Comment la continuité des services liés à l'agriculture est-elle assurée ?

MACHINISME / La réparation de matériel agricole reste opérationnelle
« Les concessionnaires de matériel agricole sont liés à la production agricole et sont donc autorisés à travailler », indiquait le 20 mars Jean-Marc Bosson, le président du Sedima Rhône-Alpes (machinisme agricole). La réparation des matériels et machines agricoles continue donc d'être assurée, « dans le respect des mesures sanitaires en vigueur », prévient-il. Ainsi, les magasins sont fermés au public, seuls restent ouverts les ateliers, où les clients peuvent déposer leurs équipements, mais « un par un, pour éviter les contacts entre les personnes ». Les techniciens sont également autorisés à se déplacer sur les exploitations et à intervenir en cas de panne, « les révisions peuvent attendre », insiste Jean-Marc Bosson. Les déplacements doivent se faire munis d'une attestation obligatoire. « Il nous est aussi demandé d'envoyer un document de dépannage au client pour s'assurer qu'il est en bonne santé et peut recevoir le technicien », complète l'entrepreneur. A ce stade, même si les concessions connaissent une légère baisse d'effectifs, celle-ci n'affecte pas le SAV, garantit Jean-Marc Bosson, qui confirme que les livraisons de pièces continuent aussi d'être réalisées normalement. Le Sedima attend que le gouvernement puisse s'engager « à couvrir le risque juridique pris par les concessionnaires amenés à faire travailler leurs collaborateurs dans une période comme celle-ci », indique Jean-Marc Bosson.
ALIMENTS / La Maison Cholat continue d'assurer ses services
Depuis le 16 mars, la Maison Cholat a connu une forte augmentation de commandes de farines. L'activité meunerie a explosé, permettant aux boulangers de répondre à une demande très importante de pains de la part des consommateurs. « Nous avons eu une augmentation moyenne de 40 % par rapport à nos ventes habituelles », affirme François Claude Cholat, président de l'entreprise. Il ne constate aucune absence parmi ses employés. « Nos capacités de production, de chargement et de livraison sont maintenues. Le personnel à la fabrication, les préparateurs de commandes et les livreurs continuent d'assurer le service. Nos chauffeurs portent des gants et respectent les distances de sécurité. Nous avons réorganisé nos bureaux pour ceux qui ne peuvent pas télétravailler. Nous les désinfectons deux fois par jour et mettons à disposition de nos salariés présents du gel hydroalcoolique. Moi-même et tous les commerciaux travaillons de chez nous », ajoute-t-il. Le service nutrition animale a dû, lui aussi se réorganiser pour assurer les commandes d'aliments. « Ce début de semaine (du 16 mars, NDLR), nous avons eu deux fois plus de clients et quatre fois plus de ventes que d'habitude dans nos dix entrepôts », ajoute-t-il. En cette période d'épidémie de Covid-19, la Maison Cholat s'est imposée une règle simple : répondre aux commandes les plus urgentes. « L'urgence est de livrer les besoins connus à ce jour qui peuvent être confirmés, en cas de doute, par notre responsable commercial. Nous répondons aux besoins d'intrants car nous sommes en pleine période de traitement des blés mais nous ne vendons que ce qui est strictement nécessaire. Nous ne sommes pas dans la survente », souligne François Claude Cholat. L'entreprise tient à préciser qu'il n'y aura pas de pénurie. Elle dispose d'un stock de six mois pour les matières premières et d'un mois pour les tourteaux, actuellement en cours de réapprovisionnement.
TRANSPORTS / Les routiers autorisés à rouler le dimanche et plus longtemps
« L'autorisation de rouler pour les poids lourds sera valable jusqu'à mi-avril (et non plus que pour ce dimanche comme prévu initialement) », indique le secrétariat d'Etat aux Transports, dans un communiqué le 20 mars. Un arrêté est sorti le 21 mars en ce sens. Le 19 mars, le ministère de la Transition écologique (dont dépendent les transports) avait annoncé une série de mesures pour « soutenir l'activité des professionnels du transport et de la logistique », mise sous tension par l'épidémie de coronavirus.
Dans un autre arrêté paru le 21 mars, le gouvernement a par ailleurs permis temporairement une « augmentation de la durée journalière de conduite, dans la limite de dix heures par jour ou de onze heures par jour, deux fois par semaine ». La durée hebdomadaire de conduite pourra aussi atteindre 60 heures par semaine et 102 heures sur deux semaines consécutives. Ces dérogations sont accordées pour une période de 30 jours.
ÉQUARRISSAGE / Les équarrisseurs toujours en activité
La société Provalt à Saint-Amour (Jura) continue d'assurer ses services habituels dans les différents départements qu'elle couvre : Jura, Saône-et-Loire, Loire, Isère, Savoie, Haute-Savoie, Hautes-Alpes. « Les prises d'appels et les ramassages d'animaux ont toujours bien lieu, nous ne constatons pas de défaillances dans notre action quotidienne. Quoi qu'il arrive, il y a bien longtemps qu'il n'y a plus de contact entre les équarrisseurs et les éleveurs. Nous ne prenons aucun risque et nous sommes en contact permanent avec la DGAL et les services administratifs de l'Etat », explique Xavier Pochon, directeur du site jurassien. Cette activité reste également essentielle pour la « sécurisation de la chaîne de production » en amont et en aval de l'industrie de la viande, a indiqué Culture viande (industriels de la viande) dans un courrier envoyé le 20 mars au Premier ministre et à trois ministres (Économie, Travail et Agriculture). Culture viande prévient que la filière « serait à l'arrêt sans enlèvement des déchets (équarrissage), sans livraison des fluides frigorigènes et sans emballages ».
