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Récolte

Colza : attendre la maturité pour récolter et faire les bons réglages

Les cultures de colza approchent à grands pas du stade maturité. Après une campagne parfois difficile pour de nombreuses parcelles (conditions sèches à l'implantation, excès d'eau
en hiver, arrivée précoce des méligèthes...), il sera primordial de soigner la récolte pour valoriser au mieux le potentiel en place.
Colza : attendre la maturité pour récolter et faire les bons réglages

Si à première vue et globalement à l'échelle de la parcelle les siliques semblent être à maturité et les graines sèches, il est indispensable d'observer la plante dans son ensemble : tige et siliques. Tout d'abord, il faut s'assurer que la maturité est atteinte pour l'ensemble des siliques des plantes, notamment les plus basses.
En effet, les siliques les plus basses sont à la fois les plus productives et celles qui mûrissent le plus tard. Une récolte trop précoce conduirait ainsi à la perte pure et simple de ces siliques. Il est donc indispensable d'attendre qu'elles soient bien arrivées à maturité.
Puis, l'observation des tiges est indispensable et cruciale pour éviter les difficultés au battage. De façon générale, les grains sont à maturité bien plus rapidement que les tiges. La meilleure tolérance au phoma des variétés actuelles couplée à une protection fongicide efficace tend à retarder la dessication des tiges. Ces situations sont bien entendu d'autant plus fréquentes en sols profonds que sur sols superficiels.

Pas plus de 20 % de tiges vertes

Récolter une parcelle avec une trop forte présence de tiges vertes est incompatible avec une bonne efficacité de battage. La récolte devient envisageable s'il ne reste plus que 20 % de tiges vertes sur la parcelle, ce qui correspond à une humidité globale des pailles inférieure à 30 %. Face à cette contrainte, la hauteur de coupe est un levier intéressant pour diminuer l'humidité des pailles, en limitant le volume de tiges dans la batteuse. En situation classique, les siliques se situent au-delà de 70-80 cm sur la tige. Il n'est donc pas utile de couper plus bas. La hauteur de coupe est correcte si les insertions des premières ramifications apparaissent sur les chaumes.

Sur des chantiers de récolte réalisés à sous-maturité, on mesure jusqu’à 4 q/ha de pertes à l’arrière de la batteuse. Ces pertes se limitent à 0,33 q/ha lorsque le colza est à maturité, c’est-à-dire 100 % des siliques mûres et moins de 20 % de tiges vertes. Les repousses témoignent des pertes à la récolte. ici pailles mûres : on récolte Pailles immatures : on ne récolte pas

Égrenage : les variétés sont performantes et les pertes très réduites

Les variétés de colza cultivées actuellement ont un comportement à l'égrenage meilleur que par le passé. Si ce progrès acquis par les variétés actuelles est généralement bien reconnu, la crainte d'une perte par égrenage naturel est encore bien présente. Elle pousse de nombreux producteurs à ne pas attendre les quelques jours supplémentaires pour atteindre la maturité avant de récolter.
Les pertes par égrenage sont nettement inférieures aux pertes arrière liées à la sous-maturité. En effet, les mesures réalisées par Terres Inovia montrent que les pertes par égrenage sont de l'ordre de 0,3 q/ha, et peuvent atteindre 0,8 q/ha dans des conditions difficiles. Cette valeur est à mettre en regard des 4 q/ha de pertes arrière mesurées lors d'une récolte à sous-maturité.
A l'exception d'évènements climatiques particuliers (grêle), il est préférable de retarder les chantiers de récolte de 7 voire 10 jours selon les situations pour optimiser la récolte, et ramasser tous les quintaux.
Si la récolte avec une coupe à céréales reste possible, une diversité de coupes adaptées qui limitent les pertes à l'avant est aujourd'hui disponible sur le marché. Si le minimum requis pour la profondeur de coupe est de 0,70 m, une profondeur supérieure sera préférable : plus la profondeur est élevée, mieux elle conviendra aux colzas. Le réglage de la coupe doit être fait avec soin. En particulier, il faut faire attention à bien augmenter la hauteur entre les spires de la vis et le fond de la coupe, de façon à avoir un espace suffisant pour le passage de la végétation volumineuse : 4-5 cm sont nécessaires. Ce réglage sera d'autant plus important si l'on ne possède pas d'extension ou rallonge de coupe. On réduira également la vitesse de rotation par rapport aux céréales. Le réglage des doigts escamotables avec une sortie plus rapide permettra de mieux agripper la végétation. Les rabatteurs doivent être utilisés avec modération. En effet, l'inclinaison des peignes à la verticale permettra bien d'aller chercher au plus loin la végétation. Mais il faut alors maintenir les rabatteurs suffisamment haut pour éviter l'égrenage, en les laissant simplement accompagner la végétation vers la vis.

Repousses illustrant les pertes 
à la récolte

Adapter les réglages à cette graine fragile et légère

Il faut tenir compte de la fragilité de la graine pour le réglage du batteur. Particulièrement fragile, elle peut facilement se séparer en deux et partir en impuretés. Pour éviter la casse, la vitesse du batteur doit donc être la plus faible possible. Entre 600 et 650 tours par minute, le colza se bat facilement. Une récolte à sous-maturité, avec des tiges trop humides, risque cependant de contraindre à augmenter la vitesse du batteur et aura pour conséquence l'augmentation des pertes. Le réglage du contre-batteur doit permettre à la végétation volumineuse de s'engager facilement, avec une ouverture supérieure à l'avant qu'à l'arrière : de l'ordre de 25-30 mm à l'avant et 15-20 mm à l'arrière. Comme pour le batteur, il n'est pas nécessaire d'avoir une vitesse élevée du séparateur, qui restera à 400 tours par minute. Concernant le réglage des grilles, il est conseillé de se référer aux préconisations du constructeur. Les grilles inférieures auront une fermeture de 50 % inférieures à celles des grilles supérieures (4 à 9 mm pour les grilles supérieures selon les constructeurs et donc 1 à 4 mm pour les grilles inférieures). Cas particulier des grilles à trous, où l'ouverture doit rester comprise entre 3 et 5 mm. L'ouverture des grilles reste un équilibre à trouver entre la ventilation et la chute des graines. Le passage de l'air doit être suffisant, sans pour autant emporter la graine à l'arrière de la machine.
La graine de colza est légère. Le réglage de la ventilation est donc un point crucial. Afin d'éviter d'envoyer les graines à l'arrière de la machine, le ventilateur doit être réglé au minimum autour de 450-500 tours. Il est aussi possible de changer la gorge de la courroie de transmission sur la poulie de plus faible diamètre pour modifier la fréquence de mouvement du caisson de nettoyage et limiter le phénomène d'éjection des graines vers l'arrière. Il faut accepter de monter un peu d'impuretés dans la trémie. Une récolte « trop propre » peut être révélatrice de réglages trop sélectifs et entraîner des pertes exagérées à l'arrière de la batteuse.
Arnaud Micheneau et Jean-Louis Lucas - Terres Inovia
Attention, les données de réglages mentionnées dans cet article sont proposées à titre indicatif et ne se substituent pas aux recommandations des constructeurs, adaptées aux caractéristiques de chaque matériel.
Votre contact régional Terres Inovia, Alexis Verniau ([email protected]) Auvergne-Rhône-Alpes, Paca.

 

Pour en savoir plus : www.terresinovia.fr – colza – récolte (reconnaître la maturité, équipements, réglages, triage...).

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