Conforter la filière photovoltaïque régionale

Le dernier parc photovoltaïque mis en service par la CNR sur la zone d'activités de Saint-Restitut (Drôme) – le 8ème en Rhône-Alpes - témoigne de la volonté du producteur d'énergie renouvelable d'accroître ses capacités en misant sur une filière régionale. Les panneaux polycristallins installés sur ce site sont produits par Sillia VL entreprise du Rhône, tandis que les structures à axe mobile, les trackers sur lesquels ils reposent, sont pour leur part fabriqués par Exosun en Gironde. Ces trackers, encore peu souvent installés, permettent aux panneaux de bouger d'Est en Ouest au fil du jour afin de capter au mieux les rayons du soleil. Cette capacité permet d'augmenter la production d'électricité de 15 % en moyenne. La CNR a également fait appel à Schneider Electric (Savoie) pour les bâtiments électriques et à Bouygues énergies services (Hérault) pour les travaux. Ce chantier a représenté un investissement total de 4 millions d'euros et 30 emplois pour sa durée. L'inauguration a permis à la PDG de la CNR, Elisabeth Ayrault, de rappeler le principe de recourir à des entreprises locales. Un partenariat de long terme a été conclu en ce sens avec Photowatt (Isère) qui fabrique des cellules solaires et Sillia VL afin de répondre ensemble pour dix projets à l'appel d'offres national dont les résultats doivent être publiés les prochaines semaines. Trois de ces projets se situent en Rhône-Alpes, dont deux en Drôme.
Développement programmé
Le parc de Saint-Restitut, construit sur un ancien site industriel de 6 ha, dispose d'une puissance installée de 3 Mwc (Mw crête) qui complète le potentiel de production de la CNR. Celle-ci dispose de 42 Mwc en photovoltaïque. Elle construit d'autres parcs, dont un autre projet à Donzère, afin d'atteindre 60 Mwc de puissance installée en 2016.
Agir localement, tout en pensant global, tel a été le message du président de la Région, Jean-Jack Queyranne, lors de cette inauguration. Il a ajouté combien Rhône-Alpes - grande région énergétique du fait du nucléaire - était également exemplaire en matière d'énergies renouvelables. « La part des énergies non renouvelables (ENR) dans notre consommation finale d'énergie est de 20 % ; nous avons été ambitieux dans notre schéma régional en fixant cette part à 29,6 % de notre consommation finale d'énergie en 2020. Depuis 2004, la région a engagé 110 millions d'euros pour soutenir des projets collectifs et individuels liés aux ENR ». Plus précisément en ce qui concerne le photovoltaïque, Rhône-Alpes se situe aux avant-postes ; fin 2014, la région affichait 351 MW installés, soit 6 % de la puissance raccordée en métropole.
Une impasse pour la commune
Le maire de Saint-Restitut, Yves Armand, a rappelé que le projet de parc avait été porté par la commune depuis l'an 2000. S'il a fallu vaincre les résistances des « contre-tout », l'équipe municipale a surtout dû faire face à une série de contretemps réglementaires et législatifs. « Nous avons eu l'audace de penser qu'une commune pouvait investir dans un parc photovoltaïque et nous avons réalisé une étude d'impact rigoureuse », explique-t-il. Puis, la demande de permis de construire a été suivie de baisses des prix d'achat de l'électricité par EDF, d'un moratoire décidé par le gouvernement en 2010 et enfin, avec l'institution des appels d'offres de la CRE (commission de régulation de l'énergie), la commune devait apporter une caution bancaire. « Cela est tout à fait impossible à une collectivité, rappelle Yves Armand. Nous y avons vu la volonté de fermer la porte aux collectivités porteuses de projets de production d'énergies renouvelables ». Après 13 ans d'errances administratives, un record face à la moyenne nationale de 8 ans pour faire aboutir un projet photovoltaïque (2 à 3 ans chez les voisins européens), Saint-Restitut a opté pour la CNR parmi les entreprises intéressées par le rachat de son permis de construire.
Louisette Gouverne