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Semis

Colza : le manque d'eau pénalise l'implantation de la culture

Quelques parcelles de colza ont été implantées la dernière quinzaine d'août mais le manque d'eau a retardé les semis et la sécheresse rend les levées difficiles.
Colza : le manque d'eau pénalise l'implantation de la culture

Quelques semis de colza ont été réalisés entre mi-août et fin août sur des parcelles qui étaient prêtes à être semées. Quelques pluies en septembre ont également pu inciter au semis et aider à faire lever quelques parcelles. Toutefois le caractère très irrégulier de ces précipitations et leur arrivée précoce font que de nombreuses parcelles restent encore à semer. Les semis souvent réalisés dans le sec ont des difficultés à lever et sont très en retard. Dans l'Allier, on compte environ 90 % des intentions de semis concrétisées au 15 septembre. Néanmoins, à peine un tiers de ces surfaces semées sont levées au 15 septembre. Les levées sont très hétérogènes. Les pluies, toujours localisées, devraient permettre d'augmenter dans les prochains jours le taux de parcelles levées. Sur le sud Allier ainsi que dans le Puy-de-Dôme, la situation semble encore plus critique. En Rhône-Alpes, les estimations de surfaces semées sur la moitié nord sont proches de 50 à 60 % par rapport aux intentions de semis. Au 15 septembre, on estime à 50 % les surfaces semées qui ont levées. Là encore, des hétérogénéités intra-parcellaires sont à souligner
Saisissez l'opportunité d'irriguer votre parcelle pour la levée !
Le recours à l'irrigation a été nécessaire dans de nombreuses situations pour permettre les levées. Dans les conditions actuellement très sèches, l'irrigation, lorsqu'elle est possible, permettra d'assurer la levée. Une irrigation de 15 mm suffira à faire lever le colza. On pourra augmenter la quantité d'eau à 25 ou 30 mm pour permettre une alimentation hydrique correcte de la plante si aucune pluie n'est annoncée les jours suivants.
Quelle date limite pour la levée du colza ?
Au-delà de la période optimale de semis, deux éléments sont à prendre en compte : la dynamique de développement de la plante avant l'hiver et la gestion du risque lié aux insectes d'automne. Pour les semis réalisés à partir d'aujourd'hui, la levée du colza est conditionnée par l'arrivée d'une pluie ou la possibilité d'irriguer. Ensuite, le développement des jeunes plantes va se dérouler sur une période où les températures et la longueur du jour sont de moins en moins favorables à la croissance. Ainsi, ces jeunes colzas de la levée au stade 4 feuilles seront particulièrement sensibles aux attaques de la grosse altise, souvent très préjudiciables. Au-delà de 4 feuilles le risque sera réduit. Rappelons que dès 4 feuilles, le colza peut faire face à ces attaques sans perdre de vigueur. Une surveillance restera nécessaire.
Pour les colzas levés : vigilance de rigueur vis-à-vis de la grosse altise
Couplée à l'analyse de risque du Bulletin de santé du végétal (BSV), c'est l'observation très régulière, à la parcelle, de l'état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles inclus qui guide le raisonnement. En effet, le piégeage de l'altise permet seulement d'identifier l'arrivée de l'insecte sur la parcelle, donc le début de la période de risque, mais ne permet pas d'évaluer le niveau de risque.