LAIT / Les laboratoires interprofessionnels s'adaptent au confinement
« Nous ne pouvons pas nous permettre de diminuer notre activité car les éleveurs continuent de produire du lait tous les jours », rappelle Anne Pécou, directrice du pôle sciences et économie au Cniel (interprofession laitière). Pour faire face à cette période exceptionnelle, le Cniel se réoriente vers des actions prioritaires : « Nous nous assurons que les mesures barrières sont bien respectées et nous nous efforçons de répondre aux demandes de chaque opérateur. Tout ce qui peut continuer de fonctionner à distance est maintenu ». Pas de panique pour les agriculteurs, qui pourront aussi compter sur les laboratoires qui maintiennent leur activité pendant le confinement. « À la demande des autorités, nos prélèvements sur le terrain se poursuivent même si nous prenons plus de précautions comme la décontamination systématique de nos véhicules. Dans les laboratoires, nous mettons en place des caisses étanches et des sas sécurisés pour que chacun puisse venir récupérer ses analyses en toute sécurité », raconte Jérôme Chatard, directeur du laboratoire départemental d'analyses du Jura qui précise que tous les contrôles non obligatoires seront reportés à des dates ultérieures.
CIRCUITS COURTS / La vente à la ferme se réorganise
Vous avez un magasin de vente à la ferme ? Votre établissement fait par conséquent partie de ceux qui peuvent rester ouverts et continuer à recevoir du public. La région Auvergne-Rhône-Alpes se cale sur les recommandations de l'APCA (chambres d'agriculture). Il faut limiter impérativement le nombre de personnes dans les points de vente : qu'un ou deux client(s) à la fois si celui-ci est petit. « Pour organiser les files d'attente à l'intérieur, utilisez des repères au sol afin de marquer la distance d'éloignement d'un mètre entre les clients et avec le permanent à la caisse ou au rayon traditionnel, s'il n'y a pas de comptoir assurant cette séparation », préconise l'organisme consulaire. Pour organiser les files d'attente à l'extérieur avec un espacement impératif entre les personnes de 1 m minimum, une personne du point de vente doit pouvoir réguler les entrées et les sorties des clients. Si le personnel alterne entre différentes tâches (caisse, mise en rayon, service), il est impératif qu'il se nettoie les mains entre chaque tâche et notamment après chaque manipulation d'espèces. « Quant à la gestion des rayons traditionnels, il faut utiliser des pinces pour le service ou tout autre ustensile pour la manipulation des produits (autant de pinces ou ustensiles que de produits disponibles). Les gants sont possibles mais ils amènent à des pratiques à risque sur l'hygiène sanitaire et à une augmentation des contaminations croisées », rappelle-t-il.
CHAMBRES D'AGRICULTURE / Accompagnement à distance
« Les chambres d'agriculture d'Auvergne- Rhône-Alpes se sont organisées pour assurer l'accompagnement de leurs ressortissants tout en garantissant la sécurité de leurs salariés », indique le site Internet de la chambre consulaire d'Aura. Ses collaborateurs continuent de travailler à distance par mail ou téléphone, mais les bureaux sont fermés au public. Des liens vers les contacts des différentes chambres départementales ont été publiés sur le site régional. Une organisation similaire a été mise en place en Bourgogne-Franche-Comté, qui permet aussi d'entrer en contact avec les conseillers dans les territoires. Ces rubriques sont mises à jour régulièrement. L'APCA (chambres d'agriculture) a également mis en place une foire aux questions Covid-19, pour répondre aux interrogations des exploitants en matière de circuits courts, d'élevage, d'environnement, de Pac, etc.
• En Aura : https://aura.chambres-agriculture.fr/actualites/detail-de-lactualite/actualites/mobilisees/
• En BFC : https://bourgognefranchecomte.chambres-agriculture.fr/
• Foire aux questions : https://chambres-agriculture.fr/index.php? id= 2953344
MSA / Continuité des services en ligne
Depuis le 16 mars, tous les points d'accueil MSA sont fermés. Mais le lien reste maintenu avec les ressortissants, assure Laure Désiré, responsable communication de la MSA Ain-Rhône. Dans un communiqué le 18 mars, la caisse interdépartementale annonçait prendre toutes les mesures pour « garantir le paiement des cotisations, traiter les dossiers prioritaires et respecter les mesures sanitaires ». Des mesures qu'appliquent d'ailleurs toutes les caisses de France. Les assurés sont invités à reporter leurs demandes non prioritaires. Pour les demandes prioritaires :
• En cas d'urgence (notamment en cas de difficultés financières), l'assuré peut contacter sa caisse à partir de son espace privé : soit en posant sa question à partir de la rubrique « Contact
& échanges », « envoyer un message » et « Envoyer un document » ; soit en faisant une demande de rendez-vous téléphonique. « Les assurés sont systématiquement rappelés », garantit Laure Désiré.
• Pour les envois de documents, la MSA renvoie vers son service en ligne « dépôt de documents ».
Un nouveau service en ligne est disponible, qui permet aux personnes à risque (atteintes d'une maladie chronique ou présentant un risque de santé élevé) de demander un arrêt de travail sans passer par son employeur ou un médecin traitant. Les élus sont également mobilisés sur le terrain pour signaler des situations d'urgence et maintenir le lien avec les personnes les plus isolées, du fait de l'âge ou de problèmes de connexion à Internet.
Alison Pelotier, Pierre Garcia et Sébastien Duperay