Coopérative du Nyonsais : résister face aux vents contraires
Forte de plus de 1 100 adhérents, la coopérative du Nyonsais - Vignolis garde confiance en l’avenir malgré un contexte géopolitique, économique et climatique compliqué.
« L'année 2024 a été marquée par de fortes tensions sur plusieurs de nos filières, en particulier la viticulture. Les volumes de la campagne 2023-2024 ont reculé de 16 % à l'échelle de la coopérative, et jusqu'à - 29 % à la cave des Pilles, sous l'effet du mildiou, de la sécheresse, de la grêle et des limites de rendement. Pourtant, malgré ces difficultés, nos équipes ont su maintenir la qualité des produits, notamment grâce à des adaptations techniques et une vigilance constante », s'est exprimé Serge Roux pour décrire la situation de l'année écoulée. Le 20 mai, à l'assemblée générale de la coopérative du Nyonsais qu'il préside depuis 19 ans, il est revenu sur le contexte actuel auquel font face les viticulteurs, oléiculteurs et arboriculteurs coopérants.
« Notre force reste notre pluralité d'activités : le secteur oléicole a réalisé une performance remarquable avec une récolte record depuis la création de la coopérative : 1 269 tonnes d'olives (+ 37 %), et 213 tonnes d'huile (+ 31 %) par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. […] Le secteur arboricole reste préoccupant : faible récolte d’abricots (45 % de la moyenne décennale), cerises absentes, prunes et coings très en retrait également. Le climat, encore une fois, a fortement pesé », a-t-il déclaré.
Des travaux de modernisation
Pour autant, la coopérative du Nyonsais a su tirer son épingle du jeu pour encaisser les aléas et garder en tête son objectif premier : permettre à chaque adhérent de vivre dignement de son travail. En ce sens, elle a aussi fait le choix d’améliorer les conditions de travail avec la mise en service, prévue en septembre 2025, d’une nouvelle chaine de production et la construction d’un bâtiment de réception pour le secteur oléicole. « Ces équipements permettront une meilleure gestion et un calibrage optimisé des olives, une réduction des coûts de production, une hausse de la part d’olives destinées à la conserve et une capacité accrue pour accompagner la progression des volumes à venir », a prévenu le président Serge Roux.
Une modernisation de l’outil de travail qui vise à renforcer la capacité de la coopérative à commercialiser des produits de qualité. Si le chiffre d’affaire de Vignolis est en progression de 6 % par rapport à l’année précédente, avec un total de 9 434 000 €, Anne Laurent, la directrice, a évoqué un certain nombre d’objectifs pour améliorer la politique commerciale de l’entreprise.
« Dans un premier temps, nous souhaitons poursuivre la dynamisation des ventes dans les magasins en travaillant sur l’attractivité (visites, expériences clients, etc.). Aussi, nous menons une réflexion sur le réaménagement de la boutique de Nyons (entrée et caisses). Nous avons également prévu d’intensifier notre prospection, non seulement auprès des industries agro-alimentaires mais aussi des réseaux de grossistes », a-t-elle annoncé.
Amandine Priolet
Les chiffres clés
Activité viticole
Récolte 2024 : 39 088 hl brut de vin (contre 38 816 hl en 2023).
Vins AOP : 26 583 hl pour la campagne 2024 (contre 30 058 hl en moyenne des cinq dernières campagnes).
Vins IGP et VSIG : 12 505 hl pour 2024 (contre 14 295 hl en moyenne des cinq dernières campagnes).
Activité oléicole
Récolte 2023-2024 : 1 269 t d’olives (+ 37 % sur la moyenne des cinq dernières années).
205 633 kg d’olives de table (contre 63 314 kg en 2022-2023).
200 215 kg d’huile d’olive (contre 92 087 kg en 2022-2023).
Activité fruitière
Récolte 2024 :
235 278 kg d’abricots ;
24 203 kg de coings,
17 289 kg de prunes.
Secteur viticole : unir les forces pour assurer un avenir durable
« S’unir pour agir vers un avenir durable », c’est le leitmotiv que défend Vincent Dessalles, vice-président de la cave de Puyméras et président de l’Union des vignerons des Côtes-du-Rhône (UVCDR) depuis juillet 2024. Dans un contexte de crise viticole, Serge Roux a rappelé que l’UVCDR était pour la coopérative du Nyonsais « notre prolongement, notre outil commun et un relais essentiel pour nos filières. Grâce à cette union, nous bénéficions d’un appui stratégique pour structurer notre avenir collectif ». Pour sortir de cette crise, l’UVCDR se veut résiliente et résolument tournée vers l’avenir. L’une des pistes de travail à l’étude concerne les marchés à l’export. « La commercialisation export représente aujourd’hui trop peu par rapport à la dimension de l’entreprise. Aujourd’hui, le Cellier des Dauphins représente 250 000 hl de vins des Côtes-du-Rhône dans son ensemble, et est présent à 20 % de son chiffre d’affaires à l’export. Nous devons conquérir de nouveaux marchés, et continuer de nous développer à ce niveau-là », a déclaré Vincent Dessalles.
Changer de cible de consommateurs
Pour Damien Gilles, président du syndicat des Côtes-du-Rhône, les efforts réalisés depuis plus de trois ans portent leurs fruits, avec une hausse de contrats en vrac. « Le contexte mondial est perturbé. Je ne nie pas non plus le phénomène de déconsommation que l’on connait en France. Cependant, nous nous voilons la face en disant que le vin ne plaît plus. Nous n’offrons pas nos productions et nos vins au bon endroit, en se focalisant sur des marchés ancestraux qui, malheureusement, disparaissent petit à petit. Lors de mes réunions de travail à Paris, je vois des jeunes dans les files d’attente devant les bars à vins. Je pense que nous avons les bons produits, mais nous nous trompons de cible ces dernières années. Gardez espoir, soyez solidaires, des jours meilleurs vont arriver très vite », se veut-il optimiste.
A.P.