La culture de colza est sensible aux attaques d’adultes de grosses altises, de la levée jusqu’à 3 feuilles. À partir de 4 feuilles, la plante entre en phase de croissance active et peut supporter sans risque quelques morsures.
Il n'est pas toujours nécessaire d'intervenir : comment raisonner ? La lutte contre les altises adultes ne doit être envisagée que si la survie de la culture est en jeu. Dans un contexte de résistance de la grosse altise notamment aux pyréthrinoïdes, éviter absolument les traitements systématiques.
À quel stade est mon colza ?
La culture de colza est sensible aux attaques d'adultes de grosses altises, de la levée jusqu'à 3 feuilles inclus. À partir de 4 feuilles, la plante entre en phase de croissance active et peut supporter sans risque quelques morsures. Pour les colzas à plus de 3 feuilles, toute intervention insecticide visant les altises au-delà de 3 feuilles, en particulier dans les conditions poussantes actuelles, s'avère inutile. À partir de ce stade, le colza supporte généralement les morsures d'altises. Si le colza n'a pas atteint 4 feuilles, observer la présence éventuelle de morsures. Lorsque les parcelles sont encore en phase de sensibilité (du stade levé au stade 3 feuilles inclus), on considère qu'il y a un risque pour la parcelle lorsque 8 plantes/10 présentent des morsures. C'est uniquement ce seuil qui pilote la décision de traiter. Prendre en compte vigueur et intensité des morsures. Dans des conditions très poussantes comme actuellement, la décision d'intervenir (pour des colzas à moins de 3 feuilles) peut être raisonnée en tenant compte de l'intensité des morsures : on considère en effet que l'intervention est justifiée si 8 plantes sur 10 présentent des morsures et si ces morsures représentent une perte d'environ 25 % de leur surface foliaire.
Quel(s) produit(s) en cas de besoin ?
Si une intervention s'avère nécessaire contre les altises adultes et pour réduire la pression de sélection d'individus résistants aux pyréthrinoïdes, les alternatives recommandées sont :
- Boravi WG 1.0 kg/ha (phosmet), 2 applications max/an(1).
- Si Boravi n'est pas disponible, utiliser de préférence Daskor 440 / Patton M 0,625 l/ha (chlorpyriphos méthyl + cyperméthrine, 1 application max/an).
- En cas de présence simultanée de pucerons verts et d'altises, utiliser Proteus 0,625 l/ha (thiaclopride + deltaméthrine, 2 applications max/an).
À noter que l'altise d'hiver est active la nuit, c'est pourquoi l'application en soirée est à privilégier avec un volume de bouillie d'au moins 150 à 200 l/ha. L'insecticide appliqué contre l'adulte n'a aucun impact sur les infestations larvaires ultérieures. En cas de dégâts non préjudiciables pour le colza, il est donc inutile de traiter par anticipation. 
Arnaud Micheneau – Terres Inovia

 

Levée entre le 20 août et le 5 septembre

Une levée sur cette période optimale, c’est un colza vigoureux, plus tolérant vis-à-vis des ravageurs d’automne, bien développé à l’entrée de l’hiver et plus économe en intrants.
Levée entre le 5 septembre et le 1er octobre (Jusqu’au 5 octobre   sur les sols réchauffant vite)

Surveillance de la parcelle de rigueur
- Pour toutes les levées tardives, a fortiori celles qui auront lieu à partir du 20 septembre, il faut d’ores et déjà s’attendre à faire face à des attaques d’adultes de grosses altises dès la levée et potentiellement importantes, avec un risque de perte de la culture sur les secteurs historiquement les plus concernés.
Levée aprèsle 5 octobre

À compter de cette date, la levée du colza puis le développement des jeunes plantes va se dérouler sur une période où les températures et la longueur du jour sont de moins en moins favorables à la croissance et où les ravageurs d’automne seront très présents (grosse altise et charançon du bourgeon terminal). Ainsi, ces colzas auront peu de chance de réaliser un développement végétatif suffisant pour assurer un potentiel de rendement acceptable. Il est alors possible d’envisager une culture de pois en remplacement du colza.

(1) Boravi WG doit être utilisé à la dose de 1kg/ha avec une eau dont le pH a été préalablement ramené à une valeur de l'ordre de 5,5 par addition d'un acidifiant. Sans acidification, l'efficacité du traitement sera réduite car la substance active se dégrade en milieu non acide (source Gowan). L'utilisation de Neutral Optimal est recommandée par la firme.