Congrès FNPF : recréer du lien avec la société et les pouvoirs publics

«Chez les producteurs agricoles, l'agribashing fait beaucoup plus de dégâts que ne le ferait une crise économique violente », a souligné Luc Barbier, président de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), en conclusion du congrès de l'organisation, le 24 janvier à Moissac (Tarn-et-Garonne). L'agriculture joue un rôle majeur dans les territoires où elle fait vivre l'économie, entretenant le tissu social dans les zones rurales. Et pourtant, elle est régulièrement pointée du doigt dans les médias. « Aujourd'hui, on parle des pesticides dans le pain, du glyphosate dans la bière, et demain ? » demande ainsi Luc Barbier, faisant écho aux propos de Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA, intervenu peu de temps avant lui et dénonçant le traitement à charge de l'émission d'Elise Lucet sur le glyphosate.
« Il faut faire valoir ce que l'on fait de bien », insiste le président de la FNPF, auprès de la société civile mais aussi vis-à-vis des pouvoirs publics qui, régulièrement, augmentent les charges qui pèsent sur le secteur.
Accompagner les transitions
Entre les exonérations de charges du TODE, conservées de justesse grâce à l'action de la profession agricole, ou la hausse de la redevance sur pollution diffuse (RPD), difficile, pour le secteur agricole, de reconstituer des trésoreries et d'investir pour faire évoluer les exploitations. Dans le cadre de l'augmentation de la RPD, « ce sont 244 millions d'euros qui vont être prélevés sur l'utilisation de produits phytosanitaires », rappelle Luc Barbier. Il demande donc logiquement au gouvernement de flécher cet argent vers l'agriculture, sur l'accompagnement aux investissements, la recherche fondamentale, mais sans trop y croire au regard de la difficulté qu'ont les arboriculteurs à obtenir, chaque année, 4 millions d'euros pour la modernisation des vergers. Des investissements pourtant nécessaires pour, par exemple, se passer du glyphosate et réorganiser les vergers de sorte à pouvoir désherber de façon mécanique, explique-t-il. D'où l'importance de dialoguer, de recréer du lien, pour rappeler au consommateur que « l'on fait des produits bons, beaux, naturels et sincères », souligne-t-il. Une question qui recoupe également celle de la relance de la consommation et du retour de la valeur économique. Car, en dépit de la tendance à la végétalisation, les volumes de fruits et légumes consommés continuent de baisser (- 2,2 % en tonnage en 2018 par rapport à 2017). Pour y répondre, Luc Barbier compte notamment sur les échanges au sein d'Interfel, une interprofession qu'il juge « exemplaire ». Après sept ans à la tête de la FNPF, le président cède sa place avec une certaine émotion, mais continuera sans doute à mettre son énergie au service de la défense des producteurs de fruits. Le prochain congrès de la FNPF se tiendra à Chenu, dans la Sarthe.
Delphine Jeanne