Cizeron Bio mise sur les ressources locales

Depuis 46 ans, l'entreprise Cizeron Bio s'est spécialisée dans la production d'alimentation biologique pour les animaux en misant, dans la mesure du possible, sur un approvisionnement des matières premières le plus régional possible. Alors que le marché de l'agriculture biologique (AB) est en plein développement et que la région Auvergne-Rhône-Alpes a vu sa surface agricole utile (SAU) certifiée bio augmenter d'environ 17 % en 2018 par rapport à l'année précédente, Cizeron Bio s'est attachée à valoriser la protéine en volaille de chair bio et régionaliser l'apport des matières protéiques bio. « Par ce biais, nous souhaitons répondre à de nombreux enjeux : tout d'abord, nous tenons à maîtriser le bilan carbone en évitant au maximum le flux des matières premières et, ainsi, à assurer la garantie de sécurité sanitaire. D'autre part, nous devons travailler sur la résilience par rapport au changement climatique et trouver des solutions d'adaptation aux aléas climatiques. Enfin, pour répondre à l'évolution du cahier des charges européen qui va nécessiter, d'ici un ou deux ans, 100 % de matières premières bio (contre 95 % aujourd'hui), nous devons trouver des alternatives en termes de fourniture protéique et de qualification de la protéine », a prévenu Jean-Charles Cizeron, président et directeur général de Cizeron Bio. Il s'exprimait lors de la session de l'Itavi, tenue dernièrement à Valence.
Favoriser une économie circulaire
Dans ce contexte, Cizeron Bio a misé sur la régionalisation des matières premières pour valoriser la ressource locale. En 2019, « nous allons faire 87 % de l'approvisionnement en matières premières françaises, produites ou transformées en France. Nous avons d'ailleurs la chance en région Auvergne-Rhône-Alpes d'avoir un développement de +15 % de la SAU bio, ce qui nous permet d'avoir une réelle opportunité pour travailler avec les opérateurs agricoles du secteur et ainsi favoriser une économie circulaire », a poursuivi le dirigeant.
L'entreprise a diversifié ses matières premières (cameline, chanvre, colza, lin, lupin...), notamment pour limiter ou substituer le tourteau de soja (qui est aujourd'hui importé d'Asie de façon massive) et dans le but d'optimiser l'intérêt nutritionnel entre les matières premières tout en travaillant sur la complémentarité des acides aminés apportés. Cela permet au fabricant d'avoir des variétés adaptées pour bénéficier de valeurs alimentaires intéressantes et recherchées. Cette formulation des aliments, signe d'une innovation au service des filières bio, a d'ailleurs valu à l'entreprise Cizeron Bio de recevoir le prix spécial bio du Sommet de l'élevage 2019.
Protéine valorisée : des essais concluants
Ces dernières années, Jean-Charles Cizeron et son équipe ont réalisé divers essais en conditions réelles dans des élevages de volailles de chair bio afin de comparer une alimentation à base de tourteau de soja et une autre à base de protéine valorisée. Les résultats ont notamment permis d'observer l'optimisation des quantités consommées avec pas moins de 1 500 kg d'aliment en moins par lot (4 000 poulets) avec de la protéine valorisée, quantifiée et produite localement. En valorisant les protéines, l'aliment est de meilleure qualité nutritionnelle et digestive. La diversité et la complémentarité des acides aminés rendent la protéine plus assimilable. En bref, cette alimentation de précision permet de choisir les fractions protéiques adaptées à la nutrition animale et à l'âge physiologique des animaux.
Des résultats sur le bien-être animal qui s'avèrent intéressants donc, à l'heure où la pression sanitaire au niveau européen est au plus fort. « Nous sommes soumis depuis quelques années à une pression sanitaire importante et plus nous attendons, plus nous augmentons les risques. Nous devons lutter contre l'importation et anticiper les challenges de demain. C'est donc notre rôle de participer à la maîtrise du développement et à la maîtrise technique, d'autant plus qu'un travail important est réalisé par chaque maillon de la filière en région Auvergne-Rhône-Alpes », a conclu Jean-Charles Cizeron.
Amandine Priolet