Au cours de l'assemblée générale de la coopérative Cirhyo, un point de conjoncture a été dressé. Avec un cours cadran proche de 1,50 euro, ce début d'année est positif pour la filière porcine et les éleveurs. Le marché à l'exportation, en particulier vers la Chine, reste très tonique. La Chine a acheté plus 700 000 tonnes en moins d'un an à l'Europe. Sur onze mois, l'Europe a exporté plus 25 % vers les pays tiers et la France plus 23 %. Les volumes d'abattage sont à la baisse en ce début d'année. Il n'y a pas eu l'engorgement habituel au moment des fêtes (calendrier favorable) et les volumes de production européens semblent baisser, sauf en Espagne. Le marché tendu du porcelet témoigne de cette situation. Mais attention, des indicateurs sont inquiétants. La chute de la société financière Turenne Lafayette (William Saurin, Madrange, Prédault...) génère une période d'incertitude sur la filière. Le marché intérieur est peu dynamique, les chiffres de consommation en témoignent : - 3 % pour la viande fraîche, - 0,6 % pour la charcuterie. Enfin, les attaques médiatiques contre l'élevage se multiplient.

Politique forte de développement

Le nombre d'éleveurs de Cirhyo est en légère érosion (589), le potentiel de truies à 61 590 truies se réduit légèrement, mais le nombre de porcs produits croît de 1,6 % sur un an avec 1 270 000 porcs. Concernant les résultats techniques 2016 qui concernent plus de 90 % des élevages, trois faits marquants sont à souligner. D'abord, une forte augmentation de la prolificité avec + 0,75 porcelet sevré par truie et par an, soit en moyenne 29,4 sevrés par truie productive par an. Ensuite, un coût de production inférieur de 3 à 5 centimes à la moyenne nationale, grâce à un coût alimentaire maîtrisé du fait du lien au sol (maïs humide) et de l'utilisation de coproduits des industries agroalimentaires (lacto, pâte à pain...). Enfin, une certaine confiance dans l'avenir au vu du niveau des investissements. Les amortissements et les frais financiers sont supérieurs de 80 % à la moyenne nationale. En effet, la politique de développement reste forte. Cirhyo est une des rares coopératives porcines en France dont le nombre de porcs produits continue de croître. Le prix moyen perçu par les éleveurs Cirhyo en 2016 est de 1,45 euro pour un cadran moyen de 1,29 euro (en hausse de 4,4 % par rapport à 2015). Globalement, on peut considérer 2016 comme une année correcte en termes de rentabilité, d'autant plus que les prix des aliments ont légèrement baissé. Parallèlement, les services offerts aux adhérents : santé, fourniture de minéraux et de matières premières, coproduits ont poursuivi leur progression en volume (+ 8 %) et gagnent en performance.

Un aval fort avec Tradival

Cirhyo est actionnaire de la société Tradival : abattoirs de Lapalisse (Allier), de Fleury-les-Aubrais (Loiret), usine de produits élaborés de La Talaudière (Loire). L'année 2016, à l'image de l'élevage, a été beaucoup plus favorable pour Tradival et elle se termine de façon bénéficiaire. Ce partenariat étroit entre Cirhyo et Tradival permet de coller pleinement au marché. On constate en 2016 une demande accrue pour des filières régionalisées. Le contexte agité que subit la filière viande génère une demande accrue de réassurance de la part des salaisonniers ou des distributeurs, ce qui devrait se traduire en 2017 par l'émergence de nouvelles filières axées sur le bien-être animal ou la santé.

Une filière viande attaquée

Jamais la filière viande n'aura été attaquée de la sorte dans les médias. Le débat se déplace aujourd'hui vers la cause animale et le végétarisme. Les éleveurs et les abatteurs sont soumis à des accusations violentes par des minorités agissantes. Il y a urgence à ce que la filière dans son ensemble organise une communication positive. Mais il y a aussi urgence à ce que chaque éleveur prenne conscience de la dimension citoyenne de son travail. « Nous devons devenir irréprochables chaque jour dans nos élevages, souligne le président Francis Le Bas. Le territoire couvert par Cirhyo, avec ce fort lien au sol, loin des zones d'excédents structurels, offre les conditions optimales pour produire du porc au moindre coût. Le lien au sol constitue un cercle agronomique vertueux où les déjections des élevages en faible densité fertilisent des céréales autoconsommées. Objectivement, on peut considérer que l'on se situe parmi les meilleurs potentiels d'Europe pour produire le porc de demain. »

Cirhyo en chiffres