Cipan biodiversité : l’objectif de 1 000 hectares atteint !

Initiée en 2015 afin d'implanter des cultures intermédiaires pièges à nitrate (Cipan) pour la biodiversité, l'action partenariale entre la fédération départementale des chasseurs (FDC) et la chambre d'agriculture rencontre aujourd'hui un réel succès. Le dispositif, dont l'objectif est d'améliorer la qualité de l'eau, permet aux agriculteurs de bénéficier gratuitement de semences. Pour la campagne agricole 2017-2018, grâce au soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la FDC l'a étendu à l'ensemble des communes drômoises classées en zone vulnérable aux nitrates, soit 130 communes. Et 1 000 hectares.
SIE et AB sous condition
La Cipan biodiversité proposée est le « Chlorofiltre Mix + » de Jouffray-Drillaud. Il est composé d'avoine rude, de vesce de printemps, de trèfle d'Alexandrie, de radis asiatique et de phacélie. Ce mélange répond à la directive nitrates et peut être déclaré, sous condition, comme surface d'intérêt écologique (SIE). Il est adapté à la plupart des rotations et peut être utilisé en agriculture biologique sous réserve d'effectuer des demandes de dérogations pour la vesce commune et pour la phacélie dont des variétés existent en bio... Pour les autres essences du mélange, il n'y a pas de dérogation à demander : l'avoine, représentant 72 % du mélange, est bio ; et les autres semences conventionnelles font partie de la liste des variétés ne nécessitant pas de démarche particulière. Grâce à cette évolution du produit, les quelques refus de dérogation d'organismes certificateurs connus l'année passée ont pu être évités.
Un cahier des charges précis
Depuis trois ans, le principe reste le même. Après signature d'un contrat entre la FDC et l'exploitant, les semences sont obtenues via un « bon pour retrait » à présenter aux coopératives Valsoleil ou Natura'pro, et ce, en contrepartie d'un respect total du cahier des charges. Ce cahier des charges stipule une implantation à 25 kg/ha avant le 1er septembre, après la récolte des céréales à paille ou du colza, ou avant le 1er octobre après la récolte du tournesol. A noter, cette interculture doit rester en place jusqu'au 1er février et être détruite sans utiliser de moyens chimiques. Contrairement aux Cipan classiques qui peuvent être détruites dès le 1er décembre, ces Cipan biodiversité apportent une plus-value de deux mois en termes de couvert hivernal et d'alimentation pour la faune, chassable ou non, et ce pendant les deux mois d'hiver généralement les plus rudes ! L'intérêt pour la faune est confirmé non seulement par les exploitants et les chasseurs qui ont constaté une présence de gibier importante dans ces couverts mais également par les suivis « avifaune » qui ont été mis en place par la FDC.
Un mélange aux bons atouts
L'évolution des surfaces implantées (185 ha pour la première année, 636 ha en 2016-2017 et 1 040 ha pour 2017-2018) montrent le regain d'intérêt des agriculteurs et agricultrices qui ont contractualisé avec la FDC. Outre l'aspect économique indéniable pour le milieu agricole (investissement de 67 000 € pour la FDC), il ressort des différents suivis mis en place par la chambre d'agriculture que le « mélange chasseur » a de très bons atouts d'un point de vue agronomique comparé à d'autres mélanges testés.
Au-delà des intérêts faunistiques et agronomiques, l'opération est fortement relayée aussi par les gestionnaires des aires d'alimentation de captages prioritaires, qui visent à obtenir une qualité des eaux brutes suffisante pour limiter ou éviter tout traitement des pollutions en nitrates et en pesticides avant la distribution de l'eau potable.
Le seul point négatif, comme l'an passé, concerne les conditions climatiques et notamment l'absence de pluie qui a compliqué la levée dans certains cas et n'a pas permis de semer dans les cas les plus extrêmes ; certains agriculteurs du Sud-Drôme n'ont ainsi pas retiré leurs semences, ce qui aurait porté la surface implantée à près de 1 200 ha.