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Nuciculture

Coopenoix va investir pour la casse des noix

Profitant d'un marché porteur, la coopérative de Vinay, premier producteur français de noix, va agrandir son site pour industrialiser sa production.
Coopenoix va investir  pour la casse des noix

3,31 euro le kilo, c'est le prix payé aux producteurs livrant à Coopenoix lors de la dernière récolte (2014). Un tarif qui a dépassé les espérances des nuciculteurs. Lors de la campagne précédente (2013), les noix avaient en effet été payées 2,78 euros, ce qui était déjà un bon prix. Yves Renn, le nouveau président de Coopenoix, justifie cette augmentation de 53 centimes par « l'absence de noix sur le marché », en raison des faibles volumes produits l'an dernier, ce qui a boosté la demande sur le marché intérieur et les exportations. Avec 5 470 tonnes de noix sèches traitées en 2014 par Coopenoix et CTnoix, soit 33 % de moins qu'en 2013, la coopérative a dû procéder à des arbitrages. C'est notamment le marché allemand qui est passé de 22 à 19 % de noix importées, tandis qu'un quart de la production part toujours en Italie. Le chiffre d'affaires consolidé du groupe Coopenoix s'établit à 22,8 millions d'euros avec un résultat net de 640 000 euros. Si les résultats sont en retrait de 9 %, en revanche, en raison de la hausse du prix de vente liée au phénomène de rareté et d'augmentation des calibres, conjuguée à la réalisation de l'ensemble du stock, 18 millions d'euros ont pu être reversés aux producteurs, dont un complément de 5 centimes en juin dernier. La récolte 2015 étant prometteuse en volumes et en calibres, ce climat porteur permet à la coopérative d'envisager des investissements tels que les a rappelés Yves Renn dans les orientations stratégiques.

200 tonnes par jour

Pour augmenter les volumes travaillés, progresser dans les certifications, rapatrier l'activité cerneaux et énoisage et industrialiser le cassage, c'est-à-dire rendre l'ensemble du process plus compétitif, un nouveau bâtiment de 2 000 m2 sera construit à Vinay, adossé au site existant. Cela nécessite l'achat d'une parcelle de 5 500 m2. L'investissement total s'élève à 1,970 million d'euros, financé par un prêt bancaire de 1,4 million d'euros consenti par les Crédit agricole Sud Rhône Alpes et Centre Est ainsi qu'une subvention de 570 000 euros. Le compromis pour le foncier devrait être signé au mois d'octobre et les appels d'offre pour le bâti sont en cours. « C'est un investissement maîtrisé et mesuré, insiste Yves Renn. Il s'agit de préparer l'avenir. » L'outil sera doté d'une grande fosse de réception pour accueillir les bennes de 30 m3, d'un quai de réception des pallox, d'un auvent pour stocker les bennes qui arrivent tardivement, de nouveaux silos, mais aussi d'un local pour le matériel de cassage-énoisage et enfin de chambres froides dédiées aux écarts de triage, aux cerneaux et aux produits de fin de saison. La capacité de traitement de Coopenoix sera de 200 tonnes par jour et de 150 tonnes en conditionnement. L'entreprise prévoit également l'achat d'une trieuse optique.

La qualité

Cette modernisation répond aussi aux exigences de qualité de la filière. Coopenoix satisfait aux standards de l'IFS, l'International food standard, qui certifie les fournisseurs d'aliments des marques de distributeurs, avec une note de 97 sur 100 ! En revanche, la certification producteur GlobalGap, de plus en plus souvent demandée par la grande distribution, ne concerne qu'un millier de tonnes de noix. Une démarche « à réfléchir », estime Yves Renn, mettant en avant l'appui des techniciens de la coopérative, la valorisation de 3 centimes supplémentaires au kilo, les aides à l'hectare et à la mise en place. Première étape, certains producteurs sont déjà engagés dans la production fruitière intégrée (PFI).
A la veille du lancement de la campagne 2015, le président de Coopenoix a invité les producteurs à « consolider les productions » et à penser « au renouvellement des vergers, arracher pour replanter, se diversifier variétalement, même si l'AOP est notre force ». C'est ainsi que le verger, fragilisé par la monoculture, pourra faire face aux problèmes climatiques ou sanitaires tout en maintenant les aides à la plantation. A la condition cependant de ne pas faire n'importe quoi, comme l'a rappelé une nouvelle fois Yves Borel, président du CING, en pestant contre les noix vertes ramassées bien trop tôt. 
Isabelle Doucet

 

Diversification : le coup du noisetier

Coopenoix l'a déjà fait et pourrait le faire encore : conditionner des noisettes est une piste de diversification présentée en assemblée générale par Franck Michel, technicien de la coopérative. La production mondiale, qui fluctue entre 600 000 et 900 000 tonnes, est surtout tirée par la Turquie qui fournit à elle seule la moitié du marché. Près de 10 % de la production mondiale est capté par Ferrero, qui en dépit des attaques de la ministre de l'Ecologie, voit les ventes de son produit phare croître de 8 % chaque année. La France, avec 7 500 tonnes principalement produites dans le Lot-et-Garonne, pèse pour 1 % dans la production mondiale dont elle occupe le 9ème rang. C'est la raison pour laquelle cette diversification vers le noisetier peut avoir du sens, la mise en production de l'arbuste étant rapide (3 ans) et le prix au kilo payé au producteur toujours 30 à 40 centimes supérieur à celui de la noix. La récolte s'effectue sans secouage et le matériel de ramassage pour les noix peut être adapté. Enfin, le rendement moyen s'établit à 2,5 t/ha. L'objectif de Coopenoix serait de voir planter 70 ha de noisetiers, représentant 200 tonnes par an. « Ce n'est pas la culture miracle, prévient Franck Michel, il existe des maladies, mais ce ne sont pas les mêmes champignons que sur les noyers. Les noisetiers sont sensibles à la bactériose, c'est pourquoi il ne faut pas les mélanger à des noyers qui y sont également sujets ». Enfin, les intéressés auront un large choix entre cinq variétés de consommation, deux variétés de noisettes pour l'industrie et trois pollinisatrices. 
I. D.