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TOURISME

Coronavirus : le tourisme rural durement touché

Suspendu aux décisions du gouvernement, le secteur du tourisme espère une reprise d’activité après plusieurs semaines de confinement. En plein développement ces dernières années, l’agritourisme fait partie des branches les plus touchées.
Coronavirus : le tourisme rural durement touché

Première destination touristique au monde avec près de 90 millions de touristes accueillis l'an dernier, la France est à l'arrêt depuis le 17 mars dernier. D'après Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, cette mise à l'arrêt forcée du pays pourrait coûter près de 40 milliards d'euros pour le seul secteur du tourisme. Avec 21,2 milliards d'euros d'activité touristique en 2019, Auvergne-Rhône-Alpes est l'une des premières régions touristiques françaises et aujourd'hui l'une des plus impactées par la crise du coronavirus. « Nous avons réalisé deux projections pour évaluer l'impact financier de cette crise sanitaire sur notre activité touristique. La première projection, du 15 mars au 11 mai, nous laisse craindre 2 milliards d'euros de pertes et on grimpe à 2,4 milliards d'euros si cette période s'étend jusqu'au 15 juin1 », explique Lionel Flasseur, directeur général d'Auvergne-Rhône Alpes Tourisme.

127 millions d'euros de pertes pour l'agritourisme

Lionel Flasseur, directeur général d’Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme.

Représentant plus de la moitié des nuitées perdues en volume, le tourisme de montagne a été le premier touché en région Auvergne-Rhône-Alpes devant le tourisme urbain, 32 % des pertes.
Loin d'être marginal avec 13 % de l'offre locative régionale, le tourisme rural ou agritourisme enregistre d'ores et déjà 127 millions d'euros de pertes soit 9 % de l'ensemble des pertes régionales en volume, d'après Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme. « Dans le Rhône, près de 40 % des agriculteurs proposent en complément de leur activité des hébergements pour accueillir les touristes. Depuis le début du mois de mars, nous en sommes à 230 demandes de report ou d'annulation gérées par la centrale de réservation. Cela représente 27 % de volumes d'affaires en moins soit environ 1 000 euros de moins par hébergement », explique Dominique Legrand, directrice de Gîtes de France dans le Rhône également en charge du réseau Bienvenue à la Ferme dans le département. Loin de se limiter aux séjours touristiques, l'agritourisme regroupe aussi de l'événementiel, des activités de restauration et des fermes pédagogiques aujourd'hui à l'arrêt. « En 2019, le réseau Bienvenue à la Ferme a permis à plus de 25 000 enfants de découvrir le savoir-faire agricole du département du Rhône. Même si l'école pourrait
reprendre dans quelques semaines, il n'y aura probablement pas de sorties scolaires avant la prochaine rentrée, ce qui représente une grosse baisse d'activité pour bon nombre d'agriculteurs », ajoute Dominique Legrand.

Un plan de relance pour le tourisme

Empêchés d'accueillir des touristes sur leur exploitation, de nombreux agriculteurs demandent aujourd'hui le soutien des pouvoirs publics. Dans un premier temps, ils devraient tous pouvoir disposer d'une prime de 1 500 euros accordée par l'État aux petites entreprises. De son côté, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a mis en place un fonds d'aide à destination des entreprises de moins de dix salariés ayant perdu au moins 20 % de leur chiffre d'affaires. Censé aider au remboursement d'emprunts ayant été souscrits pour des investissements, ce fonds devrait permettre à chaque acteur de toucher 5 000 euros. Encore en cours de construction, il devrait s'intégrer dans un grand plan de relance du tourisme régional sur dix-huit mois. « Ce plan est chiffré entre 5 et 9 millions d'euros. Nous avons défini trois objectifs : relancer l'activité touristique, promouvoir un tourisme bienveillant dans lequel l'agritourisme aura un rôle stratégique à jouer et poursuivre des actions de fond dans l'ingénierie touristique », explique Lionel Flasseur d'Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, appelant à une relance progressive et surtout collaborative entre les acteurs du secteur touristique.

Pierre Garcia

(1) A l'heure où nous bouclons, le Premier ministre Edouard Philippe vient d'annoncer la réouverture des entreprises et des commerces à partir du 11 mai. En revanche, la mobilité reste conditionnée à des motifs impérieux (famille, travail).