensibilité à la verse dans la moyenne.

• KWS Fido (Momont2013) : en tête du regroupement 2017, elle confirme le bon potentiel enregistré depuis trois ans. Bon PS et teneur en protéines dans la petite moyenne. Cette variété montre une forte sensibilité au risque de présence de mycotoxines (DON). Variété très précoce, KWS Fido montre une très forte sensibilité à l'oïdium qui pourrait poser problème dans les situations à risque. Assez sensible à la rouille jaune. Elle présente un bon potentiel et un bon PS. Sa sensibilité à l'oïdium et aux rouilles doit être surveillée avec attention. Variété à éviter dans les situations à risque de présence de mycotoxines.

• Tribeca (Flo Desprez – 2008) : potentiel dans la moyenne sur 5 ans. PS assez faible par rapport à la moyenne générale et faible teneur en protéines. De plus, elle est sensible à la germination sur épi (note Geves 2). Variété précoce qui présente une sensibilité à la verse dans la moyenne. Peu sensible aux rouilles mais montre une forte sensibilité à l'oïdium et à la rynchosporiose. Variété qui présente un potentiel correct. Sa qualité en retrait (PS, protéines, germination sur épi) et sa sensibilité à l'oïdium constituent cependant des handicaps.

• Vuka (Sem Part – 2010) : elle présente une productivité largement en retrait. Très bonne qualité globale avec un bon PS et une très bonne teneur en protéines. À niveau de rendement équivalent, sa teneur en protéines est supérieure de 0,5 point à la moyenne. Variété 1/2 précoce qui présente une très bonne tenue à la verse. Son comportement général aux maladies est resté bon. On observe en particulier sa très bonne tolérance à la rouille jaune. Toutefois, elle présente une grande sensibilité à l'oïdium depuis maintenant trois ans et une certaine sensibilité à la rouille brune. Variété à potentiel qui décline au fil du temps. Ses gros points forts sont la qualité, mais également sa tolérance à la rouille jaune et à la verse. Sa sensibilité à l'oïdium devient un sérieux handicap.

Les variétés récentes

• Anagram (Lemaire Deffontaine 2015) : la productivité est dans la petite moyenne en 2017. Elle présente de bons critères qualitatifs associant un très bon PS (+ 2 points par rapport à la moyenne générale) à une bonne teneur en protéines. Variété précoce qui montre une bonne tolérance globale aux maladies. Elle affiche une très bonne tolérance aux rouilles. En revanche, elle est sensible à l'oïdium et à la verse. Cette variété présente de nombreux atouts : un bon potentiel, des critères qualitatifs et agronomiques. Attention toutefois à la maîtrise de la verse et de l'oïdium.

• Elicsir (Caussade Semences 2015) : potentiel dans la moyenne comme les années antérieures. Bons critères qualitatifs (PS et teneur en protéines). Variété demi-précoce à demi-tardive qui montre une très bonne tolérance globale à l'ensemble des maladies avec de faibles écarts entre parcelles traitées fongicides et non traitées. Bonne tolérance à la verse. Elicsir présente un potentiel moyen associé à de bons atouts qualitatifs et agronomiques.

• Jokari (Lemaire Deffontaine – IT 2014) : productivité dans la moyenne. Très bons critères qualitatifs qui associent un très bon PS à une bonne teneur en protéines. Variété très précoce qui montre une très bonne tolérance globale aux maladies avec de faibles écarts entre parcelles traitées fongicides et non traitées. À noter une très bonne tolérance à la rouille jaune. En revanche, jokari est assez sensible à la rouille brune mais peu sensible à la verse. Avec un potentiel intéressant et de nombreux atouts autant sur les critères agronomiques que qualitatifs, c'est une variété intéressante. La sensibilité rouille brune est à surveiller.

• Bikini (Lemaire Deffontaine, 2016) : productivité, bon potentiel dans le réseau d'essai en 2017 même s'il y a quelque hétérogénéités entre essais. Bons critères qualitatifs (PS et teneur en protéines). Variété précoce, ne pas semer trop tôt. Elle présente une bonne tolérance vis-à-vis de la rouille jaune, mais montre une certaine sensibilité à l'oïdium et à la rouille brune. Bonne tolérance à la verse. Elle présente un potentiel intéressant et de bons atouts qualitatifs et agronomiques. Variété à suivre.

• RGT Eleac (RAGT, 2016) : productivité dans la bonne moyenne en 2017. PS un peu faible et teneur en protéines dans la moyenne. Elle présente des écarts traité/non traité faibles, bonne tolérance à la rouille jaune, mais une petite fragilité vis-à-vis de la rynchosporiose. Elle présente de bons critères de productivité et a de bons atouts. Attention toutefois à la verse.

• RGT Ruminac (RAGT, 2016) : productivité en retrait sur nos essais en 2017. PS un peu faible et protéines dans la moyenne pour cette variété. Attention tout de même à la germination sur pied. Bonne tolérance aux maladies avec des écarts traité/non traité qui sont parmi les plus faibles du réseau. Sensibilité à la verse dans la moyenne. Potentiel un peu en retrait, elle présente tout de même de bons critères agronomiques.

Les variétés nouvelles

• Kasyno (Secobra Recherches, 2017) : à 103 % de rendement par rapport à la moyenne, kasyno présente un bon potentiel pour cette première année d'expérimentation. PS correct et bonne teneur en protéines. Variété demi-précoce à demi-tardive montrant une bonne tolérance globale aux maladies qui se traduit par de faibles écarts entre parcelles traitées et non traitées fongicides. En revanche, elle est assez sensible à l'oïdium. Tolérance à la verse dans la moyenne. Bon potentiel et absence de défauts qualitatifs et agronomiques. Sensibilité oïdium à surveiller.

• RGT Omeac (RAGT, 2017) : bon potentiel à 104 % qui confirme son niveau d'inscription. Excellents critères qualitatifs : son PS ( +3,1 points par rapport à la moyenne générale), et sa teneur en protéines supérieure de 0,9 point par rapport aux variétés qui présentent le même niveau de rendement sont les meilleurs du réseau. Variété précoce montrant une bonne tolérance globale aux maladies à l'exception de la rouille brune, qui se traduit par de faibles écarts entre parcelles traitées et non traitées fongicides. Assez sensible à la verse. De sérieux atouts (potentiel, PS, protéines, sensibilité maladies) pour cette nouvelle variété. Surveiller la verse.

• Temuco (KWS Momont, 2017) : la productivité de cette variété est très en retrait et pas satisfaisante pour une nouveauté. PS et teneur en protéines faibles. De plus, cette variété présente une sensibilité à la germination sur pied. Bon comportement face à la rouille brune à l'oïdium et la rynchosporiose. Par contre, cette variété est sensible à la rouille jaune. Variété à potentiel faible et présentant quelques défauts agronomiques. 
Yves Pousset
Arvalis -Institut du végétal