Combiner au mieux chimique et mécanique
Le recours au désherbage mécanique n’est pas réservé aux parcelles cultivées en agriculture biologique. Il est tout à fait envisageable et pertinent en agriculture conventionnelle.

Les programmes de désherbage qui alternent l’application d’herbicides avec des interventions mécaniques (désherbage mixte) donnent satisfaction dans la mesure où les conditions de mise en œuvre sont favorables à l’efficacité de chacune des interventions.
Facteurs de réussite du désherbage mécanique
Pour la réussite du désherbage mécanique, on sera particulièrement attentif :
• À la flore présente sur la parcelle : pas de vivaces, pression graminée modérée, stades jeunes, tout particulièrement en cas d’usage de la herse étrille ou de la houe rotative.
• Au type de sol : le choix de l’outil à privilégier est aussi en partie dicté par le comportement du sol (la herse étrille n’est pas adaptée en limons battants par exemple).
• À l’état du sol : pas trop motteux, ressuyé, s’émiettant facilement pour favoriser le buttage du rang dans le cas d’un binage.
• À la météo dans la période de l’intervention : temps séchant et absence de pluie dans les 4 à 5 jours suivant l’intervention.
• Au réglage des outils : angle d’attaque des éléments, vitesse d’avancement à calibrer en fonction du stade de la culture et du stade des mauvaises herbes les plus développées sur la parcelle de manière à trouver le bon compromis efficacité sur les mauvaises herbes / sélectivité vis-à-vis du maïs.
Stratégies recommandées
La synthèse de l’ensemble des essais combinant désherbage chimique et mécanique dont nous disposons conduit à formaliser les recommandations suivantes en termes d’enchainement des interventions. En effet, ces stratégies sont celles qui sont le plus régulièrement efficaces dans nos essais :
Stratégie 1 : passage chimique précoce en plein rattrapé par des binages
En moyenne, deux binages sont nécessaires pour maintenir une efficacité globale satisfaisante. Toutefois, un seul passage de bineuse peut suffire lorsque les conditions sont favorables : très bonne efficacité du binage, maïs poussant qui recouvre très rapidement l’inter-rang suite au dernier passage limitant les relevées tardives. A contrario, les années défavorables peuvent nécessiter 3 passages de bineuse, voire davantage : temps pluvieux après binage, maïs peu poussant tardant à recouvrir l’inter-rang, relevées nombreuses.
Un passage de herse à l’aveugle en pré-semis ou en pré-levée peut également être intéressant sur flore graminée importante (ray-grass, voire PSD si le semis n’est pas trop précoce) : il exerce un premier faux-semis et permet de grouper les levées qui suivront et de renforcer ainsi l’efficacité des passages suivants. En termes de performance, on constate que cette stratégie mixte associant un passage chimique en plein suivi de deux binages a un coût proche d’une stratégie de référence pré- puis post-chimique, elle permet de réduire les quantités de produits herbicides utilisées mais augmente le nombre de passages (tableau 1).
Stratégie 2 : passage chimique précoce en localisé sur le rang rattrapé par des binages
Si l’on cherche à réduire encore davantage la quantité d’herbicides racinaires appliquée à l’hectare, il est possible de localiser le premier passage de désherbage sur le rang. Dans ce cas, on constate dans les réseaux d’essais que ce sont les stratégies qui enchainent un binage rattrapé par un dernier passage chimique qui offrent la plus grande régularité. Terminer par un rattrapage chimique sécurise grandement le désherbage en limitant les relevées et en régularisant l’efficacité globale sur l’inter-rang.
Ce dernier passage chimique est fortement recommandé en cas de flore graminée importante sur la parcelle. En cas de flore simple, il reste toutefois possible de remplacer ce dernier passage par un binage. En termes de performance, on constate que cette stratégie mixte associant un passage chimique en localisé suivi de deux rattrapages a un coût un peu plus élevé que celui d’une stratégie de référence pré puis post chimique, mais permet de réduire sensiblement les quantités de produits herbicides utilisées (tableau 2).
Yves Pousset, Arvalis Institut du végétal