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RAVAGEURS

Chrysomèle du maïs : à la veille  des premiers dégâts significatifs

Comme chaque année, la chrysomèle du maïs poursuit un peu plus sa conquête du territoire avec une augmentation de l’abondance de population et des surfaces concernées en 2020. Les populations se rapprochent des seuils de nuisibilité en particulier dans les secteurs où ce ravageur est présent depuis plus d’une décennie.

Chrysomèle du maïs : à la veille  des premiers dégâts significatifs
En Rhône-Alpes, 25 000 insectes ont été dénombrés dans les 74 parcelles suivies à l’aide de pièges à phéromones en 2020 et en Bourgogne-Franche-Comté, 117 in­sectes ont été capturés sur 15 des 29 sites de surveillance déployés.

Des premiers dégâts sont observés très localement, dans de rares parcelles situées dans la vallée du Grésivaudan. Si la situation demeure sous contrôle, celle-ci pourrait s’aggraver et concerner un plus grand nombre de parcelles dans les années à venir si les conditions climatiques deviennent plus favorables au ravageur qu’au maïs, et si les pratiques prophylactiques ne sont pas plus mises en œuvre.

Bilan des captures en 2020

En Rhône-Alpes, 25 000 insectes ont été dénombrés dans les 74 parcelles suivies à l’aide de pièges à phéromones en 2020, soit le même niveau que l’an dernier. Mais ce chiffre doit être pris avec précaution car la majorité des captures provient de parcelles situées dans les marais de Bourgoin-Jallieu, la Combe de Savoie et le Grésivaudan. Dans ces trois secteurs, 28 parcelles ont été suivies dans le cadre de la surveillance biologique du territoire, auxquelles s’ajoutent 38 parcelles suivies par Arvalis à l’aide de pièges chromatiques dans le but d’appréhender avec plus de précision l’abondance de population. Dans le secteur Nord Grésivaudan, 7 des 18 parcelles de la zone ont comptabilisé un nombre de captures supérieur à 5 chrysomèles par piège par jour. Une parcelle dépasse même cette année le seuil de 10 individus/piège/jour. Des dégâts de verse attribués à la chrysomèle du maïs ont pu être observés très localement cette année dans quelques parcelles.
Dans la Combe de Savoie, deux parcelles sur les 12 suivies ont dépassé le seuil de 5 chrysomèles par piège et par jour sur l’ensemble de la campagne de surveillance. Dans les marais de Bourgoin-Jallieu, quelques parcelles dénombrent un niveau de captures assez élevé, mais aucune ne dépasse le seuil de 5 chrysomèles capturées par piège par jour.
Parmi les autres secteurs de la région, la chrysomèle du maïs est principalement observée dans les plaines de l’Ain, de Lyon, les secteurs Bièvres-Terres Froides et la plaine de Valence. Les captures demeurent à ce jour limitées, avec seulement 4 parcelles qui dépassent plus de 500 captures sur pièges à phéromone au cours de la campagne 2020 parmi les 64 parcelles suivies. Ailleurs, la chrysomèle du maïs confirme sa présence mais n’inspire pas d’inquiétude.En Bourgogne-Franche-Comté, 117 insectes capturés sur 15 des 29 sites de surveillance déployés. Ces captures ont eu lieu dans des secteurs où des captures avaient déjà été observées entre 2007 et 2014 ou en 2019.

  • En cas de forte population de chrysomèle, les larves vont occasionner des dommages au système racinaire du maïs ce qui augmentera l’exposition de la plante au stress hydrique et à un risque de verse. 

Quels moyens pour lutter contre la chrysomèle du maïs ?

La chrysomèle du maïs est un insecte qui a conquis de nombreux terroirs maïsicoles avant d’arriver en France. Partout, les producteurs ont adapté leur itinéraire technique, en fonction des moyens techniques à leur disposition, pour continuer à cultiver du maïs. Pour anticiper, Arvalis réalise depuis 2004 des essais dans des situations exposées à de fortes pressions de chrysomèle du maïs. Les enseignements acquis ailleurs permettent d’évaluer l’intérêt technique des différents leviers pour obtenir une protection efficace du maïs.
En cas de forte population, les larves vont occasionner des dommages au système racinaire du maïs ce qui augmentera l’exposition de la plante au stress hydrique et à un risque de verse. Les dégâts économiques seront proportionnels à l’abondance de larves d’une part et aux conditions climatiques d’autre part. Le levier le plus efficace consiste à rompre la succession de maïs dans la parcelle durant une année. En effet, l’insecte a besoin de consommer des racines de maïs durant son stade larvaire pour accomplir son développement. En absence de maïs au cours du printemps qui suit les pontes (déposées l’été précédent), la quasi-totalité de la population de la chrysomèle du maïs présente dans la parcelle sera anéantie. Une seule année suffit pour détruire près de 100 % de la population et assainir la parcelle. Lorsque du maïs sera à nouveau cultivé, des adultes de chrysomèle du maïs provenant des parcelles environnantes viendront à nouveau déposer des œufs dans la parcelle où la population augmentera d’autant plus vite que :
- la densité de parcelles où la culture de maïs succède à une autre culture de maïs est importante dans la petite région agricole où se situe la parcelle,
- les parcelles sont de petites tailles, facilitant la propagation des adultes d’une parcelle à l’autre,
- le type de sol et les conditions d’humidité du sol au cours du printemps favorisent la survie des jeunes larves. À noter que les sols sableux sont défavorables à la chrysomèle du maïs, tout comme les sols hydromorphes et très humides au moment de l’éclosion des œufs en mai.
Ne pas cultiver de maïs durant une année est un levier efficace mais coûteux si aucune autre culture ne permet de dégager une marge économique équivalente à celle du maïs. C’est pourquoi cette mesure doit être mise en place en priorité dans les parcelles où les adultes de chrysomèle du maïs ont été les plus abondants l’année précédente.
L’application d’une protection insecticide au semis est un levier permettant de protéger seulement partiellement contre les dégâts de larves de chrysomèle du maïs.
Les résultats d’expérimentation montrent une efficacité des solutions insecticides comprise entre 50 et 70 % sur la réduction des dégâts occasionnées par les larves aux racines du maïs. En situation de faible infestation de chrysomèle du maïs où il n’y a pas de risque de dommage économique, l’application d’une protection insecticide ne sera pas rentabilisée car elle ne procurera pas de gain de rendement. Lorsque l’abondance de population dépasse les seuils de risque - qui restent à préciser pour les situations rencontrées en France - l’emploi d’une protection insecticide au semis ne sera plus suffisant et mieux vaut substituer le maïs par une autre culture durant une année.
La protection insecticide appliquée au semis a également une action sur l’abondance d’adultes de chrysomèle du maïs qui émergera de la parcelle protégée. Les essais mettent en évidence une efficacité variant de 50 % pour Force 1,5 g (12,2 kg/ha) à 30 % pour les autres solutions tels que Karaté 0,4 gr (15 kg/ha) et Force 20CS (traitement de semences).
Lorsqu’elle est justifiée pour protéger la culture contre un autre ravageur tellurique comme les taupins, la protection insecticide au semis peut contribuer à limiter partiellement l’accroissement de population de chrysomèle du maïs. Cet effet peut s’avérer intéressant dans le cas d’une population déjà significative sur la parcelle, c’est-à-dire lorsque les niveaux de captures sur pièges chromatiques se rapprochent des seuils de risques. Mais aucune protection insecticide appliquée au semis ne sera suffisante pour endiguer une population abondante de chrysomèle du maïs.

Limiter la nuisibilité

Parallèlement à la lutte contre la chrysomèle du maïs, il convient d’adapter l’itinéraire technique du maïs pour que les dégâts occasionnés par les larves aient une nuisibilité limitée. Pour cela, toutes les mesures favorisant la rhizogenèse du maïs seront bénéfiques ; préparation du sol soignée, semis précoce et apport d’engrais starter (et pas seulement de la stimulation !) favoriseront le développement des racines ce qui limitera l’incidence des dommages des larves de chrysomèle du maïs.
Arvalis-institut du végétal

Recommandations de surveillance et de lutte adaptées selon l’abondance de population