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Comment interpréter les résultats d’analyses de fourrage

Comment interpréter  les résultats d’analyses de fourrage

D'une année sur l'autre, d'une parcelle à l'autre, la valeur des fourrages récoltés peut être très différente. Cette dernière conditionne les quantités de concentré. Entre deux foins de la même parcelle récoltés à 15 jours d'intervalle, l'économie de concentré peut s'élever à 600 kg pour un lot de 100 brebis pendant 70 jours de lactation, soit de 90 à 180 € selon la nature du concentré. Réaliser des analyses de fourrage prend alors tout son intérêt. À partir d'un échantillon de 200  g prélevés sur plusieurs bottes ou bien à différents endroits du tas d'ensilage, le laboratoire va vous fournir deux types de valeurs : les mesurées et les calculées.
Les valeurs mesurées indiquent la composition chimique d'un fourrage. Elles sont déterminées soit par analyse chimique, soit par infrarouge. Le premier type d'analyse mesure directement la quantité des constituants du fourrage. Lors d'une analyse infrarouge, plus rapide et moins coûteuse, c'est un spectre qui est comparé à une base de données issue d'analyses chimiques.

MAT et cellulose

La première valeur mesurée est le taux de matière sèche (MS). C'est le premier critère de bonne conservation d'un fourrage. Par exemple, un foin doit titrer plus de 85 % de matière sèche, un enrubannage entre 50 et 60 % et un ensilage entre 28 et 35 % selon sa nature. Le second critère est la matière azotée totale (MAT). Des teneurs élevées sont recherchées pour utiliser le moins de concentré azoté possible. Un ensilage de maïs se situe entre 70 et 90 g de MAT par kg de matière sèche alors qu'un foin de légumineuses peut dépasser les 150 g. La cellulose brute (CB) est liée à la teneur en parois végétales du fourrage. Plus cette teneur est importante, plus le fourrage est mûr et moins ingestible par les animaux. Enfin, les matières minérales (MM) reflètent la teneur totale en minéraux et oligoéléments. Une teneur élevée indique la présence de terre dans le fourrage : un ensilage doit afficher moins de 100 g de matières minérales par kg de matière sèche et un foin moins de 80 g.

Connaître la valeur alimentaire

Afin d'estimer les quantités de concentré à apporter pour obtenir une ration équilibrée, il est nécessaire de connaître la valeur alimentaire du ou des fourrage(s) distribué(s) aux brebis. Cette valeur est calculée à partir de leur composition chimique. En effet, pour chaque espèce animale, des équations adaptées aux caractéristiques du fourrage (nature, espèce, cycle de végétation) sont utilisées. L'un des premiers critères calculés est la valeur énergétique exprimée en UFL pour les brebis et en UFV pour les agneaux. Le stade de récolte et la nature du fourrage influencent cette valeur : un foin dose entre 0,65 et 0,85 UFL par kg de matière sèche contre 0,98 UFL pour un ensilage de maïs, par exemple.

PDIN et PDIE pour l'azote

Les valeurs PDI (protéines digestibles dans l'intestin) reflètent la valeur protéique de l'aliment. Les PDIA sont les protéines issues de l'aliment et non dégradées par le rumen. Les PDIN et PDIE sont la somme des PDIA et des protéines issues des micro-organismes du rumen : les PDIN sont les protéines limitées par l'azote de la ration ; les PDIE sont les protéines limitées par l'énergie de la ration. Par ailleurs, la digestibilité de la matière organique (dMO) est la part de la matière organique digérée par l'animal, le reste étant rejeté dans les matières fécales. Elle doit être supérieure à 72 % pour les ensilages et 60 % pour les foins. Enfin, UEM signifie unité d'encombrement mouton. Cette valeur détermine (en théorie car ces données mériteraient d'être revues) la quantité de fourrage que l'animal va ingérer. Un fourrage à haute valeur UEM séjourne plus longtemps dans la panse et la brebis en consomme donc moins.
Laurence Sagot, Institut de l'élevage-Ciirpo d'après « Le feuillet du moutonnier du Tarn